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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 089-97-F
Division Number: VI.
Professional Group: Management of Library Associations
Joint Meeting with: Co-sponsored by the Dutch Librarians Association
Meeting Number: 97.
Simultaneous Interpretation:   Yes

LIASA : La Naissance et le Développement de la Nouvelle Association de Bibliothèque de l'Afrique du Sud

Peter Johan Lor
State Library Pretoria
Pretoria, South Africa


RESUME:

L'Association de Bibliothèque et d'Information d'Afrique du Sud (Library and Information Association of South Africa - LIASA) a été fondée en juillet 1997 à la suite d'un long processus de consultation orienté vers la création d'un organisme d'unification des travailleurs de bibliothèque et d'information d'Afrique du Sud, qui ont commencé les années 90 divisés selon des classes politiques, raciales et de spécialisation. Cet article fournit une vue d'ensemble de l'arrière-plan du processus et souligne les étapes clés : la Conférence sur les services de bibliothèque et d'information dans le développement de l'Afrique du Sud (Library and Information Services in Developing South Africa - LISDESA) de janvier 1995, le Comité Directeur pour l'unification des parties prenantes de bibliothèque et d'information (Unification of Library and Information Stakeholders - ULIS), la Conférence ULIS de juillet 1996, la deuxième phase du processus ULIS (ULIS-2) et la Conférence constituante de juillet 1997. Les progrès de LIASA depuis juillet 1997 sont esquissés, avec un accent placé sur les négociations avec les autres associations de bibliothèque, le recrutement des membres et les interventions pour combattre la détérioration des services de bibliothèque qui a lieu actuellement en Afrique du Sud.


Paper

Introduction

L'expression « gestion du changement » implique en général une transformation dans des organisations établies de longue date. L'Association de Bibliothèque et d'Information d'Afrique du Sud (LIASA) ne satisfait pas à cette définition, car elle a été fondée le 10 juillet 1997, il y a un peu plus d'un an. Mais LIASA désire être une association moderne, dans le sens d'être pertinente dans un environnement qui évolue rapidement, et le processus qui a donné naissance à LIASA concerne sans doute un changement - le type de changement à grande portée, désorientant et parfois traumatique qui est appelé « transformation ». J'espère donc contribuer à cette session sur la Gestion du changement dans les associations de bibliothèque modernes en partageant avec vous certaines de nos expériences concernant le processus de transformation qui a donné naissance à LIASA. C'est un processus qui continue encore aujourd'hui.

Arrière-plan

La première association de bibliothèque d'Afrique du Sud, l'Association de Bibliothèque d'Afrique du Sud (South African Library Association - SALA), a été établie en 1930. Des obstacles bureaucratiques, la Dépression et la Deuxième Guerre Mondiale ont ralenti le développement des bibliothèques, mais dès le début des années 60, les bibliothécaires d'Afrique du Sud ont eu l'expertise et la confiance en soi nécessaires pour élaborer un projet ambitieux pour le développement d'un système moderne de services de bibliothèque et d'information. Ironiquement, le jour suivant l'adoption par une conférence nationale spéciale du Programme de développement futur des bibliothèques (Programme…1963), SALA prit la décision de limiter l'adhésion aux blancs et de créer des associations de bibliothèque séparées pour les « Bantous », les « Métis » et les « Indiens » (Taylor 1975). Quelque chose de terrible s'était produit.

Il n'est pas possible d'expliquer ici ce qui s'est passé, ou pourquoi et comment les choses se sont déroulées ensuite (Lor 1996). Je dois plutôt passer à 1990, l'année du fameux discours du Président F.W. de Klerk. Cette année-là, de nouvelles perspectives se sont manifestées en Afrique du Sud. Les bibliothécaires eux aussi ont accusé les nouveaux défits. Toutefois, le mois de juillet 1990 trouva les travailleurs de bibliothèque et d'information d'Afrique du Sud divisés politiquement et racialement en trois associations de bibliothèque à champ d'action national, lesquelles, au risque d'une simplification excessive, pouvaient être caractérisées comme suit :

SAILIS, l'association qui était de loin la plus grande, était un organisme bien dirigé de « l'établissement » avec des membres en majorité (mais pas exclusivement) blancs et professionnels. SAILIS était le successeur de SALA qui avait été dissoute en 1980 pour lui céder la place.
ALASA, une association plus petite avec un effectif inclusif (professionnel et non professionnel) mais surtout noir et un accent fort placé sur les services pour la communauté noire. ALASA était la seule survivante des trois associations de bibliothèque ségréguées qui avaient été établies dans les années 60 à la suite de la décision désastreuse de SALA.

LIWO, fondée en juillet 1990 « pour fournir un centre idéologique et organisationnel aux travailleurs progressifs de bibliothèque et d'information » (Wyley 1993). Elle se décrivait elle-même comme une « organisation indépendante et activiste engagée dans la transformation sociale » (position de LIWO…1996). C'était l'association la plus petite des trois, avec un effectif multiracial inclusif comprenant de nombreux travailleurs des centres de ressource.

En plus des associations nationales, dès 1990 un grand nombre de groupes régionaux et spécialisés avaient été créés, pour les bibliothécaires professeurs, les bibliothécaires publics, les bibliothécaires juridiques, les bibliothécaires médicaux, les chercheurs en ligne, les bibliothécaires de série et d'autres groupes. Certains avaient un champ d'action national, tandis que d'autres n'opéraient que dans certains centres importants. Une minorité seulement de travailleurs des bibliothèques et des centres d'information d'Afrique du Sud appartenait à une ou plusieurs de ces associations. Au milieu de cette polarisation et de cette fragmentation, qui pouvait parler avec autorité au nom des bibliothécaires, des bibliothèques et de leurs clients ?

Mouvements vers le dialogue

Les bibliothécaires réalisèrent bientôt qu'ils devraient se grouper et promouvoir leurs services dans les nombreux forums et centres de décision politiques qui se formaient en préparation du transfert de pouvoir anticipé vers un gouvernement élu démocratiquement. L'un des résultats de cette prise de conscience renforcée fut une conférence sur les Services de bibliothèque et d'information dans le développement de l'Afrique du Sud (LISDESA), organisée conjointement par SAILIS et ALASA à la suite d'un long processus de développement de confiance entre ces dernières. La Conférence LISDESA eut lieu à Durban en janvier 1995. Non seulement les membres d'ALASA et de SAILIS participèrent, mais aussi un petit contingent non officiel de membres de LIWO ainsi que de nombreux bibliothécaires et travailleurs de centres d'information qui n'étaient membres d'aucune de ces organisations. L'objet de LISDESA fut surtout de débattre le rôle que LIS pouvait jouer dans le Programme de reconstruction et de développement du gouvernement. Toutefois, la désunion au sein du secteur LIS fut bientôt reconnue comme étant une « question brûlante » qui exigeait une attention urgente. Après un débat vigoureux, une résolution fut votée par une très grande majorité à la session plénière finale de la conférence, pour demander l'établissement d'un Comité Directeur représentatif pour l'Unification des parties prenantes de bibliothèque et d'information (ULIS). Le Comité Directeur ULIS fut charger d'organiser une conférence dans les 12 mois suivants au cours de laquelle une association de bibliothèque nationale serait formée, et de prendre diverses mesures de préparation (Syphus 1995).

Le processus ULIS

La description en détail du « processus ULIS » qui s'ensuivit prendrait trop de temps. Je vais simplement résumer ses phases principales.

Entre janvier 1995 et juillet 1996, le Comité Directeur ULIS - en dépit de revers tels que le retrait de LIWO en novembre 1995 (position de LIWO…1996 ; Stephenson 1996) - fit les préparatifs du processus. Il compila une base de données d'environ 6500 travailleurs de bibliothèques et de centres d'information, et conduisit un sondage d'opinion conçu professionnellement qui indiqua que les répondants (29,7 %) étaient, avec une très grande majorité (91,6 %), en faveur d'une seule association de bibliothèque. Et surtout, il organisa une conférence nationale, appelée la Conférence ULIS.

La Conférence ULIS eut lieu en juillet 1996 à Johannesburg. Plus de 250 personnes y participèrent, provenant de toute la gamme de travail de bibliothèque et d'information d'Afrique du Sud. Son format prévoyait des discussions de groupe qui permettaient aux délégués de parler franchement de leurs craintes et leurs soupçons, et du ressentiment et de la peine qui résultaient des attitudes racistes du passé. Après un long débat, la conférence adopta à l'unanimité une résolution officielle pour entreprendre un processus d'unification qui conduirait à la formation d'une nouvelle association de bibliothèque (Unification de bibliothèque…1996).

De juillet 1996 à juillet 1997, le Bureau Exécutif Intérimaire (Interim Executive Committee - IEC) élu à la Conférence ULIS, supporté par des groupes de support provinciaux, fut chargé de ce qui s'appela ULIS Phase 2 (ULIS-2). L'IEC conduisit un processus intensif au niveau national à partir duquel fut élaboré un projet de constitution. L'IEC communiqua également avec d'autres organisations dans le but de les engager le plus possible dans le processus d'unification. Au cours de leurs conférences annuelles respectives après la Conférence ULIS, SAILIS et ALASA décidèrent en principe d'être supprimées pour céder le pas à la nouvelle association de bibliothèque. Toutefois, LIWO décida de continuer en tant qu'association indépendante et resta en dehors du processus ULIS.

La Conférence constituante organisée par l'IEC ULIS-2 pour débattre et adopter la constitution de la nouvelle association et la lancer eut lieu à Pretoria du 8 au 10 juillet 1997. 450 personnes y participèrent. Comme pour les conférences précédentes, un grand nombre des participants avaient été sponsorisés pour rendre leur participation possible. Le format de la conférence avait été soigneusement planifié pour permettre un maximum de participation et d'interaction. Des sessions plénières et des discussions de groupe alternèrent et conduisirent à une troisième session plénière au cours de laquelle le projet de constitution fut présenté, des amendements furent proposés et débattus et chaque article de la constitution fut adopté - par consensus, plutôt que par vote. Le matin suivant, la constitution dans son ensemble fut l'objet d'un vote. Elle fut adoptée unanimement et avec enthousiasme à main levée. Ensuite, un vote final fut organisé pour le nom de la nouvelle association et les membres des groupes de support provinciaux (provincial support groups - PSG) et un Bureau Exécutif de Transition (Transitional Executive Committee - TEC) furent élus. La conférence conclut avec le lancement de la nouvelle association lors d'un déjeuner de fête donné pour tous les participants et plusieurs invités d'honneur. L'un de ceux-ci, Robert Wedgeworth, Président d'IFLA, annonça le résultat du vote concernant le nom de la nouvelle association. Le nom choisi fut l'Association de Bibliothèque et d'Information d'Afrique du Sud (LIASA). Les initiales LIASA se prononcent comme le mot Nguni « liyasa », qui veut dire « naissant » ou « commençant ». Elles possèdent une connotation positive et appropriée pour une nouvelle association qui est censée faire un nouveau départ.

Progrès depuis juillet 1997

Le TEC nouvellement élu est chargé de lancer LIASA. Nous voudrions la « céder » au premier Président et Conseil élus en tant que « question d'actualité » avant la fin de 1998. Les issues principales adressées par le TEC sont : (a) les négociations avec les autres associations de bibliothèques ; (b) le recrutement des membres ; (c) l'établissement de branches de LIASA dans les différentes provinces ; (d) l'établissement de groupes d'intérêt (c'est-à-dire des sections, divisions et tables rondes) ; (e) l'organisation de la première conférence annuelle de LIASA (qui doit avoir lieu en novembre 1998), et (f) les interventions auprès du gouvernement.

Je voudrais parler brièvement de trois de ces issues, (a), (b) et (c).

Négociations :
A la suite de discussions cordiales et constructives, SAILIS et ALASA ont décidé d'être supprimées définitivement en faveur de LIASA et ont pris les mesures nécessaires pour cela. Des contacts ont également été poursuivis avec LIWO, TransLis et les associations spécialisées plus petites, et des discussions utiles ont eu lieu avec beaucoup d'entre elles. Beaucoup de travail reste à faire dans ce domaine.

Recrutement :
A partir du processus ULIS, nous avons hérité d'une base de données d'adresses utiles pour les travailleurs de bibliothèque et d'information. Nous la maintenons à jour et possédons maintenant 7,000 adresses, auxquelles nous avons à l'heure actuelle envoyé deux demandes de recrutement. Le recrutement des membres est un travail difficile. Il semble que de nombreux bibliothécaires et travailleurs de centres d'information attendent de voir ce que LIASA va faire avant de s'engager. Toutefois, nous avons besoin de membres et d'argent pour pouvoir agir !

Interventions auprès du gouvernement :
Lors de la visite de plusieurs régions du pays pour promouvoir LIASA, les membres du TEC ont constaté les soucis que possèdent beaucoup de gens en ce qui concerne la détérioration des services de bibliothèque. Nous avons réalisé que LIASA devait agir sans délai. En mars 1998, un rapport sur L'état des bibliothèques en Afrique du Sud a été soumis au Comité du portefeuille parlementaire pour les Arts, la Culture, les Langues, la Science et la Technologie (Lor 1998) qui l'a reçu positivement. Ce rapport a été largement distribué et a reçu une attention considérable de la part des médias. Les membres de LIASA et les travailleurs de bibliothèque et d'information ont répondu positivement à la publicité que cet exercice a suscitée. Ils se sont félicités que LIASA ait pris cette initiative. Bien que cela n'ait pas été son objet, il a eu un effet positif sur notre campagne de recrutement. Nous avons l'intention de poursuivre cette question vigoureusement. On a demandé que les PSG de chaque province organisent un « sommet de bibliothèque » provincial entre mai et septembre. Les bibliothécaires et travailleurs des centres d'information fourniront donc des rapports systématiques sur l'état des types différents de bibliothèques dans leur province et développeront des plans d'action. Des actions seront ensuite prises pour mobiliser les utilisateurs des bibliothèques et pour intervenir auprès des autorités provinciales pour rectifier la situation. Si les actions provinciales s'avèrent être inadéquates, la question sera « surenchérie » et les membres du TEC assisteront les activités d'intervention. Nos interventions auprès du gouvernement seront civilisées mais déterminées. Si nécessaire, nous effectuerons le fameux « toyi-toyi » sud-africain pour souligner notre perspective. Ces actions conduiront à la première conférence annuelle de LIASA qui aura lieu à Bloemfontein en novembre. La conférence se focalisera sur le renversement de la détérioration. Son thème sera « Vers une renaissance des bibliothèques d'Afrique du Sud ». Cela nous aligne avec le thème de « Renaissance Africaine » qui est mené sur la scène internationale par le Vice-Président Thabo Mbeki. Lors de cette conférence nationale, les provinces fourniront des rapports sur l'état de leurs bibliothèques, sur les actions qu'elles ont prises et sur les effets de ces actions. Nous décrirons non seulement les problèmes, mais aussi, lorsque cela est possible, nous mettrons l'accent sur les « réussites ». Un résultat clé de la conférence concernera un plan d'action national pour endiguer la détérioration des bibliothèques et renverser cette tendance. Avec ces activités, nous avons l'intention non seulement de hausser la visibilité des bibliothèques et des services d'information en Afrique du Sud, mais aussi de montrer à nos adhérents que LIASA est sérieuse et qu'elle désire être une association plus activiste que ses prédécesseurs.

Les exigences de temps ne me permettent pas de parler de toutes les activités du TEC au cours des neuf mois écoulés depuis sa formation. Toutefois, je ne peux pas manquer de mentionner nos relations avec les organisations internationales. L'une des premières actions du TEC nouvellement élu fut d'exercer ses pouvoirs pour devenir affilié aux organisations internationales. LIASA est devenue une association membre du Conseil Général de l'IFLA à la veille de la Conférence de l'IFLA de 1997 à Copenhague et, lors de la séance d'ouverture du Conseil Général de l'IFLA, la délégation d'Afrique du Sud fut chaleureusement accueillie au sein de l'IFLA. Ce fut l'un des sommets de ma carrière professionnelle.

Bibliographie