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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 032-150-F
Division Number: II
Professional Group: Social Sciences Libraries
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 150
Simultaneous Interpretation:   Yes

Evolution des sources d'information en sciences sociales en Asie : le cas de la Coree du Sud

Myoung C. Wilson
Alexander Library
Rutgers-The State University of New Jersey
New Brunswick, New Jersey 08903
USA.
Email mywilson@rci.rutgers.edu


Abstract

Cet article étudie la production croissante des publications officielles sud-coréennes en sciences sociales. Cette évolution est principalement due à la modernisation et à la démocratisation liées au développement économique et à la multiplication d'indicateurs relatifs à la vie sociale. Le soutien du gouvernement à l'éducation et à la recherche a pu également jouer un rôle crucial.


Paper

I. INTRODUCTION

Il y a au moins trois hypothèses à prendre en compte pour comprendre la croissance actuelle des sources d'information et de données scientifiques sociales. L'une avance que cette croissance dépend de l'augmentation de la production économique et des indicateurs de vie sociale associés. Une autre énonce une tradition historique du développement des bibliothèques dont les collections comprennent, ne serait-ce qu'à la marge, des documents en sciences sociales. Une troisième suggère encore que l'augmentation des sources d'information en sciences sociales repose sur le soutien du gouvernement à l'éducation et à la recherche comprenant une forte composante en sciences sociales.

Jusqu'à un certain point, chacune de ces hypothèses s'applique au cas de l'Asie. Il est après tout connu qu'en Chine, dans les premières années de la dynastie Ching, les collections des bibliothèques étaient parmi les plus importantes au monde. Il est également vrai qu'en Chine et en Corée le fondement traditionnel méritocratique d'élévation sociale reposait sur un système d'examen qui favorisait l'éducation. Ces caractéristiques historiques se sont fermement muées en valeurs culturelles traditionnelles et ont légué un héritage durable qui a facilité la croissance de nos jours des sources d'information en sciences sociales.

Malgré ces héritages historiques, cependant, c'est la modernisation en général et l'amélioration des conditions de vie qui ont été essentiels pour le développement de la recherche en sciences sociales. En l'espace de trois décennies le produit national brut par habitant est passé de 640 $ à 8000 $. Le taux d'illettrisme a été ramené de 12% au milieu des années 1970 à moins de 5% dans le courant des années 1990. Les dépenses de l'Etat en matière de sécurité sociale ont doublé entre les années 80 et les années 90. L'espérance de vie a grimpé de 61 ans au milieu des années 70 à 71 ans au milieu des années 90 tandis que la mortalité infantile chutait de 47 pour 1000 à 12 au cours de la même période 1 .

Existe-t-il une corrélation qualitative entre ces indicateurs de croissance et une augmentation de la production des sources d'information et de données en sciences sociales ? Etant donné la nature limitée de cet exposé et le fait que la majeure partie des données en sciences sociales est publiée sous la forme de documents officiels, je tenterai une réponse en me concentrant sur les publications officielles en Corée du Sud.

II. LE CAS DE LA COREE DU SUD

1. Antécédents historiques

Une étude de l'UNESCO de 1984 caractérisait la recherche en sciences sociales en Asie comme émanant de disciplines académiques relativement jeunes en grande partie importées d'Occident au tournant du siècle 2. Même si cette caractérisation peut être exacte dans ses grandes lignes, on ne peut prétendre que les sciences sociales étaient inconnues dans la Corée traditionnelle. A la cour du roi Sejong au 15e siècle, le Palais (c'est-à-dire le gouvernement ou l'Etat) promouvait activement l'alphabétisation des masses, allant jusqu'à inventer un nouvel alphabet coréen, le Hangul. Les savants de l'Académie Royale étaient également responsables des publications sur l'économie agricole, les descriptions géographiques du pays, la compilation des codes juridiques et des histoires officielles. A travers l'Académie Royale (Chiphyunjon), précurseur des nombreux instituts de recherche financés par l'Etat qui existent dans la Corée contemporaine, l'Etat promouvait la recherche dans de nombreux domaines, dont les sciences sociales. Ces compilations historiques étaient des documents critiques de première main en leur temps et le demeurent tout autant pour les praticiens modernes des sciences sociales.

Cette tradition de soutien gouvernemental à la recherche se poursuit jusqu'à nos jours en Corée (comme dans de nombreux pays asiatiques). Hwa affirme que le gouvernement de Singapour joue un rôle important, sinon crucial, dans le financement de l'enseignement et de la recherche en sciences sociales 3. Notre pays hôte, la Thailande, a fondé le Conseil national de la recherche (NRC) en 1959 ; il a été dit que depuis la création du NRC il y a eu une augmentation du nombre de laboratoires de recherche en sciences sociales rattachés à des organismes gouvernementaux 4. Bien que S. P. Agrawal prétende que l'information en sciences sociales ne soit pas une priorité du gouvernement indien, c'est le ministre de l'éducation du gouvernement de l'Inde qui institua le Centre national de documentation en sciences sociales 5.

En Corée du Sud le gouvernement a de plus en plus stimulé la production et la croissance de la recherche scientifique aussi bien que les sources d'information en sciences sociales. Par contraste avec les aires de recherche scientifiques et techniques, cependant, la recherche en sciences sociales occupait initialement une position peu enviable de domaine de recherche défavorisé et sous-doté ; l'acquisition de connaissances spécialisées dans les domaines scientifiques et techniques et dans le savoir-faire industriel était prioritaire. Cet effort s'est traduit par une économie de croissance rapide, dont les résultats ont ouvert la voie à la promotion de la recherche sur les questions sociales comme par exemple l'impact du progrès scientifique et technique sur la vie sociale.

2. Quantité et qualité des sources d'information en sciences sociales d'origine gouvernementale

Le nombre de publications en sciences sociales produites par le gouvernement sud-coréen et par les organismes publics a augmenté de manière significative. Selon le Catalogue des publications officielles le nombre total de documents officiels publiés en 1996 était de 4 697 dont 3 000 titres (66%) étaient classés en sciences sociales. Cela représente une augmentation de 6% du nombre de publications officielles en sciences sociales par rapport à 1993 6. Il est relativement simple de prendre la mesure du nombre de publications officielles ; entre 1945 et 1965 293 titres seulement ont été publiés, tandis que pour la seule année 1966 le nombre de publications officielles grimpait à 903 titres, soit le triple de la production totale des vingt années antérieures.

Lorsque la Corée du Sud a commencé son expansion économique au début des années 60, cela a aussi marqué une accélération des publications officielles par des organismes publics, non seulement en termes de quantité mais également en termes de qualité. Par exemple avec le recensement de 1960 on est passé d'un recueil de données démographiques de base uniquement à un ensemble dans lequel une information multi-face sur les caractéristiques socio-économiques était recueillie et traitée dans des bases de données informatisées. En 1964 le gouvernement a également entrepris de réviser et de classifier les divisions administratives locales du pays tout entier, dans le but de pouvoir recueillir des données pertinentes sur chaque unité. Nombre de statistiques officielles sont toujours recueillies sur ces bases 7.

Il apparaît que les organismes gouvernementaux sud-coréens à tous les niveaux sont en train de faire passer rapidement leurs publications du format imprimé au format électronique. Beaucoup d'agences gouvernementales sont présentes sur Internet, un grand nombre d'entre elles disposant d'une page d'accueil bilingue (Coréen et Anglais). La qualité et le contenu des pages d'accueil varient d'un site à l'autre, par exemple certains donnent une liste étendue de leurs publications avec des annotations détaillées. Comme exemples de sites gouvernementaux on peut citer le Comité national de compilation historique, la Cour Suprême, l'Office national statistique, la Bibliothèque nationale et la bibliothèque de l'Assemblée nationale. L'Office national statistique a commencé à construire d'immenses fichiers numériques de données qui deviennent une source critique pour la recherche en sciences sociales. Les ressources électroniques que le gouvernement charge sur Internet promettent d'élever la quantité et la qualité de l'information en général en sciences sociales.

3. Types de publications

Au coeur des ressources d'information en sciences sociales se trouvent trois types de publications produites par la branche exécutive du gouvernement. Il s'agit des rapports statistiques annuels, des annuaires et rapports annuels et des livres blancs, chaque type constituant un ensemble de données de première main importantes pour le chercheur en sciences sociales. Les publications officielles coréennes sont riches en rapports statistiques. La publication de ces rapports est souvent due à une loi statistique d'ensemble qui impose à chaque ministère ou organisme gouvernemental de produire une analyse statistique annuelle (ou trimestrielle). Les annuaires statistiques (Tonnggye Yongam) produits les ministères sont de bons exemples de ce type de publications. Le titre et le texte de ces annuaires statistiques sont souvent bilingues (en Coréen et en Anglais) et contiennent presque toujours des statistiques internationales pour permettre des comparaisons. Ces rapports statistiques sont les plus vendues des publications officielles ; environ 35% des publications officielles consistent en données statistiques 8.

Suivant un modèle originaire de Grande-Bretagne, les livres blancs (Baiksuh) sont produits par presque tous les ministères. Ces rapports officiels traitent de sujets nationaux ponctuels. Cette forme de rapport officiel existe depuis 1948 lorsque le premier gouvrnement fut formé à la fin de la domination coloniale japonaise. Beaucoup de publications sociales, politiques et économiques sont analysées par les ministères concernés. A la différence des rapports statistiques, les livres blancs gouvernementaux coréens sont presque toujours rédigés en Coréen.

4. Contrôle bibliographique et outils d'accès

Malgré la réputation de la Corée d'avoir évolué de "l'imitation à l'innovation" en matière économique et technique, il y a peu d'innovations dans le reconditionnement de l'information officielle pour un accès public simple. Fournir l'accès aux publications officielles à travers des index et catalogues spécialisés est principalement le fait de l'organisme qui les publie. Deux de ces organismes les plus prolifiques sont l'Office national statistique et le Ministère de l'unification. La Bibliothèque nationale et la bibliothèque de l'Assemblée nationale sont activement impliquées dans la diffusion de l'information en sciences sociales à travers leurs projets de bibliothèque numérique.

Les deux principaux outils de signalement des publications officielles sud-coréennes sont le Catalogue des publications officielles publié chaque année par le Bureau des publications officielles, et la section des publications officielles de la Bibliographie nationale coréenne publiée par la Bibliothèque nationale.

5. Distribution et diffusion

Alors que le nombre de publications officielles émanant de divers organismes a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières années (elles ont en fait doublé en cinq ans, de 2 680 titres en 1992 à 4 697 titres en 1997), aucune procédure de distribution centralisée ou systématique n'a encore été adoptée, notamment pour atteindre un large public. La plupart des publications officielles, bien que compilées et éditées par un organisme producteur public, sont invariablement imprimées par des imprimeurs privés. Elles sont distribuées, soit par l'organisme dont elles émanent, soit -service payant- à travers des centres de vente agréés.

La Bibliothèque de l'Assemblée nationale, la Bibliothèque nationale, le Service des archives nationales et des enregistrements et la Bibliothèque du Bureau des publications officielles sont actuellement bibliothèques de dépôt légal. Tous les organismes publics, y compris les entreprises nationales et les organismes para-publics, qu'ils soient nationaux ou locaux, sont tenus de par la loi de déposer leurs publications dans les bibliothèques de dépôt.

Bien que le terme " Nappon Tosohkwan " soit traduit par " bibliothèque de dépôt ", il a un sens très différent du terme bibliothèque de dépôt tel qu'il est utilisé en Amérique pour les publications officielles. Aux Etats-Unis, les publications officielles des organismes fédéraux américains sont déposées dans des bibliothèques désignées par le gouvernement dans un but de distribution et d'accès publics. Dans le sens coréen de bibliothèque de dépôt, le dépôt est fait par l'éditeur (y compris les organismes gouvernementaux) dans les bibliothèques désignées (des bibliothèques gouvernementales) dans un but de préservation de l'héritage culturel, de protection du droit de copie, pour les échanges internationaux et enfin pour la mise à disposition du public.

Le système de dépôt légal a d'abord été introduit dans le cadre des lois sur les bibliothèques de 1963. Avant cela, en 1961, tous les éditeurs étaient tenus de soumettre deux exemplaires de leurs publications au Ministère de l'éducation qui ensuite les adressait à la Bibliothèque nationale. La loi de l'Assemblée nationale n° 1424 impose aux organismes gouvernementaux de déposer trois exemplaires de leurs publications auprès de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Depuis 1991, trois exemplaires des publications de la branche exécutive du gouvernement, des gouvernements de province et des commissions éducatives provinciales sont également déposés auprès du Service des archives nationales et des enregistrements. Depuis 1996 trois exemplaires du même type de documents sont déposés auprès de la Bibliothèque du Bureau gouvernemental de publication.

Il est cependant connu que nombre d'organismes gouvernementaux manquent à ces obligations légales. Du reste, il n'y a pas eu d'une manière générale de moyen efficace pour faire respecter la loi sur le dépôt légal. Certains avancent le fait qu'initialement le dépôt légal était considéré comme " censure " ou " police de la pensée ", comme cela a été le cas pendant la période coloniale japonaise ou sous des gouvernements antérieurs autocratiques. En particulier sous la domination japonaise tout manuscrit devait être préalablement soumis aux autorités coloniales pour autorisation officielle 9.

III. CONCLUSION

Même s'il existe une apparente corrélation entre la croissance économique et le développement des sources d'information en sciences sociales, il est clair que ce n'est pas le seul élément d'explication. Pendant de nombreuses années suivant la seconde guerre mondiale, la Corée a vécu sous plusieurs formes de gouvernements autoritaires. Ce n'est qu'en 1992 que la démocratie au sens occidental du terme s'est vraiment établie. Auparavant, les sources d'information en sciences sociales diffusées par le gouvernement étaient fréquemment considérées comme de la désinformation à des fins de propagande. Il est intéressant de noter que l'avènement de la démocratie témoigne de la renaissance significative en quantité et en qualité des publications officielles qui traitent de questions sociales. Rien ne montre de manière plus évidente l'importance d'un environnement politique ouvert pour stimuler la production, la diffusion et l'usage des sources d'information pour la recherche en sciences sociales.

Notes

1. Social Indicators of Development 1996. (Washington D.C.: World Bank, 1997), 185.

2. UNESCO Regional Expert Meeting on the Asia-Pacific Information. Network in Social Sciences, Asia Pacific Information Network in Social Sciences (APINESS); Report of a Regional Meeting. (Bangkok: UNESCO, 1986), 8.

3. Social Sciences in Asia, Edited by Yogesh Atal. (New Delhi: Abhinav Publications, 1974), 215.

4. Social Sciences in Asia, 243.

5. S.P. Agrawal, „Appropriation of National Social Science Information Resources," INSPEL 26, no.4 (1977), 247, 252.

6. Chongbu Kanhaengmul Mongnok(The Catalog of Government Publications), 1997 (Seoul:

Chongbu Kanhaengmul Jaejakso, 1997), 764.

7. Myoung C. Wilson, Introduction to Korean Government Publications, (Lanham, Maryland: Scarecrow Press), Forthcoming, 34.

8. Wilson, 41.

9. Wilson, 38.

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Latest Revision: August 3, 1999 Copyright © 1995-2000
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