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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 075-157(WS)-F
Division Number: II
Professional Group: Art Libraries: Workshop
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 157
Simultaneous Interpretation:   Yes/No

Atelier Le bibliothécaire d'art en temps que médiateur : l'art d'être bibliothécaire

Petra van den Born
Amsterdams Historisch Museum

&

Wilbert Helmus

Rijksmuseum Amsterdam


Paper

Qui sommes nous ?

Nous, Petra van den Born et Wilbert Helmus, sommes bibliothécaires travaillant respectivement au Musée historique d'Amsterdam et au Rijksmuseum1. Les fonds des deux bibliothèques reflètent les riches collections d'oeuvres d'art et d'art décoratif de chaque musée. Bien qu'il y ait une grande différence entre les bibliothèques, par exemple, la taille (la bibliothèque du Rijksmuseum abrite environ 250 000 volumes, tandis que le Musée historique d'Amsterdam abrite environ 20 000 volumes), et l'organisation (le Rijksmuseum est une institution financée par l'Etat, alors que le Musée historique d'Amsterdam est une institution financée par la ville), nous avons découvert des similarités frappantes.

Nos salles de lecture sont situées dans la même ville, séparées de trois canaux l'une de l'autre. Nous partageons le même public : les historiens et les historiens d'art qui sont les conservateurs des musées, aussi bien que le public des musées qui va du chercheur hollandais ou étranger au grand public. Nous considérons comme notre devoir de servir de médiateur parmi toutes les différentes sources disponibles pour le profit de l'utilisateur. C'est l'essentiel de notre travail.

Cet exposé s'inspire de la dernière partie du thème de notre atelier : Estomper les divisions : les bibliothécaires d'art devraient-ils travailler avec les archivistes, les conservateurs, les éducateurs, ou devraient-ils devenir plus spécialisés ? Ce que nous avons mis en italique a suscité une réaction unanime, à la limite de l'indignation : Pourquoi plus spécialisés ? Nous sommes spécialisés !

Nous savons par expérience grâce à la littérature professionnelle (avec l'accent mis sur les historiens d'art en tant que chercheurs d'information ; citons Bierbaum 1996 ; Brooks Jeffery 1998 ; Podstolski 1996 ; Stam 1997), que les bibliothécaires ne sont généralement pas les premiers à qui l'on demande de localiser l'information ou de signaler les pistes possibles. Au lieu de rester frustrés sur cette question, nous proposons des points de débat afin de provoquer une discussion pour mieux définir et classer notre spécialisation. Un bibliothécaire travaille mieux lorsque tout le monde est conscient de la définition et de la signification du travail bibliographique dans le contexte de la bibliothèque d'art (c'est à dire qu'il communique, partage et interroge ses collègues et le public)

La salle de travail

Cinq jours par semaine derrière le bureau de renseignements, au milieu de la salle de lecture du musée, nous sommes littéralement assis au centre du processus d'information. Cette situation nous donne l'opportunité de voir et d'évaluer les pratiques de recherche de l'information de nos utilisateurs. Qui sont les utilisateurs de nos bibliothèques ? Une typologie, souvent utilisée, les divise en deux groupes principaux : les utilisateurs internes et les externes. Les utilisateurs internes représentent les membres du personnel du musée : par exemple, les conservateurs, les restaurateurs, les éducateurs, etc. Les utilisateurs externes peuvent être identifiés comme les historiens (d'art), les étudiants, les commissaires-priseurs, les collectionneurs, les éditeurs et le grand public « qui veut en savoir plus ». Ayant pris conscience de cette classification, nous traiterons des méthodes de recherche de l'information de ces deux catégories, de façon simultanée.

Puisque nous partageons les mêmes lecteurs, nous observons des type de chercheurs d'informations similaires. Par exemple, un visiteur entre dans la salle de lecture, va droit sur l'OPAC et touche immédiatement le clavier. Après avoir passé quelques temps devant l'écran, le chercheur soupire et quitte la salle de lecture. Il n'a rien trouvé d'intéressant dans l'ordinateur, si bien que le visiteur conclue de lui-même qu'il (ou elle) est au mauvais endroit. Un autre type est celui du visiteur qui demande de plus en plus d'ouvrages et de périodiques sans donner l'impression qu'il (ou elle) est satisfait avec la pile de documents trouvés. Encore un autre modèle : le visiteur qui va directement au bureau de renseignements pour une question sur un sujet de recherche, en espérant que le bibliothécaire est « une encyclopédie sur deux pattes ». Un cas de visiteur rarement observé est celui qui va plutôt au bureau de renseignements pour avoir des instructions sur la manière de chercher et où trouver l'information. Cependant, en tant que bibliothécaires d'art, la simple observation de nos utilisateurs n'est pas notre spécialisation. La question est donc :

Quelle est exactement notre spécialisation ?

Du fait de nos observations et de nos expériences sur le terrain, nous connaissons nos lecteurs et leurs méthodes de recherche de l'information. De nos jours, il semble de plus en plus facile à chacun d'entre nous de trouver de l'information, particulièrement en raison de toutes sortes de développements électroniques. Est-ce que notre lecteur rarement observé, celui qui demande comment et où trouver l'information souhaitée, deviendra-t-il de plus en plus rare ?

Les recherches sur la façon dont les professionnels cherchent l'information (Scholten 1994 ; STAM 1997 : 28-29) modifient ce point de vue. Même si les professionnels utilisent à la fois les services traditionnels (livres, périodiques, etc.) et les modernes (bases de données électroniques, etc.), ils utilisent en réalité les sources suivantes : tout d'abord, les collègues et la littérature qu'ils ont dans leur propre bibliothèque ou dans leur département, deuxièmement, leurs archives personnelles, et troisièmement, la bibliothèque. Et cela dans cet ordre. Il semble que l'usager juge une information utile et suffisante si elle provient de son contexte de travail proche. Les collègues proches semblent être des sources d'information de grande valeur. L'art d'être bibliothécaire est pour cette raison basé sur la rencontre avec les utilisateurs, en créant un terrain de confiance. Il faut construire une relation personnelle afin de s'impliquer dans les procédures de recherche de chaque usager. C'est d'arriver à cela qui fait notre spécialisation ?

Quelques ingrédients sautent aux yeux : l'éducation, le savoir, l'expertise et l'expérience (Staffing 1995 : 28). Ce qui est moins nécessaire (car trop idéaliste, voir Podstolski 1996 :5-6) : doubler complètement le savoir de l'usager en essayant d'être à la fois bibliothécaire et historien d'art, et historien, et conservateur, et archiviste, et architecte, etc. Il a aussi des ingrédients tout aussi nécessaires, quoique moins évidents : savoir évaluer l'information, le plaisir du travail de détective, l'enthousiasme pour sillonner les routes du « monde électronique » afin de trouver toujours plus ; et une attitude de disponibilité.

Pour bien faire, c'est à dire, pour être un bibliothécaire d'art qui est comme une araignée sur la toile de l'information bibliographique ou non bibliographique, certaines conditions doivent être remplies. Pour jouer le rôle de médiateur efficace entre les diverses collections et les utilisateurs, et entre les spécialités des utilisateurs (vital dans un musée où la plupart des spécialistes (in)habituels se retrouvent), une attitude de partage et de dialogue est indispensable. A tous points de vue. Le partage et le dialogue est une attitude que doivent avoir les utilisateurs envers le bibliothécaire, que doivent avoir les bibliothécaires envers les utilisateurs, et enfin, mais sûrement pas le moindre, parmi le personnel de la bibliothèque (s'il y en a).

Dans le contexte de l'IFLA/ARLIS, nous souhaiterions aborder la communication dans ce dernier groupe, entre les membres de la bibliothèque, et nous nous demandons ... De quoi parlons-nous dans nos réunions internes de personnel ?

Un grand nombre de communications abordent la question de l'administration, du développement, de l'organisation, du financement et de la maintenance de la collection de la bibliothèque. C'est tout à fait normal pour un département, comme une bibliothèque, qui a comme objectif de fournir un service à une organisation dont elle dépend, le musée, avec une collection de taille adéquate. Mais combien de fois dans ces réunions est abordée la question de l'aide et l'assistance à nos lecteurs ? Est-ce que nous, en tant que membre du personnel de la bibliothèque, partageons entre nous les sujets qui nous ont été posés par nos divers lecteurs : c'est à dire, par les conservateurs et le personnel des autres services, les étudiants de deuxième et de troisième cycle qui ne peuvent trouver ce qu'ils cherchent dans la bibliothèque universitaire, le public qui peut chercher une information sur n'importe quel sujet allant de l'histoire d'un objet exposé à une opinion sur un livre ? Afin de renseigner et d'informer notre public, il est essentiel de partager d'éventuels liens entre leurs besoins d'information spécifiques et la collection. Discuter des sujets qui intéressent nos lecteurs ne permettrait pas seulement d'améliorer notre service bibliographique. Il nous aiderait à mieux sélectionner, faire nos acquisitions et notre catalogage. Et, point à ne pas négliger, ce serait un bénéfice pour le travail d'équipe.

Actuellement, le pari n'est pas de devenir « une encyclopédie sur 2 pattes » (surtout, n'essayez même pas !), mais de prendre le temps de partager l'information afin de devenir un « lien vivant ».

Pour conclure, le véritable bibliothécaire d'art est une personne qui a des qualités de médiateur et des capacités d'échange : il guide activement les lecteurs vers les sources qui les intéressent, établissant des ponts entre les lecteurs et les sources, puis entre les lecteurs et les spécialistes. En d'autres termes : un agent d'échange d'information avec qui les archivistes, les conservateurs et les éducateurs devraient travailler.

Points à débattre

1. Tant que les bibliothécaires d'art ne seront pas parmi les premiers à rechercher les informations et à indiquer les pistes de recherches possibles, nous aurons raté notre but de bibliothécaire.

2. Au lieu d'être en compétition dans le domaine de la connaissance en histoire de l'art, le bibliothécaire d'art devrait influencer les techniques de recherche d'informations : le bibliothécaire en tant qu'info-thérapeute2

3. Souplesse, communication, ouverture d'esprit, intérêt, disponibilité, ce sont les qualités qui devraient prises en compte lors de l'embauche des bibliothécaires d'art ; aucun des autres spécialistes n'aura ces qualités comme pré-requis professionnel

4. Le comportement face à la recherche d'informations des visiteurs d'une bibliothèque d'art n'est pas déterminé par leur spécialisation ; en revanche, la manière dont ils se servent de cette information est spécifique de leur spécialisation.

Notes

1 Pendant la préparation de cette communication pour l'atelier, Petra van den Born était employée en tant que chef des Services de Références de la Bibliothèque Centrale de l'UNESCO à Paris.

2 Kuny, 1998.

Références bibliographiques

Bierbaum 1996
E.-G. Bierbaum, « Museum libraries : the more things change ... », Special Libraries 87 (1996) 2, p. 74-87

Brooks Jeffery 1998
R. Brooks Jeffery, « Librarians as generalists : Redefining our role in a new paradigm », Art Documention 17 (1998) 2, p. 25-29

Kuny 1998
Terry Kuny, « New Technologies, New Services, New Directions for Librarianship ? », Ottawa 1998 (URL : www.ifla.org/IV/ifla64/kuny.pdf)

Marmor 1995
Max Marmor, « Baedeker and Art Bibliography », Art Documentation (1995) winter, p. 25-26

Podstolski 1996
Max Podstolski, « What does it mean to be a 'professional' art librarian ? : 'existential' versus 'ideal', Art Libraries Journal 21 (1996) 2, p. 4-8

Staffing 1995
« Staffings Standards for Art Libraries and Visual Ressources Collections », Art Documentation (1995) winter, p. 27-32

Stam 1997
Deidre Corcoran Stam, « How Art Historians Look for Information », Art Documentation 16 (1997) 2, p. 27-30

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Latest Revision: October 5, 1999 Copyright © 1995-2000
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