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63rd IFLA General Conference - Conference Programme and Proceedings - August 31- September 5, 1997

Le rôle des bibliothèques d'art dans la formation et d'information des jeunes artistes. Le traitement de 1’actualité.

Projet de communication au Congrès de I'IFLA 97.
Section des Bibliothèques d’art

Jean Paul Oddos
Conservateur en chef
Documentation du Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle
Centre Georges Pompidou


CONTENU

Les bibliothèques et les centres de documentation des Musées dart moderne ou contemporain sont de plus en plus sollicités par un public extérieur à l'institution qui les accueille. Mais ce public est très largement un public d'étudiants, en arts plastiques, en design, en photographic, en architecture,... selon les orientations du Musée et de sa bibliothèque. C'est particulièrement vrai en France où les bibliothèques universitaires sont assez pauvres en regard du nombre d'étudiants à accueillir. On peut se réjouir de voir se former dans les bibliothéques des Musées une partie des futurs artistes. Cependant cette fréquentation massive (85% par exemple au MNAM-CCI) pèse sur la politique documentaire de la bibliothèque et elle oriente le fonds vers une collection historique et de référence, en souten au cursus universitaire de ces étudiants. Cette tendance très forte risque de fragiliser encore plus les liens assez ténus qui relient la bibliothéque ou le centre de documentation avec les artistes en activité, les plus jeunes notamment. Pour pouvoir recevoir de ceux-ci des informations, de la documentation, des témoignages, des archives, ... les bibliothéques doivent pourtant être capables de proposer aux artistes et concepteurs un certain nombre de services. Il semble que les services les plus appréciés pourraient tourner autour de la gestion de I'actualité: actualité des manifestations, de la critique, des publications, des expositions, des oeuvres, des acquisitions des Musées, ... à travers les matériaux que reçoit ou collecte la bibliothèque: revues, dépliants, cartons, reportages photos, dossier de presse, catalogues d'expo, .... Un tel service demande des compétences précises, des outils adaptés (gestion électronique de document en particulier), des espaces, un réseau d'utilisateurs et de partenaires. A partir de ce service, les artistes pourraient être amenés à utiliser d'autres ressources de la bibliothéque et à établir des relations plus régulières avec elle.

Ce projet est une des composantes de la ré-organisation de la Documentation du MNAM-CCI.


PAPIER

Introduction

La communication qui suit s'appuie largement sur l'expérience du Centre de documentation d'un Musée, le Musée national d'art moderne, abrité, comme beaucoup le savent, par le Centre G. Pompidou. Cette expérience est donc celle d'un trés grand Musée au sein d'une institution prestigieuse recevant des millions de visiteurs par an. Ceci est-il une chance ou au contraire un handicap pour la relation artistes / bibliothèque? Nous allons le regarder de plus près. Il faut rappeler d’abord que ce Centre de documentation est né au coeur du Musée, d'abord comme un outil de travail des conservateurs, leur permettant de mieux connaitre la collection d'oeuvres, de préparer des acquisitions, de monter des projets d'exposition ou tout simplement s'informer sur la vie artistique en France comme à l’étranger. Cette bibliothéque est rapidement devenu un lieu de mémoire des diverses activités du Musée, un lieu de collecte de toutes les publications destinées aux conservateurs on an Musée, un lieu de conservation d'archives d'artistes importants (comme V. Kandinsky), de galeries, d'historiens d'art, de photographes, etc. Ces ressources exceptionnelles ont été mises à la disposition de chercheurs appartenant à l'institution ou proches d'elle; puis de chercheurs de I'Université et, naturellement, de leurs étudiants apprentis-chercheurs. De proche en proche, cette bibliothèque s'est ouverte vers l'extérieur et elle s'est de plus en plus adaptée à ce public extérieur. On le voit à de nombreux signes: le recrutement d'un conservateur de bibliothèque, succédant à la direction du service, à de nombreux conservateurs de Musée, I'informatisation du catalogue avec la mise en place d’un OPAC, la création d'une << cellule >> Services aux publics, la creation d'une carte de lecteur, la publication d'un Guide du lecteur, etc.

De façon plus profonde, cette ouverture à un public étudiant s'est traduit par une politique documentaire plus construite, essayant d'equilibrer des objectifs d'étude, de référence (en particulier une bibliothèque en libre-accès offrant des milliers d'ouvrages de référence) et des objectifs de constitution de collection. d'acquisitions. retrospective complétant des fonds spécialisés. Les chiffres sont aujourd 'hui parlant: 85% du public extérieur ( 3600 lecteurs réguliers, quelques centaines de lecteurs occasionnels) sont des étudiants en dernier cycle d’étude. Ils (elles) sont cent à 150 chaque après-midi dans la salle de lecture. Le public interne ( 50 conservateurs, une centaine de stagiaires, vacataires, ... ) dispose d’un peu d'espace et de liberté (l'accés aux magasins on particulier) le matin, mais doit partager, l’après-midi, les règles et contraintes imposées au public << externe >>. Dans le << combat >> permanent que se livrent conservateurs et étudiants pour l'espace, le silence, la disponibilité des documents, le temps et la << faveur >> des documentalistes, il est un public plus silencieux, un public fantôme, celui des artistes ou créateurs, architectes, peintres, sculpteurs, designers, photographes, vidéastes, ... Voilà le paradoxe d'un Musée qui se doit de montrer ce que fut la création moderne et de présenter celle d’aujourd’hui: des artistes peuvent voir dans le Musée un lieu d'évaluation de leurs oeuvres, de monstration et de promotion, un lieu d'acquisition et de conversation ... mais pas un lieu de ressources organisées, mettant à leur disposition les informations qu’ls peuvent souhaiter.

Bien sûr, on peut répondre que parmi ces étudiants fréquentant l'université, les écoles, se trouveront les créateurs de demain. Mais c'est oublier que la << formation >> d'un artiste ne se limite pas à un enseignement << académique>> et au temps de la formation initiale. Un créateur n'est pas un chercheur universitaire, mais son << métier >> exige une large curiosité et des ressources d'informations très large. L'ouverture d'un Musée sur 1' >> art en train de se faire >> exige donc une réflexion sur le fait qu'une bibliothèque d'art n'est pas ou très peu, aujourd’hui, une bibliothéque pour les artistes. En partant des besoins que peuvent exprimer ces artistes, les plus jeunes en particulier, nous allons essayer de proposer quelques pistes à la réflexion commune.

Plan:

Pour un artiste ou un createur, la bibliothèque du Mussée peut être:

En conclusion, nous verrons quelle évolution de la relation artiste / musée on peut attendre de ces services ou moyens mise en oeuvre.