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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 156-117-F
Division Number: VI.
Professional Group: Audiovisual and Multimedia
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 117.
Simultaneous Interpretation:   No

La modernisation de la bibliothèque publique hollandaise et l'influence du non-livre

John Valk
Rotterdam Public Library
Rotterdam, Netherlands


Résumé

Les nouveaux médias ont été introduits à une époque où les livres imprimés étaient toujours considérés comme le vecteur le plus important pour la transmission du savoir. Les évolutions prennent place dans un contexte social.
En ce qui concerne le disque compact, une organisation privée soutient les bibliothèques publiques aux Pays-Bas et dans les pays limitrophes. A l'égard des documents imprimés, la vidéo, le disque compact et le cédérom se distinguent par le tarif du prêt, qui est essentiellement fondé non sur le type d'information mais sur le type de support. Pour ce qui est du cédérom, les usagers de la bibliothèque ne veulent pas seulement une information spécifique mais, à cause de leur manque de familiarité avec le support lui-même, veulent aussi savoir ce qu'est réellement l'interactivité, dans quelle mesure l'interactivité est utilisée dans le cédérom. Le gouvernement du pays, il n'y a pas si longtemps, a lancé un projet Internet pour améliorer les communications entre les citoyens et les autorités. Les bibliothèques publiques y jouent un rôle majeur. L'instauration du paiement de droits de prêt aux auteurs ou ayants droit a eu une influence sur les dépenses de la bibliothèque. Pour les livres, la bibliothèque doit payer pour chaque acte de prêt. Pour les disques compacts et les vidéocassettes, le montant est plus élevé que pour les documents imprimés. Un cédérom contenant des articles de journaux édités par les bibliothèques publiques a été interdit par la loi. Les bibliothèques publiques doivent protéger les intérêts du public et l'accessibilité de l'information bien plus que dans le passé. Du fait des nouveaux médias, l'image de la bibliothèque doit changer.


Paper

Parler des non-livres revient à parler en même temps du rôle du livre dans les bibliothèques publiques. Parler des nouveaux media c'est essentiellement parler de l'information, des contenus qu'ils véhiculent. Aux Pays-Bas, la bibliothèque publique est une institution, avec un soutien et un important financement du gouvernement. L'offre des bibliothèques publiques en matière d'information est fondée sur des bases politiques démocratiques. Pendant des siècles, le livre était le véhicule du savoir ; la lecture était considérée comme le mode le plus précieux pour acquérir le savoir, développer des idées, enrichir la civilisation ou séduire l'imagination. Le livre était le vecteur le plus important pour la transmission du savoir, de l'information et de la connaissance d'une culture.

Tout au long de l'histoire de l'humanité, on peut distinguer quatre tournants essentiels dans la transmission de l'information : le développement de la parole, l'invention de l'écriture, l'invention de l'imprimerie et le développement de l'électronique. Les non-livres comme le cédérom et la vidéo sont bien sûr des manifestations de cette dernière vague.

Je ne veux pas faire défiler devant vos yeux toute l'histoire des bibliothèques publiques hollandaises. Pour mieux comprendre la position des non-livres dans une bibliothèque publique, il est bon de s'arrêter un moment à l'époque de l'apparition des non-livres. A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, les références et valeurs sociales d'avant-guerre ont été bousculées, c'était des années d'expansion extraordinaire, de prospérité croissante, d'influence amoindrie des églises catholiques et protestantes, de révolution sexuelle, d'impact croissant de la télévision, de temps de loisirs plus important, d'une prise de conscience de l'individu, des citoyens à l'esprit critique. Il y avait également un mouvement critique des bibliothécaires. Aux Pays-Bas, il y eut une période pendant laquelle se dessinait une tendance au consensus social démocratique, à la redistribution des richesses, du savoir et du pouvoir, en opposition à la variante anglo-saxonne du capitalisme. Ces évolutions avaient une influence sur la manière dont les gens voyaient les bibliothèques publiques et affectaient aussi le point de vue des bibliothécaires sur leur travail. Outre ses visées éducatives, il était permis que le livre soit divertissant, bien que d'une manière sérieuse. L'engagement social était fortement ressenti dans les bibliothèques publiques. Sélection critique de livres, certaine conscience du service aux visiteurs de la bibliothèque, coopération intense avec les autres organisations culturelles et sociales, attitude envers le lecteur tendant à être moins paternaliste. Le Library Act a été introduit dans cette atmosphère. Cet acte décrivait la bibliothèque publique comme un service social de base. La bibliothèque publique se considérait comme une organisation soutenant le processus démocratique. Information, divertissement et éducation étaient les mots-clés de la politique des bibliothèques publiques.
L'Angleterre avait un système de bibliothèque publique pris en charge complètement par le gouvernement ; l'Angleterre, ainsi que les pays scandinaves, étaient des exemples à suivre pour la manière de gérer une bibliothèque publique.

La crise du pétrole nous a fait prendre conscience des limites de l'expansion économique et nous a progressivement conduit à remplacer une pensée socio-démocratique par des vues néo-libérales : privatisation, réduction des dépenses publiques, lois du marché, flexibilité et décentralisation du pouvoir. A cette époque, pour être précis en 1987, le gouvernement hollandais a décidé d'abolir le Library Act hollandais pour que les autorités locales, c'est-à-dire les provinces et les municipalités, soient chargées de leurs services de bibliothèque. La motivation la plus importante à cela était de rapprocher les bibliothèques des gens. Cependant, d'un autre côté, cela a permis aux autorités locales de dépenser le budget plutôt pour des lampadaires que pour les bibliothèques publiques.

Avec la disparition du Library Act, chaque ville ou village était libre de décider de ce qu'il allait faire de sa bibliothèque. Ainsi, jusqu'à aujourd'hui, on peut toujours constater des différences dans les prix des services, des emprunts, et je pense que cela a aussi influencé la manière dont ont été constituées les collections. Une bibliothèque peut avoir des disques compacts dans sa collection tandis qu'une autre bibliothèque dans une ville de taille similaire peut n'offrir que des livres. Il en va de même pour les partitions, les vidéocassettes ou les cédéroms. A côté des bibliothèques autonomes, il y avait également les organisations régionales ou nationales. Ces dernières non seulement informent les plus petites bibliothèques au sujet des nouveaux médias mais aussi fournissent des documents prêts à l'emploi, y compris dans le domaine du catalogage.

Les nouveaux médias ont été introduits à une époque à laquelle le livre était toujours considéré comme le support le plus important pour la transmission du savoir. En conséquence de quoi, lire était important. Je pense qu'à ce moment là il était difficile pour une bibliothèque de prévoir ce qu'il fallait attendre de ces nouveaux médias à long terme.

Jusqu'à quel point avaient-ils leur place dans la collection d'une bibliothèque publique ? Les bibliothécaires ont été formés avec des livres dans leurs mains, il n'y a avait guère d'expérience portant sur les nouveaux médias bien que les écoles formant aux métiers de bibliothèque instruisent fermement la nouvelle génération. Les intérêts ou les savoir-faire individuels du bibliothécaire local déterminaient souvent dans quelle mesure les non-livres étaient acquis. Dans une ville comme Rotterdam, il est arrivé qu'une discothèque se développe indépendamment de la bibliothèque publique.

Au même moment, une petite ville comme Oss (à ne pas confondre avec l'endroit où vit le Magicien) a suivi énergiquement et très tôt le marché en expansion des logiciels, plus que les bibliothèques de plus grandes villes.

Un des premiers documents non- livre, en relation très étroite avec la littérature, était bien sûr le livre sonore. Conçu pour un public cible spécifique, à savoir les aveugles et les malvoyants, ces documents se trouvent seulement dans les bibliothèques spécialisées. De nos jours, il y a des bibliothèques publiques qui acquièrent ces documents, à une échelle modeste.

Quant aux microfilms et microfiches, les bibliothèques publiques aux Pays-Bas les utilisent principalement pour la conservation des journaux. Les bibliothèques publiques en général ne jouent pas le rôle d'archives.

Aux Pays-Bas, beaucoup de bibliothèques publiques ont été créées à la fin des années soixante et dans les années soixante-dix. Durant cette période, l'idée est venue de rassembler des disques noirs et plus tard des disques compacts pour une collection de prêt. En Hollande, les gens viennent avant tout en bibliothèque non pour lire mais pour emprunter livres et autres documents. Au même moment, à la fois les hommes politiques et les directeurs de bibliothèque ont commencé à envisager l'idée d'un service payé par le consommateur, de commercialisation et d'une gestion rentable. Dans ce contexte, il est remarquable que, en parallèle à l'organisation nationale hollandaise des bibliothèques publiques, ait pu apparaître une organisation indépendante plus ou moins commerciale, qui était capable de gérer une bibliothèque de disques avec une collection vaste et variée, principalement de musique classique et populaire. Plus tard, cette organisation a commencé à fournir ses services aux bibliothèques publiques, non seulement aux Pays-Bas mais aussi aux pays frontaliers.

Dans les écoles formant aux métiers de bibliothèque, il existait même un cours spécial pour gérer une bibliothèque musicale possédant à la fois partitions et enregistrements. La position du disque noir dans un monde de livres est, à mon avis, d'abord déterminée par le vecteur, non par le contenu. Les disques étaient associés au loisir et non à l'imagination ou à la transmission de valeurs culturelles, comme la littérature. Une des conséquences était que les gens devaient payer en plus pour emprunter des enregistrements, alors que le prêt des livres était plus ou moins gratuits. Quant à la fin des années soixante-dix, à cause de la crise économique, les autorités locales ont commencé à réduire leurs dépenses, les mots coût, effectif et autofinancement ont été introduit dans la gestion de bibliothèque. A la bibliothèque publique de Midelburg le département disques a été privatisé et même a dû trouver un local en dehors de la bibliothèque. Quand, des années plus tard, il est progressivement devenu commercialement impossible de proposer un vaste choix de musique classique, la bibliothèque publique a commencé à reconstituer une collection de disques.

La discothèque de Rotterdam, non liée, comme je l'ai dit, à la bibliothèque publique, a réussi à suivre les principes d'une bibliothèque publique, à savoir une collection variée où les titres commercialement attractifs ne sont pas les seuls à trouver leur place. Quant au prêt inter-bibliothèque, cet organisme offre ses services à de plus petites bibliothèques dans le pays. Il les a aussi aidés à mettre en place l'informatisation requise pour la gestion de la discothèque.

Maintenant c'est l'une des discothèques publiques les plus grandes et les plus fréquentées dans le pays, qui a un catalogue accessible par Internet et un programme informatique orienté vers les usagers détermine quels titres spécifiques de musique correspondent aux modèles de comportement des usagers de la bibliothèque.

Dans le pays tout entier, les statistiques de prêt des disques compacts se sont dramatiquement effondrées ces dernières années en comparaison des statistiques générales de prêt.

Durant les années 80, le gouvernement hollandais a sérieusement réduit ses dépenses. Dans les bibliothèques le principe du service payant pour l'usager a été introduit. Le marketing est devenu un nouveau mot dans la gestion des bibliothèques. Les bibliothèques individuelles ont été obligées d'augmenter leurs revenus financiers. Dans cette atmosphère, de nouveaux médias comme la vidéo et les disquettes ont été introduit dans la bibliothèque. Concernant la vidéo, les bibliothèques avaient affaire à des concurrents, les boutiques de location et de vente de vidéocassettes. Quelques bibliothèques publiques ont monté un département vidéo également pour des raisons commerciales, à savoir pour augmenter le si nécessaire revenu financier. Progressivement, les bibliothèques ont commencé à proposer non seulement des films hollywoodiens mais aussi documentaires et films d'art, qui sont devenus de plus en plus disponibles sur support vidéo. Les documents sous-titrés ou de langue hollandaise souvent réclamés sont toujours en minorité. A mon avis, la vidéo est plus proche des livres à cause de son caractère informatif, que les disques compacts. Il n'est pas étonnant que les vidéos qui ont le plus de succès soient des cassettes qui illustrent des sujets d'une meilleure manière que le livre. Par exemple : les films présentant des pays, des cassettes d'apprentissage, dans lesquels par exemple de célèbres musiciens de pop montrent leurs techniques instrumentales et leurs trucs. Les étudiants, qui doivent lire des romans pour leurs examens, aiment bien les adaptations cinématographiques de livre. En général, la vidéo est considérée de la même manière que le disque compact : une différence de prix d'emprunt par rapport au livre, qui est fondée plus sur le type de support que sur le contenu. Je pense qu'il n'y a qu'une seule bibliothèque qui délibérément traite tous les documents de bibliothèque de la même manière, c'est la bibliothèque de Nieuwegein.
En raison de la pression financière, les non-livres sont aujourd'hui plus ou moins vus comme des produits du marché. Ils méritent le même traitement que les livres : ne pas regarder le support ou le profit financier mais considérer les contenus.

Dans les années 90, l'automatisation se développe rapidement, nous voyons se développer le premier média numérique important, avec l'arrivée du cédérom, nous voyons surgir la société de l'information. A ce moment-là, les bibliothèques publiques commencent à réaliser que le livre imprimé est remplaçable : ouvrages de référence, bibliographies, index, annuaires, etc.

Les premières expériences montrent que le cédérom n'était guère capable de remplacer toutes les publications imprimées. Il a juste amélioré la qualité des collections de bibliothèque et rendu l'information imprimée plus facilement accessible.

Au début, le marché proposait principalement des titres de cédéroms en langue anglo-saxonne. Ils étaient principalement conçus à usages scientifiques. Les produits hollandais devaient être commercialement attractifs. Le marché hollandais est un marché très petit. Donc les cédéroms étaient principalement produits pour des gens travaillant dans le secteur des affaires et le secteur juridique, où le temps c'est de l'argent et où la rapidité de l'information est importante. A cette époque, il n'y avait pas tant de titres accessibles pour le visiteur moyen de la bibliothèque publique hollandaise. Ensuite les bibliothèques ont compris qu'elles avaient investi dans les nouvelles technologies.

La bibliothèque publique de Rotterdam a été la première bibliothèque à créer, à un moment où j'étais grandement impliqué dans son installation, un réseau de cédéroms pour les bibliothèques centrales et de réseau.

Le gouvernement national hollandais a commencé progressivement à utiliser le cédérom pour rendre plus accessible les informations gouvernementales. A une époque d'intervention moindre du gouvernement, la production et la distribution de l'information gouvernementale sur cédérom sont tombées dans des mains commerciales. Cette contradiction, l'intention d'une grande accessibilité de l'information gouvernementale et juridique pour le commun des mortels et les prix commerciaux, a eu un effet fort sur les dépenses de la bibliothèque. Le cédérom était indispensable aux bibliothèques publiques pour proposer un accès à de l'information. Si les éditeurs américains faisaient des prix différents pour les organisations à but lucratif ou pas, les éditeurs hollandais non. La bibliothèque publique hollandaise est également devenue un éditeur de cédérom. L'édition du cédérom intitulé Literom par l'Organisation nationale des Bibliothèques publiques et la bibliothèque publique d'Amsterdam a connu un grand succès. En fait, c'était la suite numérique d'actions d'acquisition et de documentation portant sur les articles des journaux et magazines hollandais sur le thème de la littérature hollandaise. Les articles, remontant au début du siècle, ont été scannés et mis sur cédérom. Jusqu'alors, l'acquisition et la consultation des éditions de journaux étaient libres de droit littéraire ou artistique. Le syndicat des journalistes a intenté une action en justice à partir du moment où cette information a été mise sur cédérom. Malheureusement l'éditeur et le syndicat des journalistes n'ont pu arriver à un accord. Quand la consultation de cette information par l'intermédiaire du cédérom dans une bibliothèque a été considérée comme une divulgation au sens juridique, l'Organisation nationale des Bibliothèques publiques a envoyé un courrier pressant le ministre de prendre des mesures pour garantir l'accès gratuit à l'information.
Plus alarmante est la directive européenne dans laquelle les producteurs de bases de données, comme les textes de loi, articles de presse et encyclopédies seront également protégés par le copyright.

Après la dépression économique des années 80, les années 90 ont été marquées par une prospérité économique croissante, mais aussi par de plus grandes différences entre les riches et les pauvres, des concentrations de minorités dans les grandes villes, quarante chaînes de télévision au lieu de trois. Les gens ont relativement passé moins de temps à lire, d'un autre côté plus de livres ont été publiés et vendus, dans les bibliothèques il y a eu un léger repli du prêt à domicile ces dernières années. Nous voyons des enfants devenir des mollassons ou des accros du Nintendo. Le roman médical a été remplacé par le soap opera. Dans toutes les couches de la population l'ordinateur pénètre. Quelques statistiques de ces dernières années : aux Pays-Bas 23 % des gens les moins cultivés et 80 % des plus cultivés possèdent un ordinateur, 10 % des familles utilisent Internet. Ces chiffres sont en expansion. D'un autre côté 18 % de la population adulte est fonctionnellement illettrée. En dépit de cela, 1 million sur 15 millions d'habitants rédigent régulièrement une forme de littérature ou une autre. En parallèle aux services des bibliothèques publiques, sont apparues de nouvelles institutions ou entreprises offrant une information similaire. La montée d'Internet est en train d'obliger les bibliothèques publiques à faire des choix décisifs pour renforcer le système d'information basé sur les bibliothèques, pour garder l'information accessible à tous, pour préserver les intérêts publics dans un monde commercial, ou, dans les cas extrêmes, à devenir un musée des livres. Choisir la première voie signifie investir dans la formation, dans les infrastructures de matériels informatiques et dans le marketing. Cela signifie aussi dialoguer avec les autorités locales et coopérer avec les autres bibliothèques.

Il y a trois ans, le marché proposait suffisamment de titres de cédéroms orientés vers le consommateur pour permettre aux bibliothèques publiques d'ouvrir un département cédérom. Les bibliothèques des petites villes ont commencé en premier. Beaucoup de bibliothèques ont du financer cela hors de leur budget régulier. Des prêts ont permis à la plupart des bibliothèques de lancer des départements cédéroms.
Il est remarquable que, pour la première fois, l'industrie ait vu la bibliothèque comme un endroit où les gens pouvait examiner les nouvelles technologies.

Pendant la campagne d'introduction du CD-I, la multinationale hollandaise Philips a demandé à des bibliothèques de placer des installations de démonstration.

Je me souviens qu'il y a eu des discussions au sujet des documents, comme «un cédérom avec des informations utiles d'accord mais un cédérom de jeu est aussi exaltant qu'un livre plein de suspense ». La plupart des bibliothèques aujourd'hui offre les deux types de cédéroms, à savoir des jeux vidéos aussi bien que des cédéroms avec une information ciblée ou un mélange des deux, les cédéroms baptisés ludo-éducatifs.

Une autre différence importante avec les autres supports audiovisuels est que les usagers de la bibliothèque ne veulent pas seulement une information particulière, mais, à cause de leur manque de familiarité avec le média lui-même, veulent aussi savoir ce qu'est exactement l'interactivité, jusqu'à quel point l'interactivité est mise en œuvre dans le document. Dans certains cas, les gens veulent aussi emprunter et examiner un cédérom avant de l'acheter dans une boutique d'informatique ou une librairie. La plupart des gens ont acheté depuis peu leur ordinateur multimédia. Les gens deviennent de plus en plus capables de faire le bon choix, de sélectionner des titres qui offrent un haut degré d'interactivité. Très populaires sont les organisateurs d'itinéraires, les méthodes de langues, les tests d'intelligence, les tests de conduite automobile. L'Encarta hollandaise semble remplacer l'encyclopédie imprimée dans bien des foyers.

Internet et le cédérom restent proches l'un de l'autre, dans le sens que l'information et le moyen de recherche sont informatisés. Le matériel, l'infrastructure, la production et l'état de l'information font la différence. On ne peut guère dire qu'Internet est un document non-livre. Vous ne pouvez le prendre dans vos mains. Internet remplacera les supports actuels de stockage également dans les bibliothèques publiques. Dans l'avenir, les gens trouveront de plus en plus l'information à domicile au lieu de téléphoner ou de se rendre à la bibliothèque. Les bibliothèques peuvent fournir de l'information avec Internet comme source et des informations complémentaires ou supplémentaires à partir de la collection de bibliothèque.

Il est toujours nécessaire d'avoir une sorte de capacité professionnelle à trouver une information spécifique, une capacité qui est étroitement liée au savoir-faire traditionnel que les bibliothécaires ont acquis en utilisant sources imprimées et documents de référence. Les bibliothèques publiques travaillent dur pour donner aux bibliothécaires plus de formation. Quelques bibliothèques ont même commencé des cours sur Internet pour les usagers de la bibliothèque. Rotterdam, par exemple, a un bureau éditorial Internet spécial et un site web. Depuis chez eux, les gens peuvent poser des questions ou consulter le catalogue.
Le gouvernement du pays, il n'y pas si longtemps, a démarré un projet Internet pour améliorer la communication entre citoyens et les autorités. Un des objectifs était d'offrir un accès public à l'information électronique gouvernementale. Les trois-quarts du budget total vont aux bibliothèques publiques. Et, d'ici de deux ans, chaque bibliothèque publique devra être connectée à Internet. Les bibliothécaires obtiendront également plus de formation en assistant les gens dans leurs recherches d'information gouvernementale. L'Organisation nationale pour les Bibliothèques publiques doit mener à bien cette opération. Les bibliothèques publiques jouent un rôle clair et important aux yeux des partis politiques. Ceci concerne non seulement l'information numérique provenant du gouvernement, mais aussi les autres formes d'information numérique. Un de ces partis politiques a inscrit dans son programme électoral : « les bibliothèques doivent devenir des institutions éducatives et multimédias, plus que ce qu'elles ont fait jusqu'à présent ».

L'instauration du paiement de droits de prêt aux auteurs ou aux ayants droit a eu de fortes répercussions sur les possibilités financières des bibliothèques publiques. Comme je l'ai dit précédemment, aux Pays-Bas, les gens viennent dans une bibliothèque publique avant tout pour emprunter des livres et autres documents. Sur les livres les bibliothèques doivent maintenant payer 20 cents pour chaque acte de prêt. Pour les compacts disques et les vidéocassettes c'est un montant plus élevé, 50 cents. Chaque bibliothèque répercute les dépenses à sa manière. Les négociations sont toujours en cours sur le multimédia (principalement à cause du double copyright : celui du moteur de recherche et celui du document lui-même). L'Organisation nationale pour les Bibliothèques publiques a en fait entrepris, il y a quelques années, une campagne de pressions auprès du parlement hollandais pour être autorisée à prêter des cédéroms dans les bibliothèques publiques.

Je n'ai pas encore mentionné les partitions au titre des non-livres. Elles ont une histoire bien plus longue au sein des bibliothèques publiques que les documents mentionnés précédemment. Dans le passé, disques et radio n'étaient pas disponibles. Jouer de la musique à la maison au piano ou en groupe était souvent le seul contact avec les sons musicaux. Les partitions étaient un outil important pour la restitution musicale. Les grandes collections de partitions sont aujourd'aujourd'hui rassemblées dans les bibliothèques publiques des plus grandes villes. Il n'y a pas d'archives nationales pour les partitions. Jusqu'au milieu des années soixante-dix, la musique classique dominait les collections. A cette époque, la bibliothèque publique de Rotterdam a commencé à acquérir des musiques populaires à une grande échelle. Les autres bibliothèques ont suivi bien plus tard. Bien que la jeunesse hollandaise soit plus intéressée à l'idée de faire de la musique que de lire un livre, les partitions jouent en général un rôle mineur dans les collections de bibliothèque. Les organisations de bibliothèques nationales et régionales soutiennent et conseillent maintenant les plus petites bibliothèques pour l'acquisition et la mise à disposition de ces documents.

En 1995, la bibliothèque publique de Rotterdam a mené une enquête sur ce que les citoyens moyens de Rotterdam connaissaient de leur bibliothèque, seul 40% des personnes interrogées mentionnait la présence de documents audiovisuels comme faisant partie de leur service. Je pense qu'une des tâches majeure pour les bibliothèques est d'améliorer leurs relations publiques afin de montrer aux gens ce que sont les nouvelles possibilités et nouveaux services et d'un autre côté de connaître les attentes du public vis à vis de leur bibliothèque.