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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 049-107-F
Division Number: V
Professional Group: Acquisition and Collection Development
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 107
Simultaneous Interpretation:   No

Tendances actuelles dans l'édition et l'information en Asie du Sud-est : l'Indonésie La liberté d'expression de la presse

Oliver Mann
Bibliothèque nationale de l'Australie,
Regional office, chargé de la région Asie,
Jakarta, Indonesie


Abstract

La démission du Président Soeharto en mai 1998 fut suivie par la liberté d'expression dans la presse, donnant lieu à une très grande hausse dans le nombre de titres de journaux et d'autres périodiques en Indonésie, malgré la crise économique. L'auteur évoque ici les conséquences sur les acquisitions des publications indonésiennes de ces changements profonds et rapides.


Paper

Journaux et publications en série

Durant les jours qui ont immédiatement suivi la démission du Président Soeharto en mai 1998, il régnait au pays un sentiment d'incertitude concernant l'application des règlements officiels et les restrictions non écrites qui avaient caractérisé les 32 années du "Nouvel Ordre" de Soeharto.

En effet, les six dernières semaines sous la présidence de Soeharto étaient fréquemment critiquées de manière sans précédent par une presse enhardie par une marée montante d'indignation populaire. Après la démission, et pendant la phase de transition actuelle, la presse a tiré profit de son interprétation quant à ce qu'on laisserait passer et a continué d'avancer dans son chemin de croisade. L'an 1999 est considéré comme la deuxième année de véritable liberté de presse après 1945 où l'Indonésie avait déclaré son indépendance.

Elle est ouvertement critique envers le gouvernement, le Président et ses ministres dans un style osé qui aurait eu des réactions officielles sévères il y a un an. Elle exploite au plus ce qu'on craignait être "le printemps de Prague" en Indonésie et qui à ce jour survie et fleurit. Au début du moi de juin dernier, deux des plus illustres hebdomadaires indonésiens d'information, Tempo et De Tik qui furent interdits en 1994, ont profité de climat actuel de liberté pour annoncer qu'ils reprenaient leur parution malgré la « non-levée » de leur interdiction officielle.

Il ont à nouveau vu le jour et continuent de paraître malgré l'appréhension de la crise économique indonésienne qui pourrait diminuer leurs activités car le crise économique en Indonésie a affecté la production des journaux, magazines et livres.

L'an dernier on nous disait souvent que les deux-tiers des 286 journaux et magazines du pays frôlaient la faillite, victimes du prix élevé de l'impression, de la dégringolade de la valeur du Rupiah, d'une publicité peu abondante et d'un tirage en chute.

De fait, pas beaucoup d'entre eux ont cessé de paraître et le marché a été envahi par de nouveaux titres --la majorité étant des hebdomadaires à sensation qui ne dureront peut-être pas car les temps sont durs dans un marché si serré et l'information qui est présentée et analysée est tout de même limitée.

Néanmoins, malgré les prédiction pessimistes, durant les dix mois allant du mai 1998 à mars 1999, le Département of Information (Ministère de l'information) a délivré 740 licences de presse nouvelles (des SIUPP ) et 40% --ou presque 300 publications-- commenceraient de paraître dans le kiosques à journaux. A l'époque de la démission du Président Soeharto, il n'y avait que 289 licences "opérationnelles". Ce que l'on témoigne aujourd'hui en Indonésie est une hausse énorme dans le nombre de publications et une liberté sans entrave dans leur contenu. Cette double prolifération a lieu à la fois dans Jakarta et les provinces -- il existe un déplacement notable par rapport aux précédents centres de publications qui se situaient essentiellement à la capitale et sur l'île de Java.

Cette prolifération de la presse fut provoquée par une borne cruciale qui a été atteinte le 5 juin 1998 quand le Ministre de l'information Yunus Yosfiah a aboli un décret controversé relatif à la presse qui entra en vigueur 14 ans auparavant, donnant le droit au Ministre d'annuler les licences des éditeurs. Le pouvoir du gouvernement d'annuler les licences était reconnu comme l'obstacle majeur à la liberté de la presse en Indonésie. Bien que la censure officielle n'existât pas, les éditeurs devaient souvent supprimer ou changer les nouvelles et appliquer une autocensure afin d'éviter la censure.

Suite à son affectation à la tête du Ministère de l'information par le Président Habibie, le nouveau ministre s'est engagé à respecter la liberté de la presse qu'il considère comme essentielle à la démocratie et comme un instrument très important pour achever KKN --Korupsi, Kolusi, Nepotisme (Corruption, Collusion, Népotisme)-- l'empreinte du régime Soeharto.

Yunus Yosfia a tenu parole en allégeant les restrictions et en simplifiant les procédures pour obtenir des licences de presse, en éliminant les taxes pour ces licences, en libérant l'émission radiophonique d'informations, en assouplissant les contrôles sur les chaînes privée de télévision, et en promettant que le réseau télévisé d'état TVRI serait plus indépendant et moins sujet à l'intervention du gouvernement.

Ainsi le ministre croit que la liberté de la presse est essentielle pour élever la démocratie en Indonésie et que la qualité de la presse nationale s'améliorera avec une compétition en hausse.

Dix mois après ces changements profonds, le Ministre de l'Information n'a pas changé d'avis sur ces questions. Certains législateurs sont critiques de la presse qu'ils considèrent trop libre, trop libérale dans sa façon d'informer. Mais le Ministre est convaincu que la presse n'a pas dépassé ses frontières et qu'il préférerai "des journaux sans gouvernement à un gouvernement sans journaux".

Il y a une entorse d'ironie à cette liberté récemment conquise : au fur et à mesure que les restrictions se lèvent, certaines publications trouvent qu'elles doivent redéfinir leur identités. L'hebdomadaire d'information D&R en est un bon exemple : c'était une des rares publications qui osaient une critique fréquente de Soeharto, toujours défiant les limites de la tolérance officielle. Maintenant sa voix solo fait partie d'un choeur. Des articles parlant de la corruption et de l'abus de pouvoir qui, jusqu'il y a peu de temps n'auraient vu le jour que dans D&R sont actuellement monnaie courante dans toutes les publications.

Livres

L'attitude plus libérale envers la presse s'est également manifestée dans l'univers de l'édition, bien qu'il soit autant touché par la crise économique si non même plus, car le coût de production des livres a augmenté alors que le pouvoir d'achat du peuple a dégringolé.

Une nouvelle tendance intéressante qui monte est celle de la publication de monographies fines connues sous le nom de "buku cepat" ou livres rapides, la plupart desquels sont des critiques de l'actuel ou du précédent régime. Les ouvrages de cette nature et sur le sujet des réformes se vendent bien, surtout maintenant qu'ils peuvent être vendus ouvertement dans des librairies. Il existe plusieurs raisons pour cette nouvelle tendance de publications ...:

  • le coût élevé de la production des ouvrages plus importants (gros) dans des circonstances économiques difficiles (par exemple, le prix du papier à imprimer des livres s'est vu multiplié par trois en un an)
  • les publications moins chères sont susceptibles de se vendre plus
  • un bond d'enthousiasme pour publier tout de suite, maintenant qu'il y a liberté d'expression, après trois décennies de contrôle.

Néanmoins, c'est encore et toujours un défi pour les éditeurs que de survivre dans des circonstances économiques dures qui entourent l'Indonésie aujourd'hui. IKAPI, l'association des éditeurs indonésien, a 600 membres, et seuls 10% parmi eux publient actuellement de nouveaux livres. Environ 20% des membres ont suspendu les opérations et beaucoup d'autres réimpriment des titres qui ont eu du succès dans le passé.

D'autres éditeurs ont réagi de façons différentes. Mizan est un éditeur qui, dans le passé, se concentrait sur des publications islamiques. Aujourd'hui il a élargi son domaine, s'ouvrant, avec succès, au domaine du réforme. Il sponsorise des séminaires à ce titre et publie par la suite les actes et les communications. Mizan est un parmi plusieurs éditeurs qui ont misé sur la liberté d'expression et la popularité du thème réforma.

Les défis dans les acquisitions

Curieusement, les ramifications des développements liés à cette nouvelle époque ont présenté de nouveaux défis pour le programme d'acquisition de la Bibliothèque nationale d'Australie.

L'impact de la crise économique sur l'industrie éditoriale veut dire qu'il est plus difficile de publier des livres, et que les titres qui réussissent à paraître, paraissent en quantités plus petites. Par conséquent, malgré une plus grande liberté, faire entrer l'édition indonésienne, qu'il s'agisse du secteur officiel ou privé, présente plus de défi.

La structure, ou plutôt le manque de structure de l'industrie éditoriale indonésienne. Pour que la Bibliothèque nationale de l'Australie fasse entrer un flux consistant de publications indonésiennes de qualité, elle doit avoir un représentant en Indonésie pour identifier, suivre et coordonner les acquisitions.

La Bibliographie nationale n'est plus à jour quand elle paraît, ainsi elle n'est pas vraiment une aide pour les acquisitions. A cause des petits tirages, en particulier en ce moment, trouver un titre qui a paru depuis plus de six mois est très difficile.

Les nouvelles publications sont annoncées de façon très irrégulière, quand elles sont annoncées, et les publications officielles n'en font certainement pas parti.

Les journaux, les publications en série, les livres qui paraissent dans les provinces sont difficile, sinon impossible, à trouver à Jakarta. Ainsi il est nécessaire de voyager afin d'acquérir les publications provinciales qui surprennent par leurs quantité. L'industrie est caractérisée par de petits imprimeurs locaux à travers un archipel de 6000 kilomètres.

Les titres des publications en série qui naissent et disparaissent, en particulier ces temps-ci avec le flot d'enthousiasme pour "reformasi". Suivre les numéros manquants des titres des périodiques est une des plus difficiles et « chronophages » des tâches des acquisitions indonésiennes.

L'importance des contacts pour l'acquisition des publications officielles. Le premier défi est de trouver ce qui est publié ; le besoin d'un fournisseur de confiance, ayant des initiatives se fait ensuite sentir.

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Latest Revision: July 29, 1999 Copyright © 1995-2000
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