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62nd IFLA General Conference - Conference Proceedings - August 25-31, 1996

Une nouvelle bibliothèque. Un nouveau système d'information

Serge Salomon,
adjoint au Directeur de l’Informatique et des Nouvelles Technologies
Bibliothèque nationale de France


ABSTRACT

" Je souhaiterais... aller plus loin dans ce domaine, par la création d'une très grande bibliothèque... [Celle-ci] devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres grandes bibliothèques. "


PAPER

Reprenant l'héritage de la Bibliothèque nationale (la BN), de ses missions et de ses collections, la Bibliothèque nationale de France (la BnF) se déploie actuellement sur deux sites principaux :

Un nouveau site, Marne La Vallée, est également créé pour la conservation.

Le site de Tolbiac se présente comme un bâtiment comprenant très schématiquement 4 tours et un socle à 2 niveaux destinés à accueillir un double public : le public traditionnel des chercheurs de l01,ancienne BN au niveau baptisé "Rez de Jardin", avec un nombre de places considérablement accru (2000 places par rapport aux 700 places actuelles de Richelieu), offrant l'accès aux collections patrimoniales stockées en magasins (10 millions de documents environ) et un public nouveau au niveau baptisé "Haut de Jardin", disposant de 1700 places et où seront offertes des collections en libre-accès (à terme 380 000 documents).

L'ouverture au public du niveau "Haut de Jardin" est prévue pour fin 1996 et celle du niveau "Rez de Jardin" pour fin 1997.

Mon propos n'est pas ici de décrire dans le détail le projet de la nouvelle Bibliothèque nationale de France, ni les multiples chantiers (bâtiment, acquisition des documents en libre-accès, mobilier, déménagement des collections patrimoniales, recrutement et formation des personnels, ...) qui le composent. Je me contenterai d'en présenter deux volets :

Quels sont les objectifs de ces deux projets ? Comment s'insèrent-ils dans les ambitions du projet général de la Bibliothèque nationale de France ? Quelles sont les orientations fonctionnelles et techniques qui ont été retenues ? Quelle démarche de management de projet a été suivie ? Quel est leur état d'avancement ? Quelles en sont les perspectives ?

Telles sont les questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cet exposé.

1. POURQUOI UN NOUVEAU SYSTEME D'INFORMATION ?

Bien que la Bibliothèque nationale de France offre à travers ses systèmes informatiques existants de nombreux services de haute qualité (par exemple, le système BN-Opale gère un catalogue en ligne de deux millions de notices bibliographiques et un million de notices d'autorité, correspondant au signalement des collections imprimées depuis 1970, gère le Dépôt Légal, le catalogage courant, est accessible pour les lecteurs de la bibliothèque, permet la production du CD-ROM de la bibliographie nationale, et offre depuis Avril 1995 des accès INTERNET), il est vite apparu qu'une refonte complète du système d'information de la bibliothèque était nécessaire, tant en raison de l'obsolescence inéluctable des systèmes actuels, qu'en raison des changements d'échelle induits par le projet général de la Bibliothèque nationale de France en termes qualitatifs de missions, d'objectifs, de services et de besoins nouveaux à satisfaire ou en termes quantitatifs d'accroissement des volumes de données ou de flux transactionnels à gérer.

Il s'agit, à travers la réalisation du nouveau système d'information , de répondre à toute une série d'enjeux :

Tels sont les enjeux et les principes qui ont conduit la bibliothèque à lancer le projet de réalisation d'un système d'information déployé sur une infrastructure matérielle et logicielle totalement rénovée.

2. LA DIMENSION DU PROJET

Chacun mesurera la dimension du projet par ces quelques chiffres :

Chacun comprendra que ce projet, pour être mené à bien, a nécessité et nécessite encore une grande mobilisation intellectuelle et technique de la part de l'ensemble de la Direction de l'Etablissement, de ses personnels (agents administratifs, bibliothécaires et informaticiens) et des sociétés informatiques (prestataires de service et constructeurs) qui accompagnent ce projet.

Mon propos est de présenter dans la suite d'une part, la démarche de conduite du projet et son organisation et, d'autre part, sa couverture fonctionnelle et technique. Il m'apparaît en effet important de commencer par décrire la démarche et l'organisation du projet qui sous-tendent les résultats obtenus. C'est bien à travers une démarche et une organisation de projet prédéfinies qu'utilisateurs et informaticiens ont pu clairement spécifier le contour du système d'information, valider sa faisabilité et son adéquation aux besoins, le construire, et pourront bientôt le réceptionner, le mettre en oeuvre et l'accompagner pour l'ensemble des agents et des usagers de la bibliothèque.

3. LA DEMARCHE DE CONDUITE DE PROJET ET SON ORGANISATION

Le projet informatique de la Bibliothèque nationale de France est composé de 9 sous-chantiers :

PAQ
Pilotage et assurance qualité
ACC
Etudes des processus organisationnels, communication, sensibilisation, formation et accompagnement des utilisateurs
FON
Etudes préalables, prototypage ergonomique, conception générale et détaillée, recettes fonctionnelles
ARC
Etudes préalables et conception de l'architecture technique, prototypage du moteur catalogue et de la communication, bancs l'essai
DEV
Développement des logiciels et recettes techniques
MIG
Migration des données des systèmes existants
DEP
Déploiement de l'infrastructure technique des matériels informatiques, du réseau et des logiciels de base
INT
Intégration, déploiement et mise en oeuvre des logiciels applicatifs et des données sur l'infrastructure technique
EXP
Administration, exploitation et maintenance du nouveau système

Il ne m'est pas possible, dans le temps imparti, de décrire l'ensemble des activités de tous ces sous-chantiers. Je retiendrai néanmoins quelques aspects qui me paraissent originaux dans la démarche.

En premier lieu, je soulignerai la vision d'intégration du projet dans sa dimension humaine et organisationnelle, dans sa couverture fonctionnelle pour répondre à l'ensemble des besoins de la bibliothèque, dans la mise en oeuvre de l'infrastructure technique nécessaire ou dans la trajectoire des systèmes existants et de leurs données.

Il s'agit d'un vaste projet d'assemblage de toutes les composantes humaines, fonctionnelles ou techniques, qui concourent à ce que le système d'information réponde aux besoins et aux missions de l'Etablissement. L'enjeu humain est clairement identifié. L'objectif est que le système d'information soit totalement approprié par ses utilisateurs et par ses exploitants.

En conséquence, le système d'information est basé d'abord sur la définition précise des processus organisationnels des nouveaux modes de fonctionnement de la bibliothèque à Tolbiac (au total une centaine de processus, chacun divisé en 4 à 5 fonctions elles mêmes divisées en opérations élémentaires, ont été étudiés et décrits).

L'organisation est le socle sur lequel reposera le système d'information.

En second lieu, la démarche a consisté à mobiliser les utilisateurs, au sein de structures mixtes de concertation et de suivi du projet, dans les études préalables d'organisation et de conception fonctionnelle, mais aussi dans les phases de recette. Près d'une centaine de personnes des différentes directions de la bibliothèque ont participé de près ou de loin à toutes ces phases.

L'enjeu d'appropriation passe évidemment par une large sensibilisation des personnels au projet et la formation à l'utilisation du système.

Un prototype ergonomique, démontrant les bases du circuit de communication des ouvrages, a été réalisé. L'ensemble du personnel de la bibliothèque (plus de 2000 agents) aura reçu une journée de sensibilisation à ce prototype ergonomique.

Concernant la formation proprement dite, 20 différentes filières liées aux différents processus ont été identifiées (encadrement, assistance lecteur, magasinage et communication, traitement intellectuel du document, exploitation et administration du système informatique, ....). L'ensemble des agents recevront, juste avant la mise en oeuvre du système, les formations nécessaires en fonction de leurs activités au sein de la bibliothèque. C'est un vaste investissement en matière de conduite du changement que la bibliothèque devra consacrer au fur et à mesure de l'avancement du projet.

Sur le plan technique, je soulignerai également la démarche qui a consisté à qualifier et à dimensionner l'architecture technique, par le développement d'un prototype dit V0 du moteur du catalogue et de la communication, prototype qui a été soumis avec succès à plusieurs bancs d'essai sur 3 différentes plates-formes matérielles.

Ce prototype a ainsi permis de lever les différents risques techniques qui pouvaient subsister après la conception, soit en matière d'architecture du système, soit en termes d'outils logistiques (DBMS, moniteur transactionnel, =2E..), soit en terme de structure de la base de données du catalogue ou de respect des contraintes de temps de réponse. Ce prototype a également permis de démontrer la portabilité du logiciel sur plusieurs plates-formes, ouvrant ainsi la voie à une large concurrence auprès des constructeurs de matériels.

Enfin, j'insisterai sur l'aspect primordial de la gestion des risques d'un tel grand projet.

Nous avons tenté de répondre à cette préoccupation par une double approche :

Cette dernière approche nous a conduit, en particulier, à réaliser le système en trois versions successives et itératives :

V1 :
la première version opérationnelle du système, qui sera mise en oeuvre pour l'ouverture du Rez de Jardin, fin 97, principalement dédiée à l'accueil du public et à la gestion de la communication des ouvrages (consultation du catalogue, consultation du fonds numérisé, accréditation et orientation des lecteurs, gestion des demandes de communication ou de réservation des documents par les chercheurs, gestion du prélèvement, du transport, de la communication puis du retour du document en magasin). La version V1 correspond à environ 45 % du système final.

V2 :
qui sera opérationnelle 6-7 mois après la V1 apporte en plus les fonctions professionnelles de production (acquisitions, dépôt légal, catalogage) et généralise l'ouverture du système vers l'extérieur (accès Z 39.50, accès INTERNET, ...). La version V2 ajoute environ 35 % en termes de fonctionnalités.

V3 :
opérationnelle environ 12-13 mois après la V1, complète le dispositif par des fonctions liées à la gestion physique des collections.

4. LA COUVERTURE FONCTIONNELLE DU SYSTEME D'INFORMATION

Le système d'information de la Bibliothèque nationale de France se présente comme un seul système unifié et intégré couvrant la quasi-totalité des activités de la bibliothèque :

Le système offre, pour les agents de la bibliothèque et les lecteurs, des fonctions nouvelles de consultation du fond numérisé (100 000 documents à l’ouverture) de consultation d'un corpus de CD-ROMs (200 titres), ou d'accès à des bases de données bibliographiques ou documentaires externes. Il offre également les fonctions de bureautique communicante pour les agents de bibliothèque. Il permettra évidemment tout un ensemble d’accès externes au Catalogue (par Minitel, par INTERNET en mode Telnet et Mosaïc, en Z39.50).

Toutes ces fonctions de production et de services s'appuient enfin sur des fonctions de gestion de ressources (financières, humaines, logistiques).

Au total 20 sous-systèmes coopèrent au sein du modèle unifié que constitue le système d'information de la Bibliothèque nationale de France, en partageant données, règles d'administration et principes ergonomiques communs.

La réalisation de ce Système d’Information est en cours. Elle a été confiée à un consortium de sociétés de service amené par la société CAP SESA Tertiaire, du groupe CAP GEMINI SOGETI.

Le principe d'intégration fonctionnelle a été souvent discuté et même critiqué par certains experts, qui soulignaient le risque d'une complexité accrue dans la conception, le développement, puis la maintenance du système. Ce risque existe certes, mais lorsqu'on considère quelques processus structurants du fonctionnement de la bibliothèque, le constat peut être rapidement établi que le système informatique ne fait que traduire une réalité organisationnelle et fonctionnelle où la notion d'intégration et de continuité des tâches est essentielle du point de vue de l'utilisateur. L'intégration fonctionnelle du système d'information a été dès lors maintenue au strict nécessaire lorsqu'elle correspond à un processus de fonctionnement intégré et lorsqu'elle se justifie par un partage de données entre différentes applications.

Je prendrai ici deux exemples :

Le processus de communication de documents aux chercheurs accrédités du Rez de Jardin prévoit de manière schématique les étapes suivantes :

A toutes ces étapes de communication des documents depuis le magasin vers la banque de salle de banque via le TAD, depuis la remise au chercheur, puis le retour, tous les documents sont pistés par lecture du code-barre identifiant le document. Une communication génère ainsi en moyenne 6 transactions de pistage.

Cette chaîne simple de communication du document à un chercheur met en oeuvre 7 sous-systèmes sur les 20 sous-systèmes.

Sur les quelques 470 objets du modèle conceptuel du système d’information, les objets essentiels suivants sont mis en oeuvre dans la chaîne de communication :

Les 7 sous-systèmes coopèrent et partagent les données et services des objets ainsi mis en oeuvre.

Ainsi, à tout moment, le système sait à quelle "place" est assis un "chercheur", quels sont les documents physiques ou "unités de conservation" demandés par ce chercheur, quels sont les états des "demandes" en cours de ce chercheur et où se trouvent les documents demandés dans les différentes "étapes" de communication et, inversement, à un instant donné à qui est communiqué un document physique donné.

Au vu de ces différentes procédures, on constate que le système d'information de la Bibliothèque nationale de France gère à la fois des données statiques (données bibliographiques, données d'exemplaires ou d'unités physiques, données du chercheur, données de lieu) et des données dynamiques et transactionnelles (demande ou étape).

La même énumération autour du processus de traitement d'un document entré à la bibliothèque montre la mise en oeuvre des étapes suivantes :

La chaîne d’entrée et de traitement initial du document met en oeuvre 8 modules du système d'information, de telle sorte que les données financières, administratives, bibliographiques ou physiques liées au document ne soient saisies qu'une seule fois.

Les exemples, présentés ici de manière très schématique, illustrent à la fois l'objectif du système de répondre à l'ensemble des processus de fonctionnement de la bibliothèque, mais aussi son ambition de suivre les principaux événements qui modifient les états des objets essentiels au centre du métier et des activités de la bibliothèque.

Le concept de système d'information prend ici tout son sens. Il est un outil qui automatise des procédures de fonctionnement. C'est la vision classique d'un système informatique. Il devient un outil de pilotage qui, à partir de la capture en continu d'un ensemble d'événements, permet de répérer, mesurer ou recenser tous les objets mis en oeuvre par les activités de la bibliothèque (lecteurs, documents, notices, lieux, budgets, personnels, ...).

Le système d’information est au coeur du projet de la Bibliothèque nationale de France à la fois parce qu’il permet à celle-ci d’offrir de nouveaux services en profitant pleinement des évolutions technologiques et aussi parce qu’il permet de mieux articuler, contrôler et piloter de manière unifiée toutes les activités de la bibliothèque qu’elles soient internes ou tournées vers l’extérieur.

5. LES PRINCIPALES ORIENTATIONS DE L’ARCHITECTURE TECHNIQUE

Le système d’information de la Bibliothèque nationale de France est construit sur une infrastructure matérielle et logicielle répondant aux exigences suivantes :

Comme nous l’avons vu plus haut, la conception fonctionnelle du système d’information présente un modèle coopératif d’Objets mettant à la disposition de l’ensemble les services (ou fonctions) et les données nécessaires pour répondre aux sollicitations des utilisateurs du système.

Cette vision du système d’information induit une architecture de type Client/Serveur où les données permanentes et les traitements, représentés par les Objets, sont dans la mesure du possible distribués dans un ensemble de serveurs logiques (24 dans le modèle retenu) regroupés éventuellement sur des serveurs physiques communs par souci de factorisation.

On aboutit à un modèle d’architecture à 3 niveaux :

Pour fédérer cet ensemble, est déployé un réseau à haut débit basé sur une infrastructure à 3 niveaux: un niveau capillaire autour d’une zone géographique bien délimitée (exemple un étage) concentrant les flux des postes de cette zone vers un Local Technique Secondaire (LTS), lui-même lié par fibre optique à un Local Technique Primaire (LTP, 1 par Tour) concentrant les flux d’environ 17 LTS, les 4 LTP étant eux-mêmes reliés à la salle informatique.

Les progrès rapides des technologies informatiques et l’émergence du multimédia numérique rendent les réseaux de plus en plus stratégiques pour tout système d’information. On estime que la demande en bande passante double tous les 18 mois.

Le multimédia est au centre du projet de la Bibliothèque nationale de France. Disposant de la chance de pouvoir constituer immédiatement un réseau totalement nouveau, l’établissement a choisi la technologie ATM qui est la seule technologie commutée permettant de garantir une bande passante stable quelle que soit la charge par ailleurs sur le réseau. Cette technologie émergente pour les réseaux locaux est particulièrement adaptée pour mixer les flux informatiques, les images, ou le son.

La Bibliothèque de France va ainsi déployer sur le site Tolbaic un réseau ATM avec un débit de 155 Méga bits/s de bout en bout depuis le poste de travail jusqu’aux serveurs. Les commutateurs ATM proviennent du fournisseur FORE SYSTEM qui est le leader dans le domaine. Les principaux commutateurs sont doublés pour des raisons évidentes de sécurité. Des routeurs CISCO assurent les liaisons avec le réseau externe ou le réseau d’administration du système.

La technologie choisie permet de définir des groupes de travail virtuels par sous-réseaux IP avec acquisition dynamique d’adresse et de l’ensemble des paramètres de communication. Ceci permet une très grande flexibilité d’administration et permet un découplage fort entre le déploiement et le paramétrage physique des postes de travail, l’organisation de travail choisie et la localisation des différentes unités organisationnelles de l’établissement.

Certains segments du réseau sont néanmoins en technologie Ethernet (imprimantes, portables des chercheurs, billetterie et dispositifs de contrôle d’accès).

Enfin il est à noter que l’ensemble des composants matériels et logiciels de l’infrastructure est administré de manière totalement unifié et centralisé à partir d’une Poste Opérationnel de Contrôle sur une plate-forme spécifique, avec le logiciel ISM du constructeur BULL, logiciel qui s’appuie sur le protocole normalisé SNMP.

La caractérisque essentielle de cette architecture est qu’elle met en oeuvre dans un environnement distribué un ensemble de technologies unitairement éprouvées, ouvertes, performantes et évolutives. L’enjeu majeur est évidemment la maîtrise de l’intégration de tous ces composants.

La Bibliothèque nationale de France a confié à la société BULL le soin de conduire le déploiement et l’intégration de toute cette infrastructure.

Je vais maintenant présenter le programme particulier de la Bibliothèque nationale de France en matière d’offre de services de consultation de fonds numériques.

6. PRÉSENTATION DE L'OFFRE DE LA BNF POUR LA CONSULTATION DES FONDS NUMÉRISÉS

6.1 Les fonds numérisés de la BNF

Le fonds des documents numérisés, en cours de constitution, comprendra à l’ouverture 100 000 documents imprimés. Le programme de l’=90tablissement prévoit que cette collection atteigne 300 000 documents à raison d’un accroissement de 25 000 documents par an pendant huit ans. Par la suite, la politique et les objectifs d’accroissement devront être redéfinis.

La collection de documents en mode image représente 90% du fonds numérisé. Cette collection est constituée dans l’objectif de rassembler des ouvrages :

Table not available, please contact Author.

Les données statistiques ci-dessous constituent une estimation de l’état de la collection à la cible.

Table not available, please contact Author.

Les documents sont pour majeure partie en français (proportion estimée actuellement à 75 %), mais d’autres langues sont présentes dans la collection.

Les documents sont numérisés à la résolution de 300 dpi au format TIFF 6 monopage (CCITT Gr IV). La taille moyenne d'un document de 300 pages est d'environ 24 Méga octets.

La collection de documents en mode texte représente 10% du fonds numérisé. Elle est constituée notamment de :

Les documents en mode texte seront structurés en SGML.

La collection images fixes comprend plus de 300 000 images. En plus de la consultation sur les postes spécialisés du département audio-visuel en haute résolution, il sera aussi possible de les consulter sur les postes de lecture des fonds numérisés avec cependant une certaine perte de qualité.

Les images haute résolution sont numérisés au format JFIF (compression JPEG, en 24 bits en résolution 512 x 768). La taille moyenne d'une image atteint 1.2 Méga octets avant compression (120 Ko après compression).

6.2 Les postes de consultation et les fonctionnalités offertes

Pour le public, cette offre s'articule autour de trois types de postes :

Les PCD sont des postes dédiés à la consultation des titres de CD-ROM en réseau et d'une sélection de bases de données gratuites sur Internet. Ils sont offerts en libre-accès en Haut de Jardin et en Rez de Jardin. La consultation du PCD de durée limitée est gratuite.

Les PLS sont des postes dédiés à la consultation du fonds numérisés de la Bibliothèque nationale de France. Comme les PCD, ils sont offerts en libre-accès en Haut de Jardin et en Rez de Jardin et leur consultation de durée limitée est gratuite. Le PLS permet de valoriser le fonds numérisés de la BnF, d'offrir l'accès aux documents sur un support de substitution, d'élargir l'accès aux documents, d'en faciliter, par l'outil informatique, la consultation (prise de note, feuilletage, balisage, etc.). Des accès à d'autres sources numériques sont offerts en consultation uniquement : réseau de CD-ROMs et sélection de bases de données gratuites sur Internet. Le travail sur une session PLS ne peut pas être sauvegardé.

Les PLAO sont des postes dédiés à la lecture savante assistée par ordinateur sur des documents numériques. Ils sont implantés en Rez de Jardin dans les loges. L'utilisation du PLAO est payante. Les postes sont réservables. Le PLAO offre tous les services du PLS avec des enrichissements. Le PLAO permet ainsi la lecture et l'écriture avec les fonctionnalités courantes de progiciels existants (feuilletage, balisage, structuration, analyse et recherche de texte, etc.). Il offre également des outils de reconnaissance optique de caractères. L'usager peut constituer son corpus de travail à partir des différentes sources offertes, documents BnF numérisés, CD-ROM et bases de données gratuites sur Internet.

L'usager peut sauvegarder son travail d'une session sur l'autre dans son dossier personnel. Ce service est payant. La durée de conservation d'un dossier est de 7 jours. Durant cette période, le déposant peut autant de fois qu'il le veut récupérer en totalité ou en partie le contenu de son dossier. La récupération peut se faire sur place par connexion d'un portable sur le réseau interne de l'établissement ou à distance via Internet. Ces services sont la préfiguration du dispositif général de connexion des portables et d'accès au Système d’Information par les moyens informatiques personnels des lecteurs. Ils sont également la préfiguration de l'extension de l'offre des services du Système d’Information offerts via Internet.

Sur ces trois types de postes, un service d'édition à la demande est offert. Il permet d'effectuer des éditions papier ou des exportations sur disquette. L'exécution des travaux peut être immédiate (imprimante locale ou de proximité) ou différée, l'usager retirant alors ces travaux auprès des agents de la bibliothèque. Dans tous les cas, le paiement est effectué par avance, par carte monétique. Ces éditions - impression ou exportation - seront soumises aux règles d'autorisation, facturation et notarisation définies en fonction de la typologie des documents et du type d'usager Dans tous les cas, les règles de marquage pour les éditions papiers ou de tatouage pour les éditions éléctroniques seront appliquées.

Les PCD, les PLS comme les PLAO donnent également accès aux fonctionnalités courantes de la bibliothèque :

Le préalable à toute consultation d'un document numérisé, sur PLS ou sur PLAO, est la demande de document. Pour effectuer cette demande, l'usager va tout d'abord faire une recherche dans le catalogue, sélectionner la notice d'exemplaire correspondant au document numérisé choisi et indiquer au système qu'il souhaite se faire communiquer cet exemplaire. Le système va vérifier que le document est communicable puis lui afficher sa table des matières (si elle existe). Le lecteur peut ainsi sélectionner uniquement les parties de document qui l'intéressent.

Sur un PLS, la communication est immédiate, le chargement du document demandé est effectué en tâche de fond, afin de permettre à l'usager de continuer à travailler pendant l'opération. Sur un PLAO, si le lecteur a réservé le poste et les documents à l'avance alors le chargement est effectué avant le début de la session de travail. Le lecteur trouve l'ensemble des documents demandés disponibles sur le poste au démarrage de la session. La communication peut également être immédiate au cours d'une session.

Le système enregistre à des fins de statistiques et pour aider à la gestion des collections numérisées, un journal des opérations de communication de documents.

Le détail des fonctionnalités offertes de lecture annotée et de lecture/écriture est le suivant :

6.3 Architecture matérielle

L’application chargée de gérer la consultation du fonds numérique repose sur l’ architecture générale client / serveur à 3 niveaux autour de postes de consultation - PC sous Windows NT - reliés aux serveurs d'applications et de stockage du Système d’Information - serveurs Unix et NT - au travers d'une liaison réseau à haut - débit - technologie full ATM à 155 Méga bits/s.

Les technologies de stockage seront basées sur :

L'accès au réseau Internet se fera au travers d'une liaison Renater à 256 Kilo bits.

Les portables au sein de l'établissement se connecteront, au travers du port série, au système par un réseau spécifique aboutissant au serveur de connexions externes protégé par un Firewall.

La consultation des CD-ROMs - plus de 300 postes - sera banalisée, la configuration du poste se faisant à la demande.

L'accès aux postes PLAO sera controlé par introduction de la carte chercheur garantissant ainsi la confidentialité de ses données personnelles (dossier de travail).

6.4 Architecture logicielle

L'architecture logicielle des postes de lecture est construite sur le principe d'intégration de souches progicielles au travers des mécanismes standards d'échanges de Windows NT - serveur OLE et Control OCX - ou par le biais d'API (Application Program Interface). Des Interfaces Graphiques Homme-Machine spécifiques seront développées pour présenter aux lecteurs les différents services que ce soient les systèmes de consultation des fonds numérisés - fonds numériques, catalogue de CD-ROMs et navigateur Internet ou les fonctions de lecture savante - annotation, structuration, OCR, édition, prise de note, classement.

L'architecture d'accueil repose sur le bus logiciel Lotus Notes offrant les fonctions de base de stockage des dossiers personnels ainsi que l'infrastructure d'accès à Internet. Ainsi, la récupération sécurisée du contenu des dossiers, résultats du travail des chercheurs, sera facilitée par la publication au format HTML par les serveurs InterNotes.

Les différentes fonctionnalités offertes aux usagers du poste sont en partie couvertes par la liste suivante de progiciels.

Application Progiciel Fonctionnalités Consultation

Le contrôle des éditions à la demande - autorisation, facturation, notarisation

7. conclusion

En conclusion, je voudrais indiquer d’abord des éléments de calendrier des opérations qui nous attendent et enfin des perspectives pour des prochaines étapes.

La Bibliothèque nationale de France vient de franchir deux jalons clés qui déterminent la suite de son projet informatique :

A partir de là, débutera la phase délicate d’intégration de l’ensemble des composants matériels, applicatifs ou de données du Système d’Information dans sa version V1. Parallèlement commenceront les formations du personnel de la bibliothèque à l’utilisation du système.

Le calendrier actuel prévoit ainsi la mise en oeuvre du système pour fin 97- début 98 à l’ouverture du niveau Rez de jardin de la bibliothèque.

L’année 98 verra la montée en charge progressive de l’ensemble des fonctionnalités du système, en particulier la mise en oeuvre des fonctions de production bibliographique et surtout la généralisation des possibilités d’accès externes au Catalogue par INTERNET et par Z39.50.

A partir de là, en fonction évidemment des moyens qui seront accordés, on peut imaginer tout un ensemble de prolongements à ce vaste projet de rénovation de son informatique mené par la Bibliothèque nationale de France. Le premier envisageable concerne évidemment l’extension du système à la gestion des collections spécialisées de la bibliothèque (cartes et plans, manuscrits, estampes, ...).

Mais le plus passionnant que l’on puisse imaginer serait d’élargir le fonds des ouvrages numérisés aux ouvrages les plus demandés par les chercheurs et d’offrir des accès externes à ce fonds numérisé de la bibliothèque.

Il s’agit pas vraiment d’un problème technique, d’une part parce que l’architecture du système a été conçue pour supporter ces extensions sans remises en cause fondamentales, et d’autre part parce que les évolutions technologiques prévisibles en matière de stockage de données ou de capacité des réseaux ne vont que rendre plus aisées ces extensions pour des coûts en baisse.

Au delà de problèmes éventuels de moyens budgétaires, la difficulté majeure réside aujourd’hui dans l’évolution des cadres juridiques nationaux et internationaux en matière de droits des auteurs et des éditeurs et de droits de reproduction et de diffusion.

Je sais que la communauté des bibliothèques réfléchit à cette problématique que je pourrais résumer ainsi :

Comment étendre et généraliser l’accès à l’information primaire en profitant des avancées technologiques qui vont donner la possibilité, dans les 10 prochaines années, à 1 milliard d’êtres humains de bénéficier des services des futures "autoroutes de l’information" tout en préservant les intérêts légitimes des producteurs, auteurs et éditeurs ou des bibliothèques et musées chargés de gérer les patrimoines nationaux ?

Je ne m’aventurerai pas ici à répondre à cette question. Je dirai simplement, et ce sera ma conclusion, qu’est en train de s’élaborer les fondements technologiques, en particulier par la réalisation du système d’information de la Bibliothèque nationale de France mais aussi grâce à d’autres projets nationaux et internationaux, d’une nouvelle conception de la bibliothèque où coexisteront les modes traditionnels d’accès aux documents physiques et les modes d’accès aux documents virtuels. Cette évolution inéxorable doit être, à mon avis, accompagnée au sein même des bibliothèques en évitant le double écueil d’une vision mythique du " tout virtuel pour demain et pour tous" et d’un repli frileux sur une conception limitée de l’accès au seul patrimoine original.