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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 013-118-F
Division Number: VII.
Professional Group: Editors of Library Journals
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 118.
Simultaneous Interpretation:   No

Questions Critiques Concernant les Périodiques de Bibliothéconomie et des Sciences de l'Information : Le Point de Vue d'une Maison d'Édition

Linda Hajdukiewicz
Bowker-Saur,
London, United Kingdom


Résumé :

L'auteur discute des cinq questions critiques (imprimé versus électronique; abonnés; contrôle de la qualité; droit d'auteur et coût) auxquelles les maisons d'édition sont confrontées à une époque où la technologie et les attentes des usagers changent rapidement. D'abord, le dilemme de l'imprimé versus l'électronique; comment publier électroniquement et combien de temps maintenir une version imprimée? L'auteur décrit les avantages pour un auteur de publier dans un périodique reconnu, de qualité, plutôt que de publier personnellement, avec les risques que cela comporte de ne pas rejoindre le bon lectorat et de ne pas subir le même contrôle de qualité. Par ailleurs, étant donné le taux élevé d'annulation des abonnements, les maisons d'édition doivent connaître leurs abonnés et répondre à leurs besoins. La livraison électronique des documents peut permettre l'identification de nouveaux clients, ainsi que des traces de l'utilisation faite des périodiques. Le contrôle de la qualité exige des normes rigoureuses de sélection, la révision et l'édition des textes par les pairs; des statistiques sont fournies pour illustrer l'importance de maintenir ces normes. Ensuite, l'auteur présente les inquiétudes des auteurs à céder aux maisons d'édition leurs droits pour l'édition électronique, ainsi que les avantages qui en découlent, tel qu'un prestige accru grâce à une plus large distribution. Finalement, l'auteur discute le coût des abonnements, les possibilités qu'offre le paiement à la consultation et l'impact adverse possible de cette nouvelle pratique sur la base des abonnés courants ou à l'inverse, l'élargissement de la base des lecteurs.


Paper

Je discuterai des questions critiques que j'entrevois pour les maisons d'édition, de mon propre point de vue. Il est évident que je présenterai mes propres inquiétudes, mais nombre de mes préoccupations risquent d'être valables pour plusieurs autres maisons d'édition.

Je suis éditeur chez Bowker-Saur, un chef de file dans l'édition de périodiques de bibliothéconomie et des sciences de l'information. Je suis responsable de trois périodiques principaux, Journal of Librarianship and Information Science, Journal of Information Science et Information Development; un bulletin de nouvelles, Information Management Report; deux périodiques secondaires, Library and Information Science Abstracts et Current Research in Library and Information Science; de notre web pour la communauté des professionnels de l'information, Bowker Information Professionals' Exchange; et de l'édition de 10 à 20 livres par année, incluant notre réputée revue annuelle Librarianship and Information Work Worldwide.

Comme je le vois, il y a cinq questions critiques auxquelles sont confrontées les maisons d'édition ces temps-ci.

  1. Le dilemme de l'imprimé versus l'électronique. Comment publier électroniquement? combien de temps maintenir la version imprimée?

  2. La dimension de l'abonné. La réduction de la base des abonnés, comment retenir les abonnés courants, comment attirer de nouveaux abonnés.

  3. Le maintien des normes de qualité. Comment assurer la qualité, comment équilibrer les attentes du lectorat qui est à la fois national et international.

  4. Droit d'auteur. Les exigences des maisons d'édition dans le nouvel environnement de l'édition électronique.

  5. Coût. Les coûts des abonnements et les possibilités de la facturation pour l'utilisation sur demande, à la pièce.

1. LE DILEMME DE L'IMPRIMÉ VERSUS L'ÉLECTRONIQUE

La migration de l'imprimé à livraison électronique exclusivement s'est accélérée au cours des dernières années. Le périodique, tel qu'il existe, depuis plus de 300 ans, a rapidement vieilli. Au cours des 20 dernières années, la situation a sans doute changé davantage qu'au cours de toute autre période. La livraison électronique des périodiques est annoncée depuis des décennies, mais ce n'est qu'au début des années '90 que les périodiques électroniques sont vraiment apparus, suite à l'arrivée de plates-formes universelles pour l'affichage des textes. De fait, la disponibilité de la version électronique de périodiques imprimés a tellement prise de l'ampleur que c'est devenu la norme, plutôt que l'exception.

Les maisons d'édition ne peuvent plus ignorer l'inévitable transition vers la livraison électronique. Dans le domaine de la bibliothéconomie et des sciences de l'information, où les attentes des clients sont élevées et à l'avant-garde, la version électronique n'est pas seulement demandée, mais elle exigée, prise pour acquise. Bien que les maisons d'édition déploient des efforts pour devancer les attentes des lecteurs, tout spécialement dans un domaine comme le nôtre, où le lectorat est composé de chercheurs, à la fine pointe des connaissances, il est difficile, pour ne pas dire quasi impossible, de dépasser les attentes et de livrer les services attendus dans un environnement commercial.

Plusieurs maisons d'édition prédisent que les coûts de production d'un périodique imprimé, ainsi que tous les coûts associés, pourront être éliminés avec l'avènement du périodique électronique. A l'heure actuelle, il existe déjà bon nombre de périodiques publiés exclusivement en version électronique, mais je ne connais aucun périodique imprimé qui a abandonné la version papier à la faveur exclusive de la version électronique. Selon moi, la version imprimée des périodiques ne pourra être éliminée que si :

Une des questions clés qui inquiètent les maisons d'édition dans le processus de migration vers un environnement totalement électronique est la perception que les auteurs pourraient avoir de ne plus avoir besoin des éditeurs et de passer à un mode de publications personnelles sur leur site web ou sur celui de leur institution. Cependant, je ne crois pas que cette tendance va se concrétiser, pour diverses raisons. D'abord, parce que les éditeurs peuvent garantir aux publications une qualité que les auteurs eux-mêmes ne peuvent pas fournir. Si les articles sont publiés par l'auteur lui-même, il n'y aura pas pas d'arbritage, ou l'impartialité de l'arbitrage sera contestable, la permanence de la référence sera perdue et l'exactitude des publications ne sera plus vérifiée. Ceci entraînera nécessairement une baisse de la qualité des normes en vigueur, au fur et à mesure que des procédures moins rigoureuses d'édition seront appliquées. De plus, le filtrage des articles exercé par les éditeurs ne se fera plus au fur et à mesure que les auteurs publieront eux-mêmes leurs articles. Si les auteurs publient eux-mêmes de plus en plus leurs articles, alors aucun filtrage ne sera exercé et tous les articles, peu importe leur qualité, apparaîtront sur le web, sans discrimination de qualité, et plus de temps sera alors requis par le lectorat pour trouver les articles valables et éliminer ceux de moins bonne qualité ou pertinence.

Une autre question est de localiser les articles dans un premier temps. Les éditeurs ont comme mission de regrouper ensemble dans un numéro de périodique ou une mise à jour d'un site web un ensemble d'articles de qualité garantie et le lectorat sait qu'il retrouve dans un périodique donné des articles valables. Si les auteurs assurent leurs propres publications, il leur est difficile d'en assurer la diffusion et il est tout aussi difficile pour les lecteurs de retracer les articles ainsi publiés. Une des grandes forces des maisons d'édition, a toujours été, et est encore, de trouver les canaux de diffusion pour atteindre le marché. Sans les maisons d'édition, la diffusion des articles risque d'être limitée. Aussi, un système qui se passerait des maisons d'édition, engendrerait une situation où un groupe de spécialistes trouveraient des articles pointus dans leurs domaines de spécialisation, mais ne bénéficieraient plus des articles connexes trouvés au hasard de lectures ou de bouquinage dans un périodique. Dans un contexte d'édition par les auteurs eux-mêmes, le chercheur devra savoir précisément ce qu'il veut et surtout savoir si ce qu'il veut existe et où le trouver.

2. LA DIMENSION DE L'ABONNÉ

Il y a eu une tendance à la baisse du nombre d'abonnés pour un titre donné au cours des dernières années, année après année. Ce déclin constant peut être attribué, j'imagine, à un certain nombre de facteurs, dont, non le moindre, la diminution des budgets d'acquisition des bibliothèques. Les maisons d'édition ont toujours eu comme souci de répondre adéquatement aux besoins des usagers afin de maintenir leur base de clients, bien qu'il leur ait toujours été difficile de connaître le point de vue des lecteurs. Cela s'explique par diverses raisons. D'abord, de savoir qui sont nos véritables lecteurs n'est pas chose simple. Les agents de distribution ont souvent été réticents à divulguer aux maisons d'édition des informations sur leurs abonnés; la résultante est qu'une maison d'édition sait seulement qu'il y a 50 abonnements qui sont pris pour un titre donné, auprès de l'agence X, mais non pas qui sont ces abonnés, ni de quel genre d'institution ils proviennent. Lorsqu'une maison d'édition finit par connaître qui sont ses abonnés, elle doit alors tenter de convaincre ceux-ci de partager avec elle leur point de vue. Pour ma part, je n'ai jamais réussi à communiquer de façon structurée avec mes lecteurs, bien que les titres que j'édite soient dans le domaine même des sciences de l'information, contrairement aux revues populaires qui ont leur "Lettre à l'éditeur". Par conséquence, plusieurs maisons d'édition ont eu recours à des techniques de recherche de marché, tels que des sondages, mais le taux de réponse à ces sondages est généralement faible. C'est pour cette raison que les maisons d'édition sont attirées par l'idée de pouvoir enfin savoir ce que leurs clients utilisent par le biais de la livraison électronique des périodiques et des logiciels qui permettent d'en conserver une trace.

3. CONTRÔLE DE LA QUALITÉ

Dans la course pour conserver sa base de clientèle, une maison d'édition est toujours préoccupée par le maintien et l'amélioration de la qualité de ce qu'elle publie. Plusieurs éditeurs comprennent, tout comme moi, que la valeur intrinsèque d'une maison d'édition réside dans l'exercice rigoureux du contrôle de la qualité. La sélection des meilleurs articles et le rejet de ceux qui ne sont pas à la hauteur des normes de qualité sont les pré-requis à la production d'un titre de périodique de haut calibre. Quelques statistiques provenant de la publication de notre titre principal Journal of Librarianship and Information Science (JOLIS) , illustrent les normes de qualité imposées. Du nombre total d'articles soumis en 1996 pour ce périodique, plus de 47% ont été rejetés ou référés ailleurs; seulement 53% ont été acceptés. Des 53% acceptés, 29% ont été publiés tels quels, 41% ont été légèrement modifiés avant d'être publiés, 24% ont subi une édition majeure et 6% ont été soumis à nouveau après une réécriture complète. Ces données parlent par elles-mêmes : globalement, seulement 29% des articles acceptés (ou 16% des articles soumis) sont considérés de qualité acceptable pour être publiés sans retouches. Comme je l'ai déjà mentionné, c'est l'application de ces normes de qualité qui font que le rôle d'une maison d'édition est unique; par conséquent, le maintien de ces normes de qualité est extrêmement important.

Les maisons d'édition doivent également réconcilier les attentes divergeantes de divers groupes d'abonnés. Par exemple, des titres comme JOLIS sont lus par un lectorat international, et doivent par conséquent présenter un équilibre entre des articles à contenu britannique et des articles d'intérêt international. Ceci est considéré lorsque le contenu de chaque numéro est arrêté, afin de répondre aux besoins des lecteurs.

4. DROIT D'AUTEUR

Puisque le nombre de formats pour la publication des titres va en augmentant, les maisons d'édition exigent des auteurs qu'ils cèdent leurs droits pour la publication de la version électronique. Cette pratique a pour but de permettre aux maisons d'édition de publier de multiples façons le même article et de le diffuser le plus largement possible. Certains auteurs craignent que cette pratique donnent le droit aux maisons d'édition d'exploiter leurs oeuvres, sans que les auteurs en tirent de bénéfices. Cet argument est partiellement vrai, mais il ne tient pas compte de ce qu'un auteur tire d'un tel arrangement, à savoir, une diffusion de plus en plus grande de ses écrits, ce qui a pour effet d'accroître son prestige.

5. COÛT

Maintenant que de plus en plus de titres sont publiés électroniquement, il existe la possibilité d'offrir aux lecteurs de payer à la consultation. Ceci représente un dilemme pour les maisons d'édition - continuer avec la seule pratique de facturer pour un abonnement, ou combiner abonnement et paiement à la pièce. Les maisons d'édition doivent considérer que certains abonnements seront annulés dans les cas où un lecteur utilise que très peu d'articles d'un périodique donné. Cependant, la plupart des maisons d'édition croient que les clients qui paient à l'utilisation (à la pièce) ne se seraient pas abonnés au titre en question de toute façon, et par conséquent, cette nouvelle façon de facturer permet d'élargir la base des clients, contrebalançant ainsi la perte des abonnements. Il y a cependant quelques questions secondaires. La première est comment attirer les clients qui ne connaissent pas un périodique et qui sont peut-être indirectement intéressés par le périodique? La seconde, est qu'est-ce qu'il adviendra des services de livraison des documents si les maisons d'édition offrent ce service directement aux lecteurs? Nous trouverons les réponses à ces deux questions au fur et à mesure que le modèle de livraison directe aux lecteurs se développera.

CONCLUSION

J'ai tenté de présenter dans cet article ce que je crois être les questions clés qui préoccupent les maisons d'édition de périodiques académiques. Nous atteignons un moment critique dans l'histoire de l'édition de périodiques électroniques, et il y a des menaces à l'existence même des éditeurs de périodiques dans cet ère de l'édition électronique. Cependant, je demeure confiante que tant et aussi longtemps que les maisons d'édition assumeront leur rôle de contrôle de la qualité, l'avenir des maisons d'édition de périodiques académiques sera prometteur. Ceux qui prédisent la fin de l'édition de périodiques dans les prochaines décennies se trompent, je crois.


Traduit par : Diane Polnicky, Université du Québec à Montréal, Québec, Canada
Texte préparé sur poste Mac, avec Microsoft Word 6.0.1