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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 062-122-F
Division Number: II
Professional Group: Science and Technology Libraries
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 122
Simultaneous Interpretation:   No

DÉBUT DE RÉPONSES À LA CRISE DES PÉRIODIQUES SCIENTIFIQUES

Duane Webster
Association of Research Libraries
Washington DC, USA


RÉSUMÉ:

Le problème récurent du prix élevé de l'accès à la littérature scientifique, technique et médicale (STM) touche aussi bien les pays développés que les pays en développement. Maintenir l'accès à un capital de recherche et d'érudition significatif alors que le volume et le prix de l'information ont été multipliés par trois en dix ans demande des stratégies innovantes et de nouveaux efforts de créativité.

Cet article commente l'arsenal de contre-mesures adopté par les bibliothèques des Etats-Unis, incluant la suppression des titres les moins utilisés, le passage de la propriété au droit d'usage, le partage des ressources et les achats collectifs. L'article examinera ensuite les nouvelles réponses stratégiques visant à identifier quelques unes des causes profondes de la crise STM : un marché imparfait, la place croissante des éditeurs commerciaux, le renforcement des éditeurs STM et la prolifération des titres. Au vu de cette analyse économique et des développements législatifs, la communauté scientifique doit absolument envisager des stratégies radicalement différentes pour répondre à la crise. Quelques unes de ces stratégies émergentes sont décrites dans cet article.


Paper

CONTEXTE

Les bibliothécaires sont très conscients de la dynamique du marché des périodiques scientifiques. ARL a rendu compte du fait qu'entre 1986 et 1997, le prix des périodiques d'érudition a spectaculairement augmenté de 169%1 Dans le même temps, les monographies ont augmenté de 69%. Ces augmentations considérables n'ont pas d'équivalent dans le monde universitaire ou économique. Par exemple, pendant la même période, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 64% et celui des dépenses de santé de 84% . L'augmentation des prix des périodiques est trois fois supérieure au taux d'inflation et deux fois supérieure au taux d'accroissement des dépenses de santé. Cette tendance des prix des publications savantes s'ajoute à l'augmentation continue des connaissances nouvelles et à la création de nouveaux supports de l'information qui imposent investissement sur investissement. Récemment, le Washington Post décrivait cette situation comme un océan d'information non cartographié, avec chaque année plus de 50 000 livres publiés en Amérique et plus de 400 000 périodiques publiés dans le monde2.

Il est évident que le problème du coût et de la disponibilité est plus aigu pour les périodiques scientifiques. Le coût moyen d'un abonnement annuel varie de 5 000$ à 20 000$. On se trouve donc souvent, du fait de la faible utilisation, avec un coût trop élevé par utilisation. Ces titres absorbent une large part du budget disponible pour les acquisitions au détriment des autres intérêts et besoins de l'université.

Les études de l'ARL sur l'évolution des caractéristiques des collections des bibliothèques ont été complétées par divers études sur le maintien des prix. Récemment, par exemple, une commission à Cornell a réalisé une étude sur le prix des périodiques en agriculture et sciences de la vie3. Le but de cette étude était de comparer les prix de 1988 avec ceux de 1994. L'étude a révélé que les éditeurs commerciaux avaient un taux d'augmentation bien supérieur, pour la période étudiée, à celui des sociétés savantes ou des éditeurs associatifs. De plus, les titres les plus chers étaient ceux publiés par les éditeurs commerciaux. Kraig Adler, président de la commission d'étude sur le prix des périodiques et vice chancelier de Cornell pour les sciences de la vie est « ...si inquiet qu'il encourage les chercheurs à ne pas proposer leurs articles aux périodiques les plus chers »4

Cette explosion du coût et de la quantité de périodiques scientifiques est cependant un terrain familier ; le phénomène a été décrit et analysé conférence après conférence, rapport après rapport. A l'université, beaucoup sont fatigués des plaintes et des chiffres. De plus en plus, on a l'impression que l'université doit faire plus que se plaindre et condamner. Le temps est venu d'une réflexion attentive et de réponses stratégiques résolues. Ces réponses doivent s'appuyer sur une compréhension solide des facteurs contribuant à la crise.

LES CAUSES

La cause principale de la crise du prix de la science est le marché imparfait qui caractérise les publications STM. Le marché imparfait est exploité par des éditeurs commerciaux qui ont appris que s'ils contrôlent l'approvisionnement, ils peuvent imposer les prix. L'université, d'un autre côté, considère souvent le travail de recherche et d'érudition comme un bien gratuit et l'acte de publication constitue ce que beaucoup ont désigné comme « échange de don » dans une communauté d'adeptes liés par un intérêt commun ; le don de tels cadeaux est censé gagner le respect des autres membres de la communauté.

Cependant, de plus en plus, la propriété intellectuelle, qui est à la fois un composant essentiel du processus de découverte et un résultat important de la recherche et de l'érudition, est sous le contrôle des éditeurs commerciaux. Ceci est arrivé à cause de facteurs variés, incluant la complexité et la difficulté associées à la publication STM, et de l'aptitude des éditeurs commerciaux à courtiser l'université avec des publications pratiques, une distribution dans les temps et la crédibilité.

Toutefois, l'activité de cette société d'échange de dons crée un environnement où le créateur de connaissance ne ressent aucune des conséquences directes de l'échec du marché. Ces collaborateurs de la base de connaissance que sont les facultés des universités ou les collèges attendent de leur institution qu'elle fournisse l'information courante dont ils ont besoin dans leur champ de recherche. Mais les universités qui ont déjà réalisé un investissement initial sous forme de salaires et d'infrastructures pour soutenir la recherche sont alors obligées de payer un prix exorbitant pour les fonctions d'édition, de production et de distribution qu'assument les éditeurs commerciaux. Avec l'augmentation de la quantité et du coût des nouvelles connaissances, l'université découvre qu'il lui est impossible de maintenir le niveau de soutien jugé nécessaire. Alors que les membres de la faculté estiment que la publication est un échange de biens gratuits, la poignée d'éditeurs qui est en train de prendre le contrôle de la propriété intellectuelle y voit l'opportunité de bénéfices accrus 5

En 1988, ARL passait contrat avec les Services de consultants en Economie (ESC) pour conduire une étude sur le prix des publications en série. ECS a mené une analyse des tendances des moyennes des prix d'abonnement et des coûts de publication sur la durée. Ils ont examiné quatre des plus importantes maisons d'édition et ils ont prouvé l'hypothèse que, après un ajustement lié aux fluctuations des taux de change, le prix des abonnements payés par les bibliothèques américaines avait augmenté plus vite que les coûts de publication, la différence allant à l'éditeur comme un bénéfice supplémentaire6

En 1997, une étude sur 20 ans des périodiques scientifiques par Tenopir et King7 aboutit à la même conclusion et attribuait, dans une proportion inconnue mais significative, l'augmentation aux méthodes de fixation des prix des éditeurs commerciaux. Des études par discipline ont montré à plusieurs reprises un coût plus élevé par caractère et par page pour les périodiques publiés commercialement que pour ceux publiés par des sociétés savantes ou des éditeurs non commerciaux.

Plus récemment, Mark McCabe, précédemment économiste au Département américain de la Justice (DOJ) rapportait les découvertes préliminaires d'un travail du DOJ pour développer un nouveau modèle de compréhension de l'impact concurrentiel de la fusion des éditeurs sur le marché des périodiques académiques8 Les protestations des bibliothécaires devant la fusion envisagée de Reed Elsevier et de Kluwer Wolters ont encouragé le DOJ à voir au delà des critères établis pour évaluer les fusions éditoriales et examiner si d'autres dynamiques étaient en cours qui auraient permis à des fusions de taille relativement modestes de causer des torts concurrentiels et une augmentation de prix. Plus de 50 bibliothèques de l'ARL ont fourni au DOJ des données concernant plus de 3000 titres de périodiques sur dix ans. Ces données, combinées avec d'autres collectées ailleurs par le DOJ ont permis à McCabe et ses collègues de développer et de tester des modèles en comparant les effets projetés avec les effets actuels des fusions et des acquisitions antérieures. S'appuyant sur ces tests, McCabe a émis sa nouvelle théorie de la gestion de la détermination des prix des périodiques en suggérant que les fusions éditoriales de taille relativement modeste peuvent causer des dommages concurrentiels. Alors que l'accord entre Reed Elsevier et Wolters Kluwer était finalement abandonné, plusieurs autres fusions éditoriales ont été soumise au DOJ. McCabe continue ses recherches pour le DOJ, tout en étant devenu professeur assistant à l'Institut de Technologie de Georgie9.

Les travaux de McCabe nous aident à comprendre la dynamique du marché des périodiques académiques. Ils nous donnent un modèle économique suggérant que les éditeurs commerciaux mettent en oeuvre des stratégies économiques de consolidation et de prolifération des titres pour établir leur contrôle sur des domaines précis. Ces stratégies leur permettent d'augmenter leur prix de façon exponentielle. Le DOJ peut envisager des actions futures qui protégeront la communauté universitaire des pratiques anti-compétitives de certains éditeurs. Plus important encore, ils vont confronter certaines de nos spéculations avec les faits, nous permettant de développer des stratégies plus efficaces pour contester le statu quo.

Brendan Wily, bibliothécaire à la Johnson Graduate School of Management Library de l'Université de Cornell, utilise des données du domaine public pour analyser la santé financière de quatre entreprises majeure qui ont un département important en édition de recherche10 Wyly décrit les mesures de profit trouvées dans les rapports annuels de ces compagnies et conclut que les bénéfices de quelques unes de ces maisons commerciales d'édition des périodiques académiques sont tout à fait exceptionnels. Il conclut aussi que ces bénéfices confirment le manque de concurrence sur le marché. Sa réponse est de demander un nouveau système de communication académique, créé d'abord par les universités, qui apporte le type d'innovations qui pousseront les auteurs à quitter les éditeurs commerciaux et à mettre fin à l'acquisition de périodiques commerciaux au profit d'un marché non compétitif.

Beaucoup pensent que les pratiques de détermination des prix de certaines compagnies commerciales travaillant dans un marché quasi monopolistique sont la cause majeure des prix élevés. Changer les schémas d'augmentation déraisonnables des prix demandera de s'intéresser aux conditions économiques et comportementales qui ont conduit à cette situation.

LES RÉPONSES HABITUELLES DES BIBLIOTHÈQUES

Les réponses des bibliothèques devant cet accroissement des recherches sur la nature et l'ampleur de l'augmentation des prix des périodiques scientifiques ont été multiples. Les conférences nationales et internationales des bibliothèques ont attiré l'attention sur les résultats des recherches et exploré les solutions possibles. Au niveau local, les bibliothécaires ont combiné les expériences de campus et la littérature publiée sur la recherche pour aider à informer les facultés et les enseignants sur les défis financiers et les choix inhérents à la gestion des collections de périodiques. Avec le temps, ce processus d'information et de formation des utilisateurs des bibliothèques académiques, des responsables et des organismes donateurs a contribué à élargir le cercle des gens conscients des dysfonctionnements de ce marché. Avec cette prise de conscience, s'est fait jour le sentiment, dans la communauté académique, que tout le système de communication académique risque de s'effondrer à moins que la communauté ne fasse des efforts concertés pour promouvoir des canaux moins coûteux de publication, de diffusion et de conservation de la recherche académique

Au delà de la communication et de l'enseignement, les bibliothèques ont opéré des changements significatifs du fait de cette tendance des prix. Les bibliothèques n'ont pas eu d'autres choix que la suppression d'abonnements et la réduction des acquisitions de monographies, modifiant profondément leur pratiques traditionnelles. De plus en plus, l'accès limité dans le temps à un grand nombre de sources utiles d'information est la réponse institutionnelle, plutôt que l'approche plus traditionnelle de s'assurer la propriété des sources de connaissances pour un accès à long terme.

Les bibliothèques ont dépensé beaucoup d'énergie à améliorer les modèles de communication des documents et à développer des systèmes de prêt entre bibliothèques plus performants et moins coûteux. Le développement de collections communes et le partage des ressources sont devenus routine et lieu commun dans les groupements nationaux et régionaux de bibliothèques, avec la promesse d'un accès élargi à l'information recherchée, et à un coût raisonnable. Des groupements régionaux d'achats se sont formés afin d'organiser le marché des bibliothèques pour louer les accès à l'information électronique. De plus en plus, les licences de site donnent un accès immédiat aux ressources d'information en réseau sur une base temporaire.

Plusieurs universités ont informé certains éditeurs que la dépense totale pour les périodiques était fixée dans le budget, et qu'en cas d'augmentation de leur part, les abonnements seront supprimés afin que la dépense de l'université par éditeur reste stable. Cette démarche assure les facultés d'autres disciplines que le budget des périodiques scientifiques ne consommera pas une part exagérée du budget d'acquisition des bibliothèques.

Mais ces démarches semblent surtout avoir un poids à court terme essentiellement pour les institutions locales. Elles servent à informer et mobiliser le personnel, les administrateurs et la faculté, mais jusqu'ici, elles n'ont eu aucun effet de modération sur la tendance des prix observées ces dernières décades.

NOUVELLES RÉPONSES STRATÉGIQUES

En décembre 1997, un groupe de responsables universitaires s'est réuni à Johns Hopkins pour réfléchir sur les réponses stratégiques au problème du prix des périodiques scientifiques. Financé par l'Association des bibliothèques de recherche et par l'Association des universités américaines, le groupe fut réuni par le Pew Higher Education Roundtable.11 Les discussions ont conclu que le temps était maintenant venu d'une action fondé sur une compréhension résolue du marché des publications académiques et une disponibilité à saisir les opportunités offertes par les nouvelles technologies de l'information. Ces responsables ont mis en avant cinq grandes stratégies requérant collaboration et action concertée pour répondre à la crise des prix de l'édition scientifique.

La première stratégie avancée par la réunion du groupe est de trouver les moyens de séparer la notion de quantité de publication de celle de qualité de publication dans les revues sélectives et les processus de promotion à l'intérieur de l'université. Le propos ici était que nombre d'articles produit par un membre de l'université peut parfois dénaturer une production intellectuelle de qualité et contribuer à l'obligation de construire et de maintenir de grandes collections de ressources peu utilisées.

La seconde stratégie est de promouvoir la notion que les bibliothèques de recherche devraient mieux définir le marché et agir comme des acheteurs collectifs des produits d'information nécessaires. L'idée est que des achats plus systématiques sur un plan local, régional et national devraient favoriser des économies et accroître l'influence sur le marché.

La troisième stratégie consiste à redéfinir la façon dont l'université gère les droits intellectuels des résultats des travaux menés dans le cadre de l'université et avec ses moyens. Le but est d'obtenir le soutien de l'Université pour récupérer quelques uns des droits de propriété intellectuelle réclamé par les éditeurs commerciaux.

La quatrième stratégie vise à exploiter la publication électronique sur le web pour donner à l'université les moyens d'annoncer et de certifier de nouveaux résultats de recherche. La Pew Roundtable a exploré les niveaux de distribution sur le web, incluant les annonces, les preprints et projets, et les publications complètement expertisées. A une étape ultérieure du processus de publication, la version imprimée deviendra disponible.

La cinquième stratégie pousse les institutions de recherche et leur facultés à redéfinir le processus par lequel la communauté scientifique communique les avancées de la connaissance et à créer un processus électronique de validation par les pairs, complément de la publication d'une revue. Cette validation par les pairs devrait être prise en charge par les sociétés savantes et non par les éditeurs commerciaux.

Ces diverses stratégies, mises en avant par la Pew Roundtable, reçoivent des réponses prudentes de la communauté. Par exemple, la communauté des bibliothèques considère attentivement l'incitation à redéfinir les décisions d'acquisitions, passant d'un système de collecte globale à un système d'acquisitions fondé sur la valeur d'usage.

Les systèmes d'acquisitions fondés sur la valeur d'usage sont considérés comme une réponse stratégiquement utile. Dans cette approche, l'utilité d'un titre en relation avec son prix crée un ratio qui aide à déterminer si le titre sera acquis. Ce critère utilitaire, plus que d'autres critères subjectifs, tel que le prestige ou la préférence d'une faculté, devient un élément déterminant de l'achat. Selon Stanley Wilder, de la bibliothèque de l'Université d'Etat de Louisiane, nonobstant leur prix, les publications commerciales ont moins de valeur pour la faculté que les publications des sociétés savantes lorsqu'on prend en compte les revenus qu'elles impliquent. Wilder présente le cas particulier de la chimie où il trouve que les périodiques produits commercialement représentent 74% du revenu dépensé pour un ensemble de titres en chimie qui ne contribue qu'entre 22 et 35% de la valeur d'usage. La réponse? Il appelle à un changement de la philosophie de ces bibliothécaires universitaires qui recherchent l'exhaustivité dans leurs acquisitions de périodiques scientifiques et techniques. Il recommande au contraire de placer la valeur d'usage au coeur de la collecte d'information scientifique et technique et de reléguer la littérature de moindre valeur d'usage à un système plus efficace et moins coûteux d'achat à la demande 12.

La Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (SPARC) a été formé par l'ARL pour créer une nouvelle stratégie parmi d'autres pour répondre à la complexité liée au système actuel de la publication scientifique. SPARC est une union de bibliothèques qui entretient une vaste compétition dans la communication scientifique. Lancée avec le support des membres de l'ARL, SPARC crée des partenariats avec les éditeurs qui développent des alternatives économiques de haut niveau aux publications existantes à prix très élevé. En s'associant aux éditeurs, SPARC veut :

- créer un marché plus compétitif où le coût d'acquisition et d'utilisation des périodiques est réduit et dans lequel les éditeurs attentifs aux besoins des usagers sont récompensés ;
- assurer le bon usage des ressources électroniques en renforçant les droits de propriété intellectuelle et les privilèges des auteurs
- aider à l'utilisation des nouvelles technologies pour améliorer le processus de la communication scientifique et réduire les coûts de production et de distribution.

SPARC influence positivement le marché en y introduisant des éditeurs où les prix sont les plus hauts et la concurrence la plus nécessaire : principalement en sciences, technique et médecine. Par ses activités, SPARC réduit les risques pour les partenaires éditeurs et offre aux universités des alternatives prestigieuses et réactives aux supports actuels. Pour cela, SPARC sollicite et encourage la création de nouvelles publications de haute qualité et à prix raisonnable ; garantit une base d'abonnements et les nouveaux produits du marché aux souscripteurs potentiels du capital de départ ; assure aux projets SPARC le support de facultés prestigieuses, d'organisations d'éducation, de sociétés professionnelles et d'éditeurs académiques. Pour l'heure, trois partenariats ont été établis et d'autres sont en projet 13.

Dans un second ensemble d'activités, SPARC envisage de donner des aides financières pour stimuler et accélérer la création de nouvelles « communautés d'information scientifique », fondées sur l'université, au service de l'utilisateur dans les champs-clefs des sciences, de la technologie et de la médecine (STM) (par exemple un modèle de serveur fondé sur les disciplines);

Dans cette initiative, SPARC soutiendra des projets qui :

  • offrent une réponse stratégique prometteuse aux inefficacités triomphantes et aux inégalités de l'actuel système traditionnel de communications académiques et
  • garantissent notre support grâce à un solide potentiel de transformation du marché STM, particulièrement en ce qui concerne la dissémination de la recherche, pour le bénéfice de la science, de l'université et de la société en général.

Le doyen de l'Université du Kansas, David E. Shulenburger apporte une autre réponse stratégique à la crise du prix des périodiques scientifiques. Il propose de résoudre la crise par la création d'un Dépôt électronique national d'articles (NEAR), un serveur public centralisé, qui gérerait les droits de propriété intellectuelle associés aux publications universitaires. Il argumente que lorsqu'un manuscrit est préparé par un membre id'une faculté et qu'il est accepté pour être publié dans un périodique de recherche, une partie des droits de copyright de ce manuscrit devrait être retenue pour une introduction dans un dépôt unique, accessible à tous, après un délai suivant la publication du périodique. Actuellement, quasi tous les périodiques de recherche réclament que tous les droits de copyrights passent de l'auteur au périodique lorsqu'un manuscrit est accepté pour la publication. Dans cette proposition, seul le droit exclusif de publication du manuscrit dans un périodique est concédé. L'auteur conserve le droit de mettre le manuscrit dans NEAR, quatre vingt dix jours après la parution dans le périodique 14.

Shulenburger démontre qu'en demandant aux auteurs de soumettre leur travail à NEAR 90 jours après la publication, on contraindra les éditeurs à revoir leur valeur ajoutée et à réduire leur prix d'autant. Shulenburger note qu'il « ne croit plus que les solutions qui ne prennent pas en compte la propriété finale de la communication scientifique, c'est-à-dire le droit d'auteur, soient viables ». Il remarque que les articles érudits ont une valeur de marché, comme le prouve les pratiques de fixation des prix et les énormes bénéfices des éditeurs commerciaux. Il s'intéresse au fait que les sociétés à but non lucratif reconnaissent aussi cette valeur de marché et, d'après les données collectées au Kansas, qu'elles aient commencé à les exploiter. Shulenburger pense qu'en limitant les droits que les auteurs universitaires peuvent transférer aux éditeurs (ce qui est indispensable pour la mise en place de NEAR), on limitera la possibilité pour les éditeurs de contrôler et d'exploiter toutes la valeur possible d'un article de périodique.

Un autre responsable universitaire, Charles E. Phelps, doyen de l'Université de Rochester offre aussi des idées. Il note que l'étape la plus importante pour réaliser une concurrence efficace aux journaux existants est la création d'un mécanisme alternatif pour mettre en oeuvre le processus d'expertise/validation actuellement fourni uniquement par les comités éditoriaux des périodiques imprimés. Il observe que les technologies digitales permettent la séparation totale du processus de validation du reste du processus de publication (reproduction, distribution, indexage, archivage, etc.).

Phelps propose d'utiliser les nouvelles possibilités électroniques pour séparer des fonctions exercées jusqu'ici par le système de publication des périodiques. Il pense qu'en payant les sociétés savantes pour mener l'expertise des pairs, les fonctions de publication et de distribution peuvent être laissées à d'autres organismes, c'est-à-dire des serveurs par discipline ou d'université. Cette séparation ou ce « découplage » des fonctions brise le lien entre le processus d'expertise par les pairs, qui est essentiel dans l'université, et la publication d'un travail, lien qui est exploité par la plupart des éditeurs, comme le démontre leur pratique de prix. Pour lui, la question n'est pas « si le périodique rend des services de valeur - ils le font sans discussion - mais si les termes du marché sont corrects ». Phelps suggère plusieurs mesures que pourraient prendre la communauté universitaire : - mieux intégrer les facultés dans les processus de constitution des collections ; - créer des critères de récompense pour les bibliothèques qui favorisent les accès partagés et les consortia ; - évaluer la recherche universitaire sur la base de la qualité, pas de la quantité - et modifier la pratique courante d'attribution complète des droits de propriété. Mais il conclut que les problèmes du prix des périodiques ne peuvent être résolus que par l'introduction large et systématique d'une concurrence vigoureuse dans le monde de l'édition... » Phelps croit qu'il revient aux universités d'introduire cette concurrence et de proposer le découplage comme l'une des alternatives possibles 15.

CONCLUSION

Les études citées dans ce papier illustrent les voies de sortie qui s'offrent aux bibliothécaires et aux chercheurs pour diffuser efficacement l'information, particulièrement en utilisant les périodiques de recherche. En examinant l'augmentation des prix des périodiques de plusieurs points de vue, chaque étude conclue de la même façon que des pratiques de prix abusifs existent bien chez les éditeurs commerciaux et que ceci a entraîné un effet monopolistique sur le marché des périodiques académiques. L'Economic Consulting Service signalait en 1989 que l'augmentation des prix de production et l'accroissement de la taille des titres ne justifiaient pas totalement l'augmentation des prix réalisée par les principaux éditeurs commerciaux. L'étude sur 20 ans, conduite par Tenopir et King en 1997 attribuait l'augmentation des prix aux pratiques de fixation des prix des éditeurs commerciaux. Mark McCabe rapportait en 1998 que les travaux du DOJ pour développer un nouveau modèle de compréhension de l'impact concurrentiel des fusions éditoriales sur le marché des périodiques académiques concluaient que les fusions éditoriales, même de taille modeste, pouvaient causer des dommages concurrentiels en permettant aux éditeurs commerciaux de pratiquer des prix abusifs.

Les causes fondamentales du problème du prix des périodiques scientifiques ne peuvent être contrées que par l'introduction d'une concurrence élargie et vigoureuse dans le monde de l'édition STM. Les ripostes montrent que les bibliothèques et les chercheurs cherchent de plus en plus des solutions alternatives. Quelques unes des stratégies clefs à mettre en oeuvre pour développer la concurrence dans le marché des périodiques de recherche sont : les recommandations de la Pew Roundtable ; des systèmes d'acquisition fondés sur la valeur d'usage, la Scholarly Publishing and Academic Coalition, le National Electronic Article Repository ; et le découplage de l'évaluation par les pairs de l'acte de publication. Des bibliothèques, des universitaires et des éditeurs travaillent ensemble pour augmenter la concurrence et faire baisser les prix sur le marché des périodiques académiques.

NOTES

1. ARL Statistics 1996/97

2. Washington Post (p. A22), March 12, 1999

3. Honan, William H. "Latest Discovery in Scholarly Journals Is Runaway Subscription Costs" New York Times (p. A18), March 3, 1999

4. Cornell University Faculty Taskforce, Journal Price Study of Core Agricultural and Biological Journals. Nov. 1998

5. "Pew Roundtable Report: To Publish and Parish" Policy Perspectives, Volume 7, No. 4, March 1998

1. Report of the ARL Serials Prices Project. Association of Research Libraries, Washington, DC May 1989

7. Journal of Scholarly Publishing, April 1997

8. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 191, April 1997

9. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 200 (p. 3), October 1998

10. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 200, October 1998

11. "Pew Roundtable Report: To Publish and Parish" Policy Perspectives, Volume 7, No. 4, March 1998

12. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 200 (p. 2), October 1998

13. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 199 (p. 1), August 1998

14. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 200 (p. 2), October 1998

15. ARL: A Bimonthly Newsletter of the Association of Research Libraries Issue 202 (p. 5), February 1999

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Latest Revision: June 16, 1999 Copyright © 1995-2000
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