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63rd IFLA General Conference - Conference Programme and Proceedings - August 31- September 5, 1997

Les statistiques traditionnelles peuvent-elles rendre compte des documents et services electroniques?

Aase Lindahl
Bibliothèque de l'Université d'Odense
Danemark


ABSTRACT

Les documents et services électroniques se développent dans la plupart des bibliothèques. Les statistiques traditionnelles, basées sur la norme internationale ISO 2789 : 1991, Information et documentation - Statistiques internationales de bibliothèques, ne s'appliquent pas explicitement aux activités des bibliothèques relatives aux documents électroniques. Cette communication présente quelques propositions destinées à rendre compte des documents et services électroniques dans le cadre conceptuel des statistiques traditionnelles.


PAPER

INTRODUCTION

La norme internationale ISO 2789 : 1991, Information et documentation - Statistiques internationales de bibliothèques sert de base aux statistiques des bibliothèques du Danemark. Ainsi, les données recueillies sont en conformité avec la norme et ne vont au-delà de la norme que dans très peu de secteurs.

Les évolutions que connaît aujourd'hui le monde des bibliothèques et de l'information -nouveaux supports, nouveaux services, transformation des modes d'organisation des bibliothèques et diversification des acteurs- ont rendu nécessaire une refonte des statistiques de bibliothèque. La norme ISO 2789 : 1991 est en cours de révision, mais le travail de normalisation internationale prend du temps et les bibliothèques danoises ont si fortement ressenti le besoin de mettre à jour leurs statistiques de bibliothèques qu'un groupe de travail présidé par la Direction des bibliothèques du Danemark (Danish National Library Authority ) proposa en 1996 d'élargir les statistiques nationales de bibliothèques en attendant qu'une nouvelle norme ISO puisse être approuvée. Les bibliothèques voulaient avoir les moyens de rendre compte des activités qui n'étaient pas mentionnées dans la norme ISO 2789 : 1991. D'un autre côté, il était important de garantir la possibilité pour le Danemark de continuer à satisfaire aux obligations créées par le normalisation internationale.

Les documents et services électroniques formaient l'un des principaux centres d'intérêt du groupe de travail. Ce sont les suggestions émises par le groupe de travail dans ce domaine qui sont présentées ici.

DELIMITATION DU CHAMP DE TRAVAIL

Les limites théoriques du travail étaient donc posées : il fallait éviter toute interférence gênante entre une nouvelle donnée à recueillir et les schémas habituels des statistiques nationales, conformes aux accords internationaux. Cela impliquait la nécessité de pouvoir identifier tout nouveau document ou service,

Pendant les travaux a été soulignée la nécessité d'utiliser systématiquement le même langage que la norme ISO 2789 : 1991. Cela implique :

L'intérêt s'est principalement porté sur les statistiques d'utilisation des documents et services électroniques. Les sujets à considérer à cet égard sont :

LES DOCUMENTS ELECTRONIQUES

Du point de vue statistique, les documents électroniques peuvent être considérés de multiples manières. La présente communication s'intéresse principalement à l'utilisation qui est faite des documents ; c'est pourquoi ne sera pas abordée ici la question problématique de la "taille" des collections de documents électroniques.

Comme les statistiques rendant compte de l'utilisation des services de bibliothèque se rapportent fondamentalement à des bibliothèques considérées individuellement, il est intéressant de se demander où faire passer la frontière entre les collections de documents électroniques de telle bibliothèque et les documents électroniques qui ne font pas partie des collections de la bibliothèque en question. Avec les documents traditionnels, cette frontière en principe n'est pas difficile à distinguer. Mais en matière de documents électroniques, la notion de "propriété" a besoin d'être redéfinie puisque la "présence physique" des documents n'est plus le critère pertinent.

Si vous avez acheté un CD-ROM sans restriction de droits, la question de la propriété ne se pose pas : le problème est tout à fait comparable à celui d'un document imprimé. Mais si vous avez acheté le droit d'accéder temporairement à un journal électronique, vous n'êtes qu'un des nombreux clients ayant le droit de disposer de l'unité "physique". Toutefois, même dans ce cas il est possible de trouver un équivalent dans la situation d'une bibliothèque traditionnelle, puisqu'il existe des formes de partenariat dans la constitution des collections.

La proposition du groupe de travail est donc que les collections de documents électroniques d'une bibliothèque incluent :

Le but poursuivi est de pouvoir identifier les documents pour lesquels la bibliothèque joue un rôle en matière de droit d'accès. Cette proposition contient volontairement un fort parallèle avec la conception traditionnelle des collections de bibliothèques.

LES DIFFERENTS TYPES DE DOCUMENTS ELECTRONIQUES

Il existe des catégories fort variées de documents électroniques (statiques, dynamiques, etc.). En ce qui concerne l'expression statistique de l'utilisation qui est faite des documents, une seule distinction présente de l'intérêt : le catalogue (OPAC) de la bibliothèque doit être distingué des autres documents électroniques auxquels la bibliothèque propose l'accès. Sont également inclus dans cette catégorie les catalogues collectifs contenant des données du catalogue de la bibliothèque.

Cette proposition peut être considérée comme un raccourci ; le résultat théorique est le suivant : s'agissant d'énoncés statistiques sur l'utilisation des documents, la définition pertinente d'un document électronique est "toute espèce de données auxquelles une bibliothèque donne accès". La manière dont ces données sont organisées ou stockées n'a pas d'intérêt dans cette façon d'aborder le problème. L'essentiel est de compter seulement ce qui doit être compté selon les directives de la norme ISO 2789 : 1991.

L'UTILISATION DES DOCUMENTS ELECTRONIQUES

L'utilisation des documents électroniques est, dans certaines circonstances, comparable à l'utilisation des documents traditionnels. Par exemple, le prêt à domicile d'un CD-ROM ou l'impression sur papier d'un document électronique peuvent, à des fins statistiques, être comparés au prêt d'un livre ou à une photocopie faite à partir d'un journal, même si les situations ne sont pas identiques du point de vue du droit d'auteur !

La norme ISO 2789 / 1991 ne distingue que peu de types d'utilisation des services de bibliothèques :

L'utilisation des documents électroniques dans une bibliothèque donnée peut être représentée selon le schéma ci-dessous, si l'on garde en mémoire les limites posées plus haut en ce qui concerne les collections de la bibliothèque et les différents types de documents électroniques.

	        Utilisateurs finals (prêt à domicile)	   Sources extérieures d’information
	        dans la bibliothèque  Accès à distance     Bibliothèques      Autres sources

Sortie papier   prêt à domicile       prêt à domicile      prêt entre         prêt à domicile
Déchargement de                                            bibliothèques
données
Transmission de
fichiers

Consultation    consultation sur 			
seulement       place

En théorie, il est possible de compter les prêts à domicile et les prêts entre bibliothèques. Si c'est le personnel qui exécute les opérations d'impression sur papier/déchargement de données/transmission de fichiers, le recueil des données est très comparable au fait de compter les photocopies faites pour le public dans une bibliothèque traditionnelle ; le problème qui consiste à identifier "une unité" [an item] dans un environnement électronique peut être différent, mais pas nécessairement plus complexe que le comptage des photocopies. Si les usagers se servent eux-mêmes, on se trouve également dans des situations similaires aux photocopies en self-service - à cette seule différence près que le logiciel peut offrir des facilités pour rendre compte de l'utilisation des documents électroniques.

La consultation de documents électroniques à l'intérieur de la bibliothèque peut se comparer à la lecture d'un livre ou d'une revue dans une zone de libre-accès. La consultation à distance des documents électroniques d'une bibliothèque n'a pas d'équivalent immédiat ; mais elle peut être assimilée à, et comptée comme des prêts à domicile ou des prêts entre bibliothèques, si le logiciel utilisé permet d'obtenir des données d'utilisation du service.

La norme ISO 2789 : 1991 inclut également des statistiques sur les services de prêt entre bibliothèques. S'agissant de documents électroniques, la situation peut être décrite comme suit, si l'on garde en mémoire les limites posées plus haut en ce qui concerne les collections de la bibliothèque et les différents types de documents électroniques.

	                     Sources extérieures d’information
	                     Bibliothèques       Accès sources 
                                                 d’information

Sortie papier                prêt entre          Autres cas de
Déchargement de données      bibliothèques       fourniture immédiate
Transmission de fichiers	  	         de documents 

Consultation seulement       non comptabilisé    non comptablilisé

Il y a de nouveau un parallèle remarquable avec les statistiques courantes relatives aux documents traditionnels. Ce qui devient plus manifeste, lorsqu'il s'agit de documents électroniques, ce sont les situations où une bibliothèque ne fournit pas les documents demandés à partir des collections d'autres bibliothèques mais remplit sa mission en ayant recours à d'autres sources d'information. Cette activité ne peut être décrite à l'aide du langage de la norme ISO 2789 : 1991, ni pour les documents traditionnels, ni pour les documents électroniques.

La consultation de documents électroniques faisant partie de collections extérieures à la bibliothèque est considérée comme une action exécutée dans l'environnement physique de la bibliothèque concernée. Cette situation peut être comparée à celle où un usager se rend à la bibliothèque et y lit un livre qu'il s'est procuré ailleurs : les statistiques traditionnelles ne peuvent en rendre compte. Mais cela ne veut pas dire que les statistiques futures ne fourniront pas des schémas permettant de décrire cette activité.

CONCLUSION

L'objectif du groupe de travail danois était d'examiner s'il était possible de rendre compte des documents et services électroniques au moyen des statistiques traditionnelles. La base était la norme ISO 2789 : 1991 et les résultats peuvent être résumés brièvement. La description des services de bibliothèques dans le cadre des statistiques traditionnelles peut être étendue sans trop de problèmes à des services impliquant des documents électroniques. Il y a toutefois des problèmes en ce qui concerne l'aptitude des bibliothèques à fournir des informations pertinentes et fiables sur ces activités. Ces problèmes proviennent principalement du nombre limité de services de bibliothèques définis dans les statistiques traditionnelles et de la pauvreté des méthodes permettant de recueillir les données statistiques exigées.

Traduit de l’anglais par Michel Netzer
Comité permanent de la section des statistiques de l’IFLA
Août 1997