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66th IFLA Council and General
Conference

Jerusalem, Israel, 13-18 August

 
 


Code Number: 082-141-F
Division Number: V
Professional Group: Rare Books and Manuscripts
Joint Meeting with: Art Libraries
Meeting Number: 141
Simultaneous Interpretation: No

Etats Unis manuscrits et incunables Hebreux

William Baker
Founder's Memorial Library
Northern Illinois University, USA


Paper

Développement

Je commencerai mon intervention en excluant ce qui n'en fait pas partie, ce dont je ne parlerai pas. Les trente prochaines minutes ne doivent pas être considérées comme un relevé général des localisations des manuscrits écrits en caractères hébreux ou des ouvrages imprimés en caractères hébreux et publiés au 15e siècle, ou au tout début du 16e siècle, c'est-à-dire les incunables. Il existe des listes connues des incunables conservés dans les bibliothèques américaines.

L'ouvrage de Frédérick R. Goff " Incunabula in American Libraries : A Sunplement to the Third Census of Fifteenth Century Books Recorded in North American Collections " a été publié en 1973. Des entrées avec des additions et corrections substantielles ont été incorporées dans le ISTC " Incunable Short Title Catalogue " à la British Library. Il y a une section à part pour les " Hebraïca " (Incunables en caractères hébreux uniquement, dans le Goff, qui présente aussi une liste des nouveaux possesseurs et des changements de provenance " institutionnelle " et " privée " ainsi que des listes par noms de lieux.

Le récent ouvrage de A.K. Offenberg complète celui de Goff. " Hebrew Incunabula in Public Collections : A first International Census " d'Offenberg (1990) a été compilé en collaboration avec M. C. Moed Van Walraven. L'ouvrage d'Offenberg " A Choice of Corals : Facets of Fifteenth Century Hebrew Printing " (1992) est une véritable mine d'information sur laquelle je reviendra plus tard. Dans son étude de 1990, Offenberg recense les localisations de 139 incunables hébreux.

Il écrit : " Il existe 139 éditions d'ouvrages en hébreu dont on peut assurer presque à 100% qu'ils ont été imprimés avant le 1er janvier 1500. Il y a actuellement quelques 2000 exemplaires dans 155 collections publiques à travers le monde : plus de 1200 dans les collections européennes, plus de 500 aux Etats-Unis et au Canada et plus de 200 en Israël (il y en a également 4 en Australie). Dans sa monographie publiée en 1992, Offenberg en rajoute un aux collections australiennes. Mais l'objectif de mon article n'est pas de décrire les localisations de plus de 500 exemples aux Etats-Unis et au Canada."

Mon intention n'est pas non plus de décrire les localisations des manuscrits écrits en caractère hébreu actuellement aux Etats-Unis. Malachi Beit-Arié, distingué paléographe et codicologiste, et ses collègues de l'Institut israélien pour la photographie des manuscrits hébreux, fondé en 1950, ont microfilmé systématiquement, complètement et patiemment les manuscrits du monde entier. Ils ont créé une base de donnée informatisée qui révèle parmi d'autres données la localisation des manuscrits hébreux. Le " Jewish Theological Seminary Library " de New-York possède la collection de microfilms Louis Ginsberg qui est une importante base sélective de manuscrits hébreux.

Le recensement de Goff et celui d'Offenberg, les études de Beit-Arié décrivent les ouvrages et les manuscrits conservés dans les collections publiques et privées. La localisation des ouvrages et manuscrits hébreux est un sujet intéressant en soi. Les manuscrits et ouvrages hébreux survivent moins que d'autres produits culturels, moins par exemple que les oeuvres en latin. La perte des codex peut être attribuée aux pérégrinations, aux persécutions, à un emploi excessif. Les manuscrits n'étaient pas conservés dans des monastères, ils appartenaient à des particuliers et étaient d'un usage privé. L'emploi du codex par les juifs s'est poursuivi longtemps après Gutenberg et la diffusion de l'imprimerie en Europe de l'Ouest. Cependant la perte des codex et des manuscrits écrits en hébreu est importante même s'il en reste encore.

Le recensement international d'Offenberg (1990) a paru au moment de l'éclatement et de la désintégration de l'Union soviétique. Malgré l'ouverture qui en a suivi, on n'a pas encore examiné, quantifié ni décrit complètement les manuscrits hébreux accessibles à St-Petersbourg, ancienne Leningrad.

Un hommage doit être rendu ici à l'ouvrage pionnier de S.M. Jakerson. Son catalogue (1988) des incunables hébreux du Département de l'Institut Oriental de l'Académie russe des sciences de la Bibliothèque de St-Petersbourg est une révision d'un premier ouvrage publié à Leningrad en 1985. Cette révision postérieure " enrichie par des descriptions d'exemplaires de la Lenin State Library et de la M.>E. Saltykov - Shchedrin State Public Library à St-Petersbourg " révèle " 41 additions sur un total de 111 exemplaires " (Offenberg, A Choice of Corals, p. 21).

Jakerson se préoccupe du sort des incunables. L'accès aux manuscrits hébreux jusqu'alors inaccessibles à St-Petersbourg et ailleurs n'est pas la seule conséquence de l'effondrement de l'Union soviétique sur l'étude des manuscrits et incunables hébreux. Les manuscrits hébreux étaient en grande partie le produit du secteur privé plutôt que du secteur public ; ceux-ci n'étaient pas produits collectivement dans les monastères. Les colophons font apparaître des copistes auto-financés. Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, le secteur privé a pénétré l'ex-Union soviétique et les régions voisines. Des transactions financières ont conduit au transfert de nombreux livres et manuscrits vers de nouveaux lieux. Quelques uns de ces codex et incunables sont parvenus aux Etats-Unis et dans d'autres pays.

Les recensements de Goff et Offenberg révèlent la richesse des dépôts de manuscrits et incunables hébreux à l'intérieur des Etats Unis dans les collections publiques et privées. Les collections publiques ne sont nullement limitées aux institutions juives comme le " Jewish Thelogical Seminary Library ", New-York, ou, pour prendre un autre exemple, l' " Hebrew Union College Library ", Cincinnati, Ohio. Dans une liste pratique recensant le nombre d'exemplaires d'incunables hébreux se trouvant dans des collections publiques d'importance, l'ouvrage d'Offenberg " A Choice of Corals " révise rigoureusement la liste donnée par l' " Encyclopedia Judaïca (VII, col.1322) en 1971, Jérusalem. Offenberg inventorie sept collections publiques américaines d'importance possédant des incunables hébreux : " the Harvard College Library " (33 exemplaires) ; the " Hebrew Union College Library ") Cincinnati (77), " Columbia University ", New-York (28) ; the " Jewish Theological Seminary Library ", New-York (1952) ; the " New York Public Library " (36) ; Yeshiva University ", New York (38) ; et la " Library of Congress ", Washington (38) [Offenberg, pp 52-53].

Je voudrais maintenant, pour illustrer la richesse des collections américaines des manuscrits et incunables hébreux, insister sur une zone géographique spécifique et, à l'intérieur de cette zone, insister sur deux collections en particulier, l'une privée, l'autre publique. Ce ne sont pas des collections remarquables pour la quantité de leurs fonds de manuscrits et incunables hébreux.

Offenberg recense dans son inventaire de 1990 trois exemplaires d'incunables à la Newberry Library, Chigago (Offenberg, 57, 83 et 97). Le premier est un exemplaire de " Choice of Pearls de Solomon Ibn Gabirol traduit par Judah Ibn Tibon, publié en Italie du Nord par Soncino 1484. [Goff ; Hebr. 98]. Quarante autres exemplaires sont connus pour avoir survécu jusqu'à nos jours. Le second est un Mahzor (Festival Prayers). Publié également par Soncino, commencé en septembre 1485 et terminé le 21 août 1486 [Goff, Hebr. 73]. Aujourd'hui on en connaît 46 exemplaires. Depuis 1939, cinq exemplaires connus ont disparu. Troisièmement l'examen radiographique des filigranes du joyau de Newberry révèle des similitudes et des différences par rapport à l'illustration donnée par Offenberg " A Choice of Corals " p. 83,20, 21 a. Trois différentes sortes de filigranes sont présentes dans l'exemplaire de la Newberry. Ceux présents dans la partie manuscrite sont les mêmes que ceux de la partie imprimée. Pour me répéter on a beaucoup à apprendre du " Perush ha Torah " de Nachmanide, Lisbonne, 1489 conservé à la Newberry.

Il y a beaucoup à apprendre aussi des trésors d'incunables et de manuscrits hébreux au " Scriptorium, the Center for Christian Antiquities ", Grand Haven, Michigan (avec une section à Hampton Court, Hertfordshire en Angleterre). Le Scriptorium est une belle illustration de collection privée. En 1994, " furent créées deux fondations américaines. La première, la Fondation Van Kampen, a pour but de maintenir et développer la collection de bibles rares appartenant à Robert et Judith Van Kampen (Western Michigan). La deuxième prend la forme d'une institution. Le " Scriptorium, Center for Christian Antiquities " siège de la collection Van Kampen est outillée pour initier et stimuler la recherche dans les domaines concernés à l'intérieur de la collection et pour la période représentée. Les deux fondations sont actives aux Etats Unis et en Grande Bretagne " (Kimberly Van Kampen, " Foreword ", The Bible as Book : The manuscript Traduction, [1998]XI). D'après mes informations, au début de l'an 2000, la décision a été prise de transférer la collection Van Kampen à Orlando (Floride) où elle s'ajoutera à une attraction biblique. Ce sera un parc à thème appelé " the Holy Land expérience ".

Quand la collection a démarré, l'idée était qu'elle serait utilisée dans des buts religieux, idée qui est maintenant reprise. En Floride, cette collection sera mieux exposée que dans le Michigan de l'Ouest. La famille Van Kampen en tant que dépositaire de la collection pense que le transfert est la meilleure façon d'accomplir la volonté originelle de Robert et Judith Van Kampen.

En bref, le dernier Robert D. Van Kampen, décédé fin 1999, était un banquier d'investissement qui ne s'est pas contenté de créer un vaste empire financier. Il a collectionné avec passion des bibles et des manuscrits anciens.

La fondation qu'il a créée est encore active dans l'acquisition de documents. Il est clair que ces derniers ne sont pas recensés par Goff ni Offenberg. On ne discutera aujourd'hui que d'un des trésors du Scriptorium. Voici [diapo 7] le manuscrit de la " Torah, Ketubim et Haftorah ", Séville, 1468 avec une Masora entièrement illustrée de caractères micrographiques. Caractères dessinés avec une encre brun foncé, dans une écriture judéo-espagnole du 15è siècle, en écriture carrée avec vocalisation et ponctuation. Le numéro du chapitre est écrit de la même main dans les marges extérieures. Des réglures tracées au stylet (horizontalement 2 +25+3) et (verticalement 2 + 3 + 2) sans marque trop apparente. La Masora est entièrement écrite d'une écriture minuscule en cursive semi-rabbinique dans une large rangée de dessins et d'images micrographiques. Il y a quinze têtes de chapitres ornées et douze pages de texte illuminées.

Le colophon révèle une entreprise individuelle. " Moi Moses bar Joseph de Trutiel (Teruel) j'ai écrit ce Pentateuch, les Hagiographa et les Haftorot pour le jeune R. Abraham bar Jacob Samia de Séville, à la nouvelle lune de Sivan l'année 5228 de la Création ".

Cependant, au folio 750, à la fin des Hagiographa, le scribe note un mécène différent et une date antérieure : " Ici finit la Massorah des Hagiographa... et il fut achevé le huitième jour de Nissan en l'an 5228 de la Création du monde [31 mars 1468], dans la ville de Séville... Le livre fut écrit pour le cher et honorable fils de l'honorable vieillard Don Moses Santadoli... Dieu lui a accordé un enfant mâle en accord avec la Torah... "

Comme l'a remarqué le professeur Bezalel Nartis de l'Université hébraïque de Jérusalem quand il a examiné le codex : " le colophon antérieur écrit en micrographie de mars 1468 est définitivement authentique bien qu'il ne spécifie pas le nom du véritable mécène mais seulement celui de son vieux père Moses Santadoli... e colophon postérieur de mai 1468 est écrit avec une encre plus sombre et des caractères plus petits par dessus un colophon originel effacé."

Il apparaît improbable qu' " un copiste puisse dédier un manuscrit à différents mécènes à Séville presque en même temps. Le professeur Narkis suppose que " le mécène originel, le fils de Moses Santadoli ne pouvait pas acquérir la Bible pour des raisons financières ou de santé et le copiste s'est arrangé pour trouver un nouveau mécène en moins de deux mois, il a effacé le colophon d'origine (f.862) et il a inscrit une dédicace en l'honneur du nouveau propriétaire Abraham bar Jacob Samia ". Il y a un autre exemple du travail des scribes, une bible complète sans enluminure conservée actuellement à Modève, Bibliotheca, Estense (Or ms 18.1) avec son colophon daté de 1470. Notons qu'en 1476, les juifs n'avaient plus le droit de vivre à Séville."

Le manuscrit en micrographie, maintenant au Scriptorium disparaît pendant plus de quatre siècles jusqu'à ce qu'il soit recensé dans le " Descriptive Catalogue of the Hebrew and Samaritan Manuscripts in the Sassoon Library ", (London) de David Solomon Sassoon. Il a été vendu lors de la Vente de la Bibliothèque Sassoo à Sotheby's Zurich, 5 nov. 1975 (lot 7) muni du numéro 487 sur le dos et de son ex-libris armorié. Il fut ensuite déposé à la Bristih Library. On le retrouve dans le lot 71 à Sotheby's, London, le 5 décembre 1989, Vente des " Hebrew Manuscripts from the Tenth to the Fifteeth Century ; the Property of the British rail Pension Fund ".

Le catalogue de Sotheby's attire l'attention sur un autre aspect intéressant de ce codex particulier. Le catalogueur écrit : " la loi hébraïque interdit l'illustration des Ecritures. Dans le présent manuscrit, les lignes d'écriture micrographique de la Masora Magna et Minora forment des dessins et des images élaborées tout au long du texte incluant des oiseaux et des animaux. Parmi les exemples notons l'image [folio 5] du serpent enroulé autour d'un arbre et un arbuste dans la marge opposée illustrant le récit du Jardin d'Eden mais contournant l'interdiction de représentation du fait que les vignettes ne sont techniquement que de l'écriture... les dessins pleine page représentent une micrographie très élaborée dont l'architecture et l'ornementation reflètent les influences maures sur l'art médiéval d'Espagne du Sud."

Le manuscrit en micrographie du Scriptorium est d'une haute qualité et évidemment digne de la collection, exemplaire du premier ouvrage imprimé en quelque langage à Lisbonne le " Perush Hatorah " de Nahmadide (1489 ; Goff, Hebr. 87 [diapositive 1] : Offenberg localise au moins 55 autres exemplaires, dont un a disparu.

La Newberry Library , bibliothèque indépendante de recherche ouverte au public, est célèbre pour son importance concernant les ouvrages occidentaux de la Renaissance, pour la Collection Wing relative à l'histoire de l'imprimerie et pour la Collection Ayer comportant des ouvrages et autres matériaux traitant des Américains d'origine. On peut les diviser en quatre catégories :

  1. les manuscrits hébreux
  2. les fragments hébreux
  3. inscriptions en lettres hébraïques de documents déposés en gage
  4. Incunables hébreux

Nous n'avons pas le temps de parler des documents déposés en gage. Les fragments sont divers en nombre. Brièvement, les plus célèbres sont les fragments utilisés comme matériel de reliure sur deux feuilles différentes enveloppant ce qui était le manuscrit Philipps Ms 22254, un manuscrit Anglo-Saxon du 9è siècle. L'enveloppant et utilisé comme élément de reliure, il y a 2 feuilles contenant des lettres hébraïques [diapositive 2]. Une feuille contient la conclusion d'une bénédiction sacerdotale chantée par les Cohenim. La seconde contient le passage du Lévitique traitant des Lois sacerdotales. D'un aspect codicologique, le dernier date du 14e siècle. Les bénédictions sacerdotales sont légèrement antérieures et datent du 13e siècle.

Les autres fragments célèbres de la Newberry sont une simple feuille de Rashi (Solomon ben Isaac), le célèbre commentateur français du Talmud du 11e siècle. Cette simple feuille [diapositive 3] Newberry Ms 158 entoure le manuscrit latin des Commentaires d'Obadiah, de Jonas et de l'évangile de Luc. Cette feuille de vélin contient une variante du texte de Rashi et date de la fin du 13e siècle.

Un tel usage des manuscrits hébreux démontre du dédain. Les manuscrits étaient découpés, utilisés comme matériel de reliure, souvent ils étaient mis sens dessus dessous. Ils ont maintenu les livres ensemble et ont survécu. Aujourd'hui, ces fragments sont probablement d'un plus grand intérêt que les livres qu'ils avaient reliés.

Parmi les manuscrits hébreux de la Newberry, deux se détachent pour différentes raisons. Connu comme " Hebrew Ms. 2, Newberry " et comme une partie de la collection laissée à la bibliothèque par le collectionneur Henri Probasco, c'est un calendrier hébreu [diapositive 4]. C'est une superbe illustration de micrographie, des images cachées dans une illustration non figurative et l'enluminure. Une plus longue recherche serait nécessaire pour pouvoir établir l'origine, la datation et la localisation. Ce calendrier astronomique vient probablement de Catalogne et appartient à la fin du 14e siècle.

Le texte original était en hébreu. Il fut plus tard traduit en latin, grec et catalan. Ecrit magnifiquement sur du vélin, composé de 120 feuilles, 3 couleurs d'encre étaient utilisées, violet, rouge et noir. Les tables astronomiques étaient celles de Jacob ben David Bonjorn.

L'Incipit précise : " Ainsi parle Jacob ben David Yomtob... Comme dit le prophète, la terre est illuminée par ta gloire, Seigneur Dieu, rachète-nous ; puisse ton visage resplendir et nous garde en bonne santé ".

Dans l'article " Astronomical Tables of Jacob ben David Bonjorn ", Archive for History of Exact Sciences, XLII (1991) n°4, pp. 274-34, José Chabas i Bergon, avec l'aide d'un ordinateur a reconstitué les tables de Bonjorn.

Chabas i Bergon développe son analyse dans la monographie publiée à Barcelone, " l'Astronomia de Jacob ben David Bonjorn " (1992). Nous n'avons pas le temps, malheureusement, de discuter des problèmes d'interprétation et de conservation posés par le fascinant manuscrit hébreu de Bonjorn.

Nous avons le temps, cependant, de traiter brièvement de l'intérêt que j'ai trouvé personnellement le plus excitant dans les documents hébreux de la Newberry. L'un d'eux m' a été fourni grâce à la perspicacité du Dr Paul Saenger, George A. Poole, III, Conservateur des livres anciens, qui l'a découvert parmi les documents de la collection Ayer, consacrée largement aux Américains d'origine.

Cependant, Edward Everett Ayer (1841-1927) savait reconnaître les beaux manuscrits. C'est lui qui a découvert ce qui est une des trois ou quatre Megillot (rouleaux d'Esther utilisés pour la fête de Pourim) polonaises, parvenues jusqu'à nous. [diapositive 5]. Très bel exemplaire comme vous pouvez le voir. Le manuscrit Newberry Hebrew Ms. 17 est une illustration merveilleuse des post-incunables. Il illustre comment la tradition médiévale de l'enluminure des manuscrits à survécu parmi les juifs plus longtemps que dans d'autres communautés en Europe. Ceci démontre peut être l'extrême isolement de la communauté juive et la non-utilisation des livres imprimés.

Grand d'environ six pieds de long et 6 pouces de large, composé d'un rouleau de trois feuilles de vélin, ce manuscrit enluminé du milieu du 18e siècle est divisé en 13 sections. En plus des figures d'animaux et des signes du zodiaque, il y a aussi des figures humaines. Le texte écrit en petits caractères hébreux avec des illustrations raconte l'histoire traditionnelle d'Esther sauvant son peuple des complots du méchant Haman. Les noms des fils d'Haman sont écrits en gras dans des caractères plus grands dans la dixième section. Cette dixième section est extrêmement détaillée avec, par exemple, la représentation de la pendaison des fils. Le treizième médaillon central présente différents visages d'hommes. La dernière section du rouleau ne fait pas partie de la Megillath Esther mais contient une prière de remerciement, prière spéciale associée à la Megillah.

Il y a un énorme champ pour une interprétation ethnographique et sociologique de ce rouleau. En haut, revêtus de tenues contemporaines il y a des soldats en armes, ce qui représente les armoiries de l'Autriche. Il y a des chevaux, des uniformes rouges, des fusils et des signes du zodiaque. En bas, il y a des enluminures qui décrivent le thème central de l'histoire d'Esther, Mordecai et Haman. C'est une histoire racontée chaque année de génération en génération à partir d'un manuscrit médiéval enluminé parvenu jusqu'à l'âge électronique.

Il serait tentant de passer tout mon temps sur cette mégillah non italienne (le type le plus commun existant). Il est temps de donner quelques indications sur un autre trésor détenu dans les fonds hébreux aux Etats-Unis. La Newberry détient un des 55 exemplaires recensés chez Offenberg dont 10 autres se trouvent aux Etats-Unis (un exemplaire se trouve dans le Lowy Collection à la National Library of Canada, Ottawa). L'ouvrage " Perush ha Torah " (Goff. Hebr. 87) [diapositive 6], commentaire du Pentateuque de Nahmanides, Moses b. Nahman of Gerona, 1194-1270, est le premier livre imprimé à Lisbonne dans quelque langue. Il est évident que l'art de l'imprimerie fut introduit à Lisbonne par les juifs. Cet incunable a été fréquemment décrit. Il est inclus dans " Early Hebrew Printing in Spain and Portugal " de Joshua Bloch, Bulletin New York Public Library, vol. 42 (mai 1938). Ce qui est remarquable à propos de cet incunable (Newberry Inc. f. 9833) c'est que nombre de ses feuillets sont décorés et qu'il y a des notes et des commentaires manuscrits.

La préparation de ce volume pour une exposition a révélé l'étendue des notes et l'immense besoin d'un traitement de restauration. Ce traitement a abouti à un examen sévère résultant d'un rapport de conservation publié par Susan Russick et ses collègues du laboratoire de restauration de la Newberry. Pour résumer ce rapport, il révéla :

  1. la présence de substances étrangères avec des corrections étendues, des décorations et des onglets
  2. un changement d'apparence du papier
  3. des changements structurels
  4. la dépose de la reliure a révélé des différences significatives de papier
  5. nombre de ces corrections et décorations une fois déposées et examinées ont révélé des inscriptions manuscrites

Les derniers feuillets de ce livre ont été remplacés par un manuscrit d'époque avec des commentaires additionnels de chaque côté. Cette oeuvre est la production artisanale de plusieurs mains travaillant sous la direction du riche érudit Eliezer Toledano chez qui l'impression eut lieu. Le manque des derniers feuillets imprimés peut révéler le nombre insuffisant d'exemplaires produits.

Il y aurait encore beaucoup à découvrir autour du " Perush ha Torah " de la Newberry. Les notes marginales doivent être examinées d'un point de vue tant codicologique qu'interprétatif.

Au cours de mon intervention, j'ai essayé de présenter un échantillonnage des trésors couramment trouvés dans deux bibliothèques du Mid-West aux Etats-Unis. Bien qu'elles ne soient pas des bibliothèques universitaires, les deux sont accessibles aux chercheurs et contiennent ce qu'ont accumulé des générations de collectionneurs et de bibliophiles. La première, la Newberry Library, est une bibliothèque de recherche indépendante. La seconde, le Scriptorium est une fondation créée par un collectionneur passionné par les livres. Ni l'une ni l'autre à l'origine n'avait de collection Judaïca ou de lien spécifiquement juif. Les trésors éclectiques trouvés dans les deux et bien conservés sont représentatifs du pays dans lesquels ils se trouvent actuellement :les Etats-Unis d'Amérique et ses traditions de bibliothécaires professionnels, compétents et hautement qualifiés.

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Latest Revision: July 14, 2000 Copyright © 1995-2000
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