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66th IFLA Council and General
Conference

Jerusalem, Israel, 13-18 August

 
 


Code Number: 106-144-E
Division Number: V
Professional Group: Serial Publications
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 144
Simultaneous Interpretation: No

Les origines et le développement de la presse juive allemande en Allemagne jusqu'en 1850 :
considérations sur les transformations de la sphère publique juive allemande dans une société bourgeoise

Johannes Valentin Schwarz
Berlin, Germany
E-mail: jschwarz@rz.uni-potsdam.de


Paper

Table des matières :

  1. Le phénomène d'une nouvelle sphère publique juive dans l'histoire moderne juive européenne 1
  2. L'Allemagne comme centre de la presse juive européenne aux 18e et 19e siècles 2
  3. Le développement de la presse juive en Allemagne jusqu'en 1850 3
  4. La signification de la presse juive allemande pour la communauté juive en Allemagne 5
  5. La recherche sur la presse juive allemande des 18e et 19e siècles 5
    Appendice: périodiques juifs en Allemagne jusqu'en 1850 6
    1780/83 - 1812 : périodiques juifs de la Haskalah 6
    1812/15 - 1830: les débuts de la presse scientifique et de langue allemande 6
    1830/32 - 1848/51: la politisation, l'expansion et la différenciation des publications 7
    Bibliographie 9
    Le contexte de l'histoire moderne juive allemande 9
    Histoire de la presse allemande générale 9
    Histoire de la presse juive allemande 9
    Histoire de la presse juive en hébreu 10

1. Le phénomène d'une nouvelle sphère publique juive dans l'histoire moderne juive européenne

L'"ére moderne" dans l'histoire juive européenne est généralement considérée comme commençant à la fin du 17e siècle et au début du 18e siècle. De puissants nouveaux mouvements, notamment le mercantilisme, le capitalisme et le rationalisme commencent à saper les fondations de l'ancien régime, et par conséquent, de la société juive traditionnelle.

Dans la seconde moitié du 18e siècle, à la veille de la révolution française de 1789, un petit groupe de jeunes intellectuels juifs prit conscience de vivre à l'âge des Lumières (Aufklärung). Ils cherchèrent donc à transformer l'âge des Lumières en Haskalah juive, en essayant de dresser des ponts au-dessus des barrières économiques, sociales, culturelles et intellectuelles qui se tenaient entre la société bourgeoise et le vieux monde juif médiéval.

Au moment exact où, d'une part, la question de l'émancipation des juifs commence à faire l'objet de débats dans l'Europe entière et, d'autre part, de nouveaux idéaux et de nouvelles formes d'éducation et de rites (Bildung, Hashalah) sont adoptés dans le monde juif, les Maskilim - nom qu'ils s'étaient donné - ne se contentent pas de développer de grands programmes de ré - éducation pour les masses juives mais créent aussi une nouvelle sorte de sphère publique juive (Öffentlichkeit) qui, outre des sermons imprimés, des romans ou des vulgarisations théologiques, est constituée de nombreux journaux et périodiques, en général toutefois à durée de vie limitée.

L'émergence d'une telle sphère publique, totalement étrangère à la société juive traditionnelle, semble l'un des traits les plus marquants de l'histoire moderne juive européenne, et plus précisément germano - européenne, et apparaît en étroite relation à la formation de la classe moyenne juive (Bürgertum) à l'"âge de l'émancipation" (1780-1870). Une fois les vieilles structures brisées ou dépassées, de nouvelles formes de communication devaient être trouvées afin, d'une part, de fournir un forum juif commun pour l'échange d'idées et d'informations dans une Allemagne politiquement fragmentée et d'autre part, en adoptant l'allemand à la place du yiddish comme langue complémentaire à l'hébreu, de diffuser des questions spécifiquement juives dans des cercles juifs comme non-juifs.

2. L'Allemagne comme centre de la presse juive européenne aux 18e et 19e siècles

Il semble que le berceau de la presse juive en Europe se situe à Amsterdam1 où, à partir du milieu du 17e siècle, se développa le centre de la typographie hébraïque en Europe. C'est là qu'en novembre 1674 le premier fascicule connu d'un journal juif, appelé Gazeta de Amsterdam, parut. Mais, en dehors du fait d'être imprimé en ladin et de contenir des informations politiques et commerciales à destination de la communauté séfarade d'Amsterdam, son contenu n'était pas spécialement juif2 . Dans les cent années suivantes, trois périodiques seulement, d'une durée de vie encore plus courte, en yiddish, ou plutôt en judéo - allemand (de l'allemand en caractères hébreux) - et une collection de réflexions rabbiniques furent publiées.

Vers le milieu du 18e siècle, l'Allemagne devient finalement le nouveau centre de la presse juive européenne, pour le rester plus d'un siècle et demi. Quelques représentants de la Haskalah de Berlin, notamment Moses MENDELSSOHN (1729-86) lui-même, construisent les fondations pour un

1Les premiers périodiques dont nous avons aujourd'hui connaissance sont parus en 1609 : deux hébdomadaires appellés Avisa. Relation oder Zeitung à Wolfenbüttel et Relation à Strasbourg. Le premier quotidien a été publié à Leipzig in 1650, Einkommende Zeitungen. 2 Seul le volume 1675 et un fascicule de 1690 a été conservé. La Gazette d'Amsterdam est probablement morte en 1699.

développement important de la presse juive allemande qui devient un exemple pour tous les autres Etats européens. D'après l'Encyclopédie juive, en 1900, plus de 900 périodiques juifs avaient été édités dans le monde, dont un sur cinq en allemand. L'hebdomadaire hébreu ha-Me'assef (1783-1812), qui reprend des parties du Kohelet Musar (probablement 1750 / 1758) de MENDELSSOHN marque le début de la presse moderne juive. Organe littéraire des Maskilim, il adopte le modèle des "hébdomadaires moraux" (Moralische Wochenschriften), qui était la forme de périodiques la plus populaire de l'ére des Lumières, quelques décennies auparavant. L'adoption et la transformation, aussi bien en avance qu'en retard, dans le monde juif des tendances générales semble le caractère typique de trois à quatre générations au moins de juifs allemands modernes qui, jusqu'au milieu du 19é siècle, essayèrent de suivre leur environnement non juif. C'est pourquoi, le nouvel idéal d'une bourgeoisie juive instruite (Bildungsbürgertum), fut conçu d'après l'exemple général.

L'hébreu était naturellement la langue des Maskilim. Pour eux, l'usage de l'hébreu ne représentait pas uniquement un nouveau moyen de communication, mais aussi l'accomplissement de la promesse et de l'héritage biblique. La tradition bilingue des juifs ashkénaze était ainsi préservée, mais avec une volonté de valorisation. La pureté du style était l'un de leurs buts les plus importants et ne devait pas s'appliquer uniquement à l'hébreu mais aussi au yiddish, évoluant vers une forme plus classique d'allemand. Aussi, d'une part, ha-Me'assef se situe au début de la recréation de l'hébreu comme langue moderne, qui est exporté en Europe orientale par des périodiques comme Bikurey ha-Itim (Vienne, 1820-31) ou ha-Maggid (Lyck, 1856-92), ce périodique inaugurant l'ère de la presse hébraïque moderne. D'autre part, au début du 19é siècle, il n'y avait pour ainsi dire plus de lectorat hébreu en Allemagne. A l'exception de quelques suppléments en allemand de Ha-Me'assef, Sulamith (1806-48) fut à la fois le premier journal juif entièrement écrit en allemand, et le premier journal juif à paraître dans une langue européenne à destination aussi bien des juifs que des non - juifs. Le développement de cette presse juive "nationale" était en relation étroite avec le mouvement d'émancipation dans les différents pays. En Europe occidentale et centrale (y compris l'Autriche - Hongrie), les premiers périodiques parurent juste avant les révolutions de 1848 et 1849, en Europe de l'est et du sud, juste après.

Le développement de la presse yiddish en revanche était largement stoppé par les efforts des Maskilim, aussi bien en Europe orientale ou occidentale. Ce n'est que dans les années 1860 que des publications yiddish comme l'hebdomadaire Koyl Mevasser (Odessa, 1862-71), - et plus tard des quotidiens, - furent publiés à une large échelle pour répondre aux besoins des masses juives en Europe de l'est. Le même constat s'applique à la presse ladine des communautés séfarades de Vienne, Paris, des Etats des Balkans et notamment de Constantinople où, - après la Gazetta d'Amsterdam, - El Journal Israelith (1860-71) marqua le début d'un court renouveau jusqu'au tournant du siècle.

3. Le développement de la presse juive en Allemagne jusqu'en 1850

L'histoire de la presse tant générale que juive en Allemagne au 19é siècle semble se diviser en deux périodes à la Révolution de 1848 / 1849, lorsque la pré - censure est abolie en Prusse et dans d'autres Etats allemands et que des innovations techniques sans précédent comme le chemin de fer, le télégraphe, l'imprimerie à grande vitesse ou la réorganisation des salles de rédaction voient le jour juste après. Contrairement à la presse générale cependant, les périodiques juifs en Allemagne traversent une crise profonde au milieu du 19é siècle. Sur 14 périodiques vivants en 1846/47, seuls trois dépassent 1850. Parmi les raisons à avancer, on peut noter le climat politique (y compris les pogroms très violents contre les juifs durant tout le siècle) qui, contrairement à une presse quotidienne très vigoureuse (et qui ne fut jamais favorable aux juifs), affecta aussi très fortement l'industrie allemande du livre. Ce n'est qu'en 1851 que les premiers périodiques juifs appelés à perdurer furent fondés.

Jusqu'en 1850, on peut estimer à 42 le nombre de périodiques juifs parus sur le territoire des Etats allemands (qui forment en 1871 l'Empire allemand)3 . Leur développement, tant matériel qu'idéologique, reflète clairement les hauts et les bas de la politique allemande, notamment l'évolution de l'émancipation des juifs, et peut être divisé en trois périodes :

  1. 1780/83 - 1812 : époque de la Haskalah juive et débuts du débat sur l'émancipation en Allemagne jusqu'au Judenedikt prussien de 1812
  2. 1812/15 - 1830 : période de restauration et de réaction après le congrès de Vienne de 1815, qui voit aussi l'installation d'une presse scientifique d'expression juive allemande
  3. 1830/32 - 1848/51 : politisation des périodiques juifs après la révolution française de juillet 1830, notamment à partir de 1837 - 1840, expansion et différenciation des secteurs de la presse juive aussi bien d'un point de vue idéologique que scientifique ou religieux.
Comme on a pu le noter plus haut, le premier périodique juif moderne, ha-Me'assef (1783-1812), suivi peu après par Sulamith (1806-48), paraît exactement à une époque où les questions de l'émancipation des juifs sont posées par Christian Wilhelm VON DOHM (1751-1820) et d'autres allemands. La première, ou plutôt la deuxième génération de Maskilim, et parmi eux les rédacteur Isaac Abraham EUCHEL (1756-1804) et David FRAENKEL (1779-1865), cherchait à correspondre au vieux principe de "bürgerliche Verbesserung" (amélioration civique) et de former des éducateurs pour mettre ce principe en pratique. Les périodiques juifs ont probablement été l'un des média les plus importants pour ces efforts, en menant finalement à une reforme plutôt radicale de l'éducation et des rituels juifs traditionnels dans les deux premières décennies du 19é siècle.

La défaite de NAPOLEON et la restauration des anciens pouvoirs après le Congrès de Vienne en 1815 a de sérieux effets sur le processus d'émancipation des juifs en Allemagne, qu'on peut constater dans la presse juive. Ce n'est qu'en 1817 que Sulamith est rejoint par un deuxième journal, Jedidja (1817-33), pour une période plus longue, puis par quatre périodiques à durée de vie plus limitée en 1821-24, l'un d'eux étant la première revue scientifique juive, le Zeitschrift für die Wissenschaft des Judenthums (1822-23), qui posa les fondations de Science du judaïsme.

Il est probable que l'événement le plus décisif pour le développement de la presse juive européenne au 19é siècle est l'affaire du meurtre rituel de Damas (Damascus Blood Libel) de 1840 qui a eu pour conséquence de créer un sentiment de solidarité, parmi les communautés juives d'Europe, qui n'avait jamais été connu auparavant. Aussi l'affaire de Damas donne - t'elle naissance à la presse juive moderne, notamment en Europe occidentale, comme par exemple la grande publication Les Archives Israélites de France (1840-1935) à Paris ou The Jewish Chronicle (1841ff.) à Londres.

En Allemagne cependant, la politisation des périodiques juifs a été accomplie presqu'une décennie auparavant quand, à la suite de l'incroyable libéralisation issue de la révolution française de juillet 1830, Gabriel RIESSER (1806-63) publie le premier journal politique, qu'il appelle Der Jude (1832-33/35): De manière délibérée, il s'arrête au vieux terme péjoratif (à l'époque) qu'il entend transformer en nom dont on puisse être fier. Quelques années plus tard seulement, le plus important et le plus stable périodique juif allemand, le Allgemeine Zeitung des Judenthums (1837-1922), était fondé par Ludwig PHILIPPSON (1811-89). En adoptant plusieurs éléments nouveaux comme des articles de fond issu du domaine de la presse générale, l'hebdomadaire devient rapidement le prototype de tous les journaux juifs aussi bien en Allemagne qu'à l'étranger.

3 On exclut l'Autriche - Hongrie et Prague ainsi que les annuaires, almanachs et calendriers. Voir la liste des périodiques à la fin de l'article.

C'est pourquoi, à partir de 1837 - 1840, la presse juive allemande se transforme peu à peu en un secteur propre : parmi les périodiques scientifiques, le Zeitschrift für die Wissenschaft des Judenthums est suivi par exemple par le Wissenschaftliche Zeitschrift für jüdische Theologie (1835-48) d'Abraham GEIGER (1810-74) et les Israelitische Annalen (1839-41) d'Isaak Marcus JOST (1793-1860). Juste avant le milieu du siècle, le débat sur la réforme religieuse s'intensifie lui aussi. Les conférences de la réforme rabbinique de 1844 - 1846 mènent directement à l'émergence d'une presse orthodoxe et conservatrice en Allemagne. La première est d'abord représentée par Der treue Zions-Wächter (1845-54) qui, en 1854, est remplacé par Jeschurun (1854-70) de Samson Raphael HIRSCH (1808-88), le chef de la "nouvelle orthodoxie juive". Ce qu'on appelle le "judaïsme historico-positiviste" est diffusé par Zacharias FRANKEL (1801-75), qui publie d'abord son Zeitschrift für die religiösen Interessen des Judenthums (1844-46), suivi par le célébre Monatsschrift für Geschichte und Wissenschaft des Judenthums (1851-1941). En 1846/47, à la veille de la révolution de 1848/49, il y a finalement une augmentation de journaux au contenu libéral, mais très éphémères, qui traitent de l'émancipation sociale et légale des juifs mais qui disparaissent avec les événements de leur temps. A la différence des conséquences sur la presse juive allemande, les révolutions de 1848 et 1849 en Europe ont donné sur le long terme un nouvel élan au mouvement libéral et à l'émancipation des juifs, mais aussi au développement de la presse juive européenne aussi bien à l'est qu'à l'ouest.

4. La signification de la presse juive allemande pour la communauté juive en Allemagne

Le rôle spécifique de la presse juive allemande dans le développement de la communauté juive en Allemagne à la fin du 18é siècle et au 19é siècle peut difficilement être évalué aujourd'hui. A côté des périodiques eux-mêmes, le nombre de documents intéressants qui ont été conservés dans les différents centres d'archives des Etats, villes ou communautés juives dans le monde est très peu important. Quand des documents sont disponibles, on peut s'apercevoir que leur tirage n'a jamais dépassé 500. Par ailleurs, les périodiques juifs allemands sont aujourd'hui l'une des sources les plus importantes pour l'histoire juive en Allemagne, en offrant des informations riches et inestimables tant pour les questions propres qu'extérieures à la communauté juive. De nombreuses remarques (très souvent polémiques) prouvent qu'il y a eu un vif échange d'idées entre les différents journaux juifs en Allemagne et à l'étranger. Toutes ces publications étaient une source supplémentaire d'informations pour les questions concernant la communauté juive, destinées à être relayées par les professeurs, rabbins ou érudits, et pour l'instruction (Belehrung), l'édification (Erbauung) et les loisirs des familles juives pendant les week-ends.

Il semble donc que la presse juive allemande à la fin du 18é siècle et au 19é siècle a servi de centre institutionnel à la communauté juive en Allemagne et a été un des éléments les plus importants de la sphère publique juive. Comme les différentes organisations de la communauté juive en Allemagne se sont créées uniquement à partir de 1869, la presse juive allemande prit en charge certaines de ces fonctions, permettant ainsi à la communauté juive d'appréhender les diverses limites légales et politiques qui empêchaient la fondation d'une organisation juive allemande jusqu'à la création de l'Empire (Kaiserreich) en 1871. On peut grossièrement distinguer trois fonctions des périodiques juifs allemands :

1. un médium d'information et d'éducation à l'intérieur de la communauté juive elle-même. Les périodiques juifs allemands fournissaient ainsi un forum pour l'échange d'idées et - en accord avec les objectifs de la plupart des Maskilim - un médium pour l'éducation des "masses juives", en particulier dans le domaine de la réforme religieuse et de ce qu'on appelait l'"amélioration civique", permettant ainsi la circulation de l'information entre les communautés juives dispersées dans toute l'Europe (et même le monde) et, jusqu'au milieu du 19é siècle, tenant lieu du médium le plus important pour le mouvement réformateur juif.

2. le centre institutionnel de la communauté juive allemande pour la communication et la re - organisation à une échelle nationale, se substituant ainsi à une organisation communautaire centrale dans un pays politiquement divisé jusqu'en 1871, en particulier pour la formation d'opinions et de décisions communes ou l'organisation d'efforts pour venir en aide aux communautés juives en difficulté partout en Europe.

3. un organe pour l'articulation et la prise de conscience de préoccupations des juifs à destination d'un public non juif, en dépassant la sphère publique juive et, si possible, résoudre certaines questions grâce une opinion publique bienveillante. Ainsi, dans les années 1830, la presse juive allemande et en particulier le Allgemeine Zeitung des Judenthums de PHILIPPSON devint le médium principal du mouvement indépendant juif pour l'émancipation légale et sociale.

5. La recherche sur la presse juive allemande des 18e et 19e siècles

L'importance de la presse juive allemande pour la communauté juive en Allemagne a été désormais reconnue par presque tous les historiens du domaine. Toutefois, de réelles recherches sur le presse juive allemande elle-même ne semblent n'avoir débuté que depuis une décennie environ. De grands travaux de références comme le Geschichte der deutschen Presse de LINDEMANN et KOSZYK ne font même pas mention des périodiques juifs tandis que les données fournies sont généralement incomplètes ou erronées. Aujourd'hui encore, il y un réel besoin pour un répertoire ou un dictionnaire de référence sur le sujet.

Des historiens juifs cependant, comme GEIGER ou SINGER, ont traité cette question dès le 19é siècle jusqu'à ce qu'en 1905, l'encyclopédie juive pose les bases pour toutes les nouvelles recherches dans le domaine. En 1928, une section spécifique de l'exposition internationale "Pressa" sur la presse de Cologne présenta, pour la première fois, un aperçu générale de la presse juive. Par la suite cependant, les recherches sérieuse sur la presse juive furent stoppées par lé régime nazi et furent poursuivies à l'étranger par des chercheurs comme Jacob TOURY. En 1967 et 1969, le Musée international du journal d'Aix organisa deux expositions à Tel-Aviv et Amsterdam. En 1980 la fédération internationale des journalistes juifs publia un volume commémoratif The Jewish Press That Was, dont l'accent était notamment porté sur l'Europe orientale, tandis qu'en 1989, l'institut de recherche des Presses juives a consacré un fascicule spécial de l'une de ses revues savantes, Qesher, aux journaux et journalistes juifs en Allemagne. Depuis lors, il semble qu'il y ait un regain d'intérêt pour la recherche sur la presse juive allemande elle-même, ou sur des publications données ou leur évolution durant certaines périodes de l'histoire judéo - allemande. En Allemagne notamment, un nombre importants de thèses ou d'autres projets de recherche sont en cours dans de nombreuses institutions.

On rencontre toutefois un obstacle majeur : la faible disponibilité des nombreux, mais petits et éphémères journaux juifs desquels ne subsistent plus que quelques originaux, collectés et conservés dans les bibliothèques publiques en Allemagne et à l'étranger. Afin de compenser les pertes massives de la période nazie mais aussi des les années précédentes, plusieurs programme de reprints et de microreproduction ont été entrepris par Olms, IDC et d'autres en coopération avec l'institut Léo Baeck de New York ou la Bibliothèque nationale et universitaire juive de Jérusalem, les deux institutions possédant probablement les collections les plus complètes de journaux juifs allemands dans le monde. De plus, de nouveaux essais ont été réalisés dernièrement au RWTH d'Aix ou au Centre Moïse Mendelssohn pour les études judéo - européennes de Potsdam, pour numériser des périodiques juifs sur une échelle plus importante et pour les présenter à un public plus large sur CD-ROM avec un index et un moteur de recherche puissant.

Appendice: périodiques juifs en Allemagne jusqu'en 1850

1780/83 - 1812 : périodiques juifs de la Haskalah

0a  1750/58  Kohelet Musar. Berlin (M. MENDELSSOHN / T. BACK). (Heb.) [?]

0b  1751?   Der grosi Schoyplatz. Neuwied (B. CRONEBURG). (Jewish-German) [?]

0c  1771 - 72  Dihernfurter pripilegirte Zeytung. Dyhernfurt. (Jewish-German) [?]

1  1783-1812  ha-Me'assef. Königsberg/Berlin (Heb./Ger.)

2  1806 - 48  Sulamith. Leipzig / Dessau / Kassel (D. FRAENKEL).

1812/15 - 1830: les débuts de la presse scientifique et de langue allemande

?   1813  Erbauungen. Berlin.

?  1817   Zeitschrift für die Reifere Jugend (Keren Tuschiyah). Fürth (H. SCHWABUCHER). (Jid.)

3  1817 - 33  Jedidja. Berlin / Leipzig (J. HEINEMANN).

1818 - 20   [Taschenbücher zur Belehrung der Jugend. Berlin (J. HEINEMANN).]

1818 - 20  [Almanach für die israelitische Jugend. Berlin (J. HEINEMANN).]

4  1821   Der Bibel'sche Orient. München (I. BERNAYS ?).

5  1822 - 23  Zeitschrift für die Wissenschaft des Judenthums. Berlin (L. ZUNZ).

6  1824  Geist der Pharisaeischen Lehre. Mainz (M. CREIZENACH).

7  1824   ha-Zefirah. Leipzig (M. LETTERIS). (Heb.)

1830/32 - 1848/51: la politisation, l'expansion et la différenciation des publications

8  1832-33/35  Der Jude. Altona (G. RIESSER).

9  1833 - 35  Zion. Berlin (A.J. COHEN).

1834   Gemeinnützige Blätter für Wissenschaft, Schule und Leben. Dessau (D. FRAENKEL). [?]

12  1835 - 36  Das Fuellhorn. Dinkelsbühl (S.W. ROSENFELD).

13  1835 - 48  Wissenschaftliche Zeitschrift für jüdische Theologie. Frankfurt a. M.u.a. (A. GEIGER).

1836 - 37  [La Régénération, die Wiedergeburt. Strasburg (S. BLOCH). (Français/Allemand)]

14  1837   Israelitisches Samstagsblatt. Hechingen (S. MAYER).

15  1837   Unparteiische Universal-Kirchenzeitung... Frankfurt a. M. (M. HESS / I.M. JOST).

16  1837 - 39?   Die Synagoge. Würzburg / München (L. ADLER).

17  1837-1922  Allgemeine Zeitung des Judenthums. Leipzig / Berlin (L. PHILIPPSON).

18  1839 - 41  Israelitische Annalen. Frankfurt a. M. (I.M. JOST).

19  1839-43?   Allgemeines Archiv des Judenthums (Jedidja, [2.] neue Folge). Berlin (J. HEINEMANN).

20  1839 - 48  Der Israelit des neunzehnten Jahrhunderts. Meiningen u.a. (M. HESS/S. HOLDHEIM).

1840   [Israelitischer Musenalmanach. Dinkelsbühl (S. MAYER).]

21  1840 - 43  Zion. Frankfurt a. M. (M. CREIZENACH / I.M. JOST). (Heb.)

22  1840 - 51  Der Orient. Leipzig (J. FÜRST).

23  1841   Israelitische Schul-Zeitung. Simmern-Koblenz (M. BLOCH).

24  1841   Jeschurun. Leipzig (C. MAIER / S. FRANKENBERG).

1841 - 65?   [Volkskalender für Israeliten / Jahrbuch des Nützlichen und Unterhaltenden für Israeliten. Brieg u.a. (K. KLEIN / J.K. BUCHNER).]

1842   [Museum zur Belehrung und Unterhaltung für Israeliten. Brieg? (K. KLEIN).]

25  1842 - 46  Sabbath-Blatt. Leipzig (H. SOMMERFELD / A. JELLINEK / J.L. SAALSCHÜTZ / J. FÜRST).

26  1843 - 44  Zur Judenfrage in Deutschland. Berlin (W. FREUND).

27  1844   ha-Techijah - Die Auferstehung. Frankfurt a. M. (H. STERN). (Heb.)

28  1844   Ben Chananja. Leipzig (L. LÖW).

29  1844 - 45  Religiöse Wochenschrift für gottglaeubige Gemüther... Halberstadt (L. PHILIPPSON).

30  1844 - 46  Zeitschrift für die religiösen Interessen des Judenthums. Berlin / Leipzig (Z. FRANKEL).

31  1845   Zijon he-Chadasch - Das Neue Zion. Leipzig (J. GOLDENTHAL). (heb.)

32  1845   Der kabbalistisch-bibelsche Occident. Hamburg (S.L. SCHWABACHER).

1845 - 46   [Bericht der Genossenschaft für Reform im Judenthum. Berlin.]

33  1845 - 47  Blätter für Israels Gegenwart und Zukunft. Berlin (R. BELLSON). [Christian?]

34  1845 - 55  Der treue Zions-Wächter. Altona (J. ETTLINGER / S.J. ENOCH).

35  1846   Die Reform des Judenthums. Mannheim (A.J. ADLER / H. WAGNER).

36  1846   Israelitischer Volksfreund für das Großherzogthum Posen. Trzemesno (H. ROSENTHAL).

1846   [Volkskalender für Israeliten. Kreuzburg (M. TOPLOWITZ).]

37  1846 - 47  Der Jude in Deutschlands Gegenwart. Hamburg (E. COHN).

38  1846 - 47?   Sinai. Bayreuth (J. AUB).

39  1847   Reform-Zeitung. Berlin (A. REBENSTEIN).

40  1847   Der Volksvertreter des Judenthums. Berlin (G. LIEPMANNSSOHN).

41  1847 - 48  Phönix. Hamburg (E. COHN).

42  1849   Politische und Sociale Monatsschrift. Leipzig (L. PHILIPPSON).

Bibliographie

Le contexte de l'histoire moderne juive allemande

Deutsch-jüdische Geschichte in der Neuzeit, Vol. 1-4, München: C.H. Beck, 1996-97.

Howard M. SACHAR, The Course of Modern Jewish History. New Revised Edition, New York : Vintage Books, 1990.

David SORKIN, The Transformation of German Jewry 1780-1840, Detroit: Wayne State University Press, 1999 (New York: Oxford University Press, 1987).

Histoire de la presse allemande générale

Geschichte der deutschen Presse, Vol. 1-4, Berlin: Colloquium Verlag, 1966-86. Vol. 1 (1969): Margot LINDEMANN, Deutsche Presse bis 1815. Vol. 2 (1966): Kurt KOSZYK, Deutsche Presse im 19. Jahrhundert.

Histoire de la presse juive allemande

Margaret T. EDELHEIM-MUEHSAM, The Jewish Press in Germany, in: Leo Baeck Institute Year Book I (1956), pp. 163-76.

Abraham GEIGER, Nachrichten. Jüdische Zeitschriften (part 1-3), in: Wissenschaftliche Zeitschrift für jüdische Theologie IV (1839), pp. 286-92 and 459-71; V (1844), pp. 372-90.

[The] Jewish Encyclopedia, ed. Isidore SINGER, Vol. 1-12, New York / London: Funk and Wagnalls, 1901-06. Vol. IX (1905): Periodicals, by Richard GOTTHEIL and William POPPER, pp. 602-40.

[The] Jewish Press That Was. Accounts. Evaluations and Memories of Jewish Papers in pre-Holocaust Europe, ed. Arie Bar (English edition), Tel Aviv: World Federation of Jewish Journalists / Jerusalem: Jerusalem Post Press, 1980.

Joodse Pers in de Nederlanden en in Duitsland / Jüdische Presse in den Niederlanden und in Deutschland, 1674-1940, Den Haag: Mouton & Co., 1969.

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