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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 155-92-F
Division Number: -
Professional Group: OPENING SESSION
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 92.
Simultaneous Interpretation:   Yes

La Tour de Babel fut-elle un bienfait ? Quelles stratégies de communication pour la communauté internationale des bibliothèques

Christine Deschamps
Présidente


Paper

C'est fantastique d'être sur ce podium ici, à Amsterdam, et de vous parler officiellement en tant que Présidente pour la première fois. Cette 64ème Conférence générale de l'IFLA est la troisième fois que l'IFLA se réunit aux Pays-Bas; la première fois en 1939 avec Marcel Godet comme Président; la deuxième en 1966 avec Sir Frank Francis, et maintenant en 1988. Il est intéressant de regarder ce sur quoi mes prédécesseurs ont insisté dans leurs discours aux participants lors de ces Conférences de l'IFLA aux Pays-Bas. Comme vous le savez, l'année 1939 fut celle de la dernière Conférence d'avant-guerre, et le discours très grave de Monsieur Godet parlait principalement de régimes totalitaires et de constitutions démocratiques. Après avoir dit que tous les travaux des bibliothécaires devraient servir au développement de la liberté et du respect de la dignité humaine, il évoqua la possibilité d'améliorer la coopération internationale, partant du principe que tous partageaient l'amour des livres, et rappelant les succès de l'IFLA, qui avaient largement fait preuve de ses capacités à surmonter toutes les barrières.

En 1966, Sir Frank Francis se tournait vers l'avenir, et décrivait les prodigieux changements auxquels devaient faire face les bibliothécaires modernes, grâce aux nouvelles possibilités d'automatisation qui permettaient aux bibliothèques d'accélérer leurs recherches bibliographiques, ainsi que le contrôle bibliographique, tout cela dans l'intérêt des lecteurs. Son texte se terminait par un rappel à un redoublement de coopération en espérant que les techniques modernes dans le domaine de l'électronique puissent permettre d'aller plus vite dans la recherche de l'information scientifique, sans pour autant négliger les obligations du domaine de l'humain et du domaine des humanités, issues des nobles traditions de la profession, et qui en formaient encore la base.

Les idéaux démocratiques, l'interactivité des personnes, et le besoin constant de coopération internationale, sont encore des valeurs auxquelles j'aspire en tant que Présidente, et j'espère pouvoir vous en persuader.

C'est dans cet esprit que je veux vous accueillir à cette Conférence, avec pour thème le défi de nous situer « Aux carrefours de l'information et de la culture ». Même si bien des problèmes qui étaient ceux de nos collègues en 1939 et en 1966 sont encore les nôtres (parfois sous des formes différentes), les thèmes et les sous-thèmes développés par nos collègues néerlandais nous imposent de réfléchir aux immenses ressources qui sont ici, à Amsterdam, avec nous, à la fois intellectuellement et physiquement.

Permettez moi d'abord de résumer rapidement ce qui s'est passé depuis notre réunion de Copenhague. Je suis fière de vous annoncer que l'IFLA continue à grandir et à se développer, et que nous avons eu la joie d'acceuillir un certain nombre de membres de toutes les parties du monde. Naturellement, il faut tout d'abord prendre en compte l'adhésion des nouveaux pays indépendants de l'Europe de l'Est. L'IFLA a aussi reçu des adhésions de pays aussi éloignés et différents que le Brunei, le Guatemala, la Guinée Bissau, et Madagascar. D'autre part l'IFLA n'est pas isolé dans sa bulle, et nous avons bien dû prendre en considération les crises économiques de beaucoup de ces pays, dont la situation se reportait sur nos membres, qui pouvaient être amenés à cesser leur adhésion pour raison financière.

Je voudrais mentionner ici tout particulièrement le rôle du mécénat. L'IFLA a beaucoup développé récemment la recherche de mécènes de manière générale, mais il me semble qu'on pourrait également encourager certains d'entre eux à financer des adhésions pour des pays en difficulté. C'est une piste que l'IFLA va essayer de relancer pour venir en aide aux plus défavorisés, sans pour autant diminuer ses propres ressources, dont il a bien besoin!

Il faut remarquer également le nombre toujours croissant de membres individuels. Il semble bien que cette nouvelle catégorie réponde à un besoin, mais dans le même temps, il faut veiller à ce que l'IFLA ne perde pas son statut de fédération d'associations ou d'institutions.

Les activités professionnelles demeurent l'essentiel de notre activité. Nous n'existons que par ces actions qui oeuvrent pour le bien de la profession.Le mode de participation de chacun est maintenant bien rodé, depuis les Comités permanents jusqu'au Bureau Professionnel, tout en haut de la pyramide. Des Tables Rondes deviennent Sections lorsque le besoin s'en fait sentir. Par exemple, quand nous avons senti croître l'intérêt en Management et Marketing, une nouvelle Section a été créée pour le satisfaire. Le Bureau exécutif met en oeuvre les politiques prioritaires définies par le Bureau Professionnel, comme dans un gouvernement le pouvoir exécutif travaille avec le pouvoir législatif.. Les Programmes Fondamentaux continuent leurs activités spécialisées avec toujours autant d'efficacité, et je veux ici remercier les institutions qui les hébergent, et leurs membres qui s'y dévouent.

Comme vous le savez, depuis 3 ans, l'IFLA a travaillé à mettre en place 2 nouveaux Comités : le Comité sur les Affaires Juridiques (CLM), et le Comité sur la Liberté d'accès à l'information, et la Liberté d' expression (FAIFE). Depuis l'année dernière, ces Comités se sont dotés d'un Directeur (Mme Marianne Scott, Administratrice Générale de la Bibliothèque Nationale du Canada pour le CLM, et Mr Alex Byrne, Directeur des Ressources en Information de l'Université des Territoires du Nord, en Australie pour le FAIFE). Il faut remercier ici le gouvernement danois, la Municipalité de Copenhague, et la Communauté des bibliothécaires danois pour la création d'un Bureau à Copenhague pour le FAIFE.

Ces 2 Comités vont tenir leur première réunion officielle durant cette Conférence, et je pense que les sujets ne leur feront pas défaut. Les problèmes de copyright pour l'un, et de liberté d'expression et de lutte contre toute forme de censure pour l'autre, sont bien des problèmes cruciaux pour l'activité des bibliothèques dans le monde entier, et nous interpellent de manière urgente. Souhaitons leur une activité fructueuse. Soyez assurés en tous cas que la Présidente de l'IFLA suit leur action de très près, et se sent totalement concernée par ces problèmes. Nous n'arriverons sans doute pas à régler en peu de temps toutes les difficultés, mais ces Comités ne sont pas là uniquement comme « alibi »; il m'importe que leur action soit concrète, et visible.

Enfin, comme chaque année au cours de la Conférence, le Bureau Exécurif entendra les représentants de l'Unesco, et d'associations soeurs comme la Fédération Internationale de Documentation et d'Information, et comme le Conseil International des Archives, nous faire part de leur intérêt pour nos actions, et pour des programmes communs d'activité. La Plate-forme de Pékin, inaugurée avec le Conseil International des Archives par Robert Wedgeworth mon prédécesseur, n'est pas oubliée et nous étudions des possibilités de travaux en commun. De même allons-nous définir les responsabilités communes ou respectives de l'IFLA et de l'ISO pour la définition des normes de catalogage. Nous continuons à participer à des actions de l'Unesco sous forme de contrats et l'IFLA est régulièrement représenté lors de la Conférence Générale et aux réunions du Bureau du Programme Général d'Information.

Dans le domaine des publications, vous avez tous constaté la disparition de l'IFLA Annual, et l'étoffement de l'IFLA Journal par voie de conséquence. De plus, vous avez également tous pu consulter le premier numéro du Rapport biennal (le « Council Report ») qui , tout en faisant le bilan précis de nos activité, sert aussi d'outil promotionnel pour présenter notre association à des personnalités extérieures, à des associations ou institutions, à des ONGs ou à des mécènes. Le premier essai est une réussite, et nous attendons le prochain avec grand intérêt.

La dynamique de l'IFLA provient aussi de son personnel. Comme vous le savez, un certain nombre de membres du personnel de l'IFLA nous ont quitté cette année. Nous leur souhaitons bonne chance, et je voudrais rapidement vous présenter leurs remplaçants : tout d'abord notre nouveau Coordinateur Professionnel, Mr Sjoerd Koopman. Certains d'entre vous le connaissent déjà, d'autres ont lu sa biographie dans le communiqué de presse que l'IFLA a publié à l'occasion de sa nomination. Sjoerd s'est plongé tout de suite dans le travail quotidien de Coordinateur professionnel, et vous aurez tous l'occasion de le rencontrer pendant cette semaine. Vous pourrez également faire connaissance avec Charlotta Brynger, la nouvelle responsable des adhésions à l'IFLA, Josche Nevens, la nouvelle boursière Paul Nauta, et Karin Passchier, la nouvelle adjointe administrative. Voilà une nouvelle équipe, mais toujours sous la houlette éclairée de Sophie Felföldi, Carol Henry et Leo Voogt, heureusement!

Après ces quelques informations, je voudrais vous faire connaître certaines de mes activités pendant l'année, et en tirer quelques conclusions avec vous.

Il faut savoir que lorsu'on vient d'être élue Présidente de l'IFLA, on est submergée sous un flot d'invitations à toutes sortes de conférences, de séminaires, ou simplement de visites. tout le monde veut voir et connaître la nouvelle Présidente. J'ai donc eu une année particulièrement riche en voyages et rencontres de toutes sortes. Je veux d'abord préciser que jusque fin décembre 1997, je devais assumer la double fonction de Directrice d'une Bibliothèque Universitaire et de Présidente de l'IFLA sans aide supplémentaire. Je voudrais donc remercier ici le gouvernement français qui a la générosité de financer un poste supplémentaire de bibliothécaire pour me permettre de me consacrer pleinement à la Présidende de l'IFLA depuis janvier 1998. Les premiers voyages furent surtout des visites de mise au courant, ou les premières réunions du Bureau exécutif. J'ai cependant visité avec Leo Voogt les sites de la Conférence de l'IFLA en 2002 en Ecosse : Glasgow et Edinburgh nous promettent un excellent accueil, et la Library Association du Royaume Uni y travaille avec ardeur.

Mon deuxième voyage a été, assez symboliquement j'espère, pour un pays africain : le Ghana. Invitée à participer à un Séminaire sur l'accès à la Société Globale d'Information pour tous les pays d'Afrique de l'Ouest, cette visite était aussi un témoignage direct de mon intérêt pour les pays en développement, un premier contact avec des bibliothécaires de l'Afrique sub-saharienne, et de leurs problèmes de connexion à l'Internet. Je vous ferai part tout à l'heure des conclusions que j'en ai tirées quant aux actions prioritaires pour l'IFLA dans cette région du monde.

Après l'Afrique, je suis allée visiter une autre partie du monde, où l'IFLA a certainement besoin de se renforcer : l'Amérique du Sud. Le Chili et l'Argentine m'ont accueillie à bras ouverts, et j'y ai rencontré respectivement les Ministres de l'Education et de la Culture. Dans ces 2 pays, j'ai trouvé des professionnels remarquables, avec des moyens inégaux, mais non inexistants, et le sentiment d'être un peu exclus de la communauté des bibliothécaires, étant des pays « du bout du monde ». Dans les deux pays, peu ou pas de réseau de bibliothèques publiques, les bibliothèques nationales jouant le rôle de grande bibliothèque publique en même temps; au point qu'il n'est pas rare de rencontrer dans les couloirs de la bibliothèque nationale des mères de famille venues chercher des renseignements pour aider leurs enfants à faire leurs devoirs scolaires... J'ai beaucoup insisté sur la nécessité du développement des réseaux de lecture publique dans ces pays, pour construire l'identité nationale, pour développer la démocratie, et pour aider au développement économique et intellectuel. L'histoire récente de ces deux pays explique leur situation difficile, mais il ne vient pas toujours à l'idée de leurs dirigeants que les bibliothèques puissent jouer un rôle important dans ces domaines. Par contre, les bibliothèques d'étude et de recherche, les bibliothèques universitaires et scientifiques, et même les bibliothèques scolaires y sont dans l'ensemble assez riches. En Argentine, j'ai pu assister à la Conférence annuelle des bibliothécaires argentins, pendant la Foire du Livre de Buenos Aires, qui est une des plus grandes du monde. Et j'en reviens avec l'annonce de la candidature de la ville de Buenos Aires pour héberger la Conférence de l'IFLA en 2003.

Ensuite, quelques voyages en Europe : au Portugal d'abord pour une Conférence conjointe entre bibliothécaires de langue portugaise (y compris le Brésil, le Cap Vert, l'Angola, Macao, et j'en oublie encore bien d'autres) et les archivistes. Cette union des deux professions va bien dans le sens de nos travaux avec le Conseil International des Archives, et j'ai été heureuse de constater à quel point les bibliothécaires semblaient tous hautement interessés par cette coopération. Ceci doit nous encourager à continuer.
En Grèce ensuite, pour une réunion du Comité Technique 46 de l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO), dont je préside un Sous-Comité. Là encore, cette réunion m'a conduite, comme je l'ai mentionné plus haut, à réfléchir aux places et rôles respectifs de l'ISO et de l'IFLA dans la normalisation du travail de bibliothèque, et nous allons essayer de travailler sur un texte de répartition des tâches et des responsabilités.

Puis un voyage en Israël, pour la préparation de la Conférence de l'IFLA de l'an 2000 : une prise de contact avec le Comité local d'organisation, une visite des lieux et du site de la Conférence.

Pour terminer en Europe, j'ai assisté à la Conférence qui se tient chaque année maintenant en Crimée, cette année à Sudak, au bord de la Mer Noire. C'était une merveilleuse occasion me permettant de rencontrer des bibliothécaires de toute l'ancienne zone d'influence soviétique, d'écouter leurs problèmes, et de réfléchir aux solutions possibles. Là encore, ces bibliothécaires qui sont de remarquables professionnels, évoluent dans des circonstances extrêmement difficiles, et ont particulièrement besoin de se sentir membres d'une communauté internationale prête à les soutenir.

Enfin, début juillet, j'ai représenté l'IFLA à la Conférence de l'American Library Association, qui est comme vous le savez un de nos membres fondateurs, mais sans doute le plus important, puisque cette association à elle seule représente 65.000 membres. Qui n'a pas vu la Conférence annuelle de l'ALA ne sait pas ce que le mot « gigantesque » peut signifier : nous avons l'impression de tenir une grande conférence à l'IFLA avec nos quelque 2.500 participants, mais que dire d'une Conférence qui en rassemble bon an mal an entre 20.000 et 25.000! C'est bien simple, lors des formalités d'entrée aux USA dans l'aéroport, l'officier d'immigration m'entendant dire que je venais pour une Conférence, m'a aussitôt demandé si j'étais bibliothécaire...

Comme vous le voyez, ceux d'entre vous qui ont désespéré d'arriver à me joindre à mon bureau peuvent comprendre pourquoi ils n'y arrivaient pas... Et je pense avoir pu rendre hommage à des collègues de nombreuses parties du monde (l'Asie sera pour l'année prochaine), et à des bibliothèques et des associations de toutes tailles et de tous niveaux.. Partout, j'ai rencontré des collègues motivés et compétents, mais avec des difficultés de tous ordres. Cela m'a donc conduite à essayer de définir des priorités pour notre action dans les années à venir, et je voudrais maintenant vous les exposer.

On ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps. Si cela était possible, cela serait d'ailleurs déjà fait depuis longtemps! Il s'agit donc d'analyser ce que j'ai pu retenir de ces voyages, et d'en tirer quelques principes prioritaires.

Il m'a semblé que, quelques soient les difficultés économiques de certains pays, le plus difficile pour eux n'est pas seulement d'ordre financier. Beaucoup de pays en développement, ou actuellement défavorisés, peuvent trouver des financements pour obtenir des micro-ordinateurs de base et des lignes téléphoniques par satellite. De nombreux mécènes peuvent être sollicités dans ce sens. Je ne méestime pas les difficultés , mais je pense que, de moins en moins, elles seront majeures. Notre première Vice-Présidente, Ms Ekaterina Genieva, travaille depuis quelque temps avec la Fondation Soros pour développer la connexion à Internet des bibliothèques d'Europe de l'Est, et Sjoerd Koopman et moi-même avons rencontré à Washington pendant la Conférence de l'ALA des représentants de la Fondation Bill Gates, qui souhaite financer la même chose pour des bibliothèques de lecture publique dans le monde entier. Il s'agit de sommes extrêmement importantes, et l'IFLA a bon espoir de voir avancer les choses assez rapidement là-dessus. Traditionnellement, l'Unesco aide aussi ces pays à s'équiper en ordinateurs, et à se connecter à Internet. Donc, nous avons quelque espoir de voir les choses progresser sensiblement dans ce domaine.

Mais il me semble que dans le domaine de la formation, il y a encore beaucoup à faire. Et j'entends formation au sens le plus large. Car j'ai vu dans tous mes voyages des bibliothécaires compétents, mais parfois de manière théorique, ou de manière trop traditionnelle, trop manuelle. Il nous faut réaliser que cette globalisation de l'information influence non seulement les principes de notre profession, mais aussi ses pratiques. Ce n'est pas tout d'apporter Internet dans une petite bibliothèque publique d'un pays en voie de développement en zone rurale, encore faut-il aider les bibliothécaires d'abord et les lecteurs ensuite à comprendre, à intégrer ce qu'ils peuvent y trouver, et à faire le tri dans le fatras d'informations qui leur sont d'un coup déversées en masse. Il faut les aider à surmonter les barrières psychologiques, politiques, religieuses ou sexuelles qu'ils rencontrent : un bibliothécaire ne m'a-t-il pas demandé pendant un de mes voyages si je pensais qu'il était bon que les femmes eussent accès à Internet? Les bibliothécaires sont sans doute un pas en avant des autres communautés sur la liberté d'accès à l'information; encore faut-il aussi qu'ils puissent répondre aux demandes et aux objections de leurs lecteurs, et nous devons les y aider. Internet est comme la langue pour Esope : la meilleure ou la pire des choses, selon l'usage qu'on en fait. La formation est donc sans doute la première des priorités, et nous allons travailler avec le Programme fondamental ALP comme avec d'autres partenaires ou mécènes, à développer de nouveaux programmes de formation, y compris la formation à distance.

La deuxième priorité est très certainement la communication ou la liberté d'expression. A quoi sert d'avoir à portée de main toutes les informations du monde, si l'on est empêché de les diffuser, si l'on ose pas les montrer, si l'on est soumis à la censure ou à l'auto-censure? La démocratie est sans doute toujours imparfaite, elle reste cependant notre but, et surtout dans les bibliothèques. De toutes parts elle peut être menacée, et c'est pourquoi la mise en place du Comité FAIFE nous paraît tellement important. Ce que nous voulons à tout prix éviter, c'est que ces moyens, ces techniques, mis à disposition du public, ces informations potentielles, ne soient que des leurres ou des alibis nous rassurant et nous confortant sur notre propre rôle, sans réalité concrète. Partout où je vais, j'insiste sur l'importance pour un développement démocratique et une identité nationale des bibliothèques. Ce message doit être porté « urbi et orbi » ». Il doit aussi se refléter dans l'activité quotidienne de nos bibliothèques, et dans les priorités de l'IFLA.

Enfin, la troisième priorité que je souhaiterais soutenir, c'est la normalisation. Quel que soit le niveau de développement technique d'une bibliothèque, il existe des normes qui peuvent lui être utiles. La normalisation n'est pas réservée aux établissements riches, pour des techniques de pointe (document électronique ou éléments de données...). Mais il est certain que si l'on ne normalise pas tout de suite à un certain coût, il faudra tôt ou tard le faire, et plus ce sera tard, plus cela coûtera cher...

A l'heure de la mondialisation des économies, de la globalisation de l'information, aucune bibliothèque au monde ne peut se sentir totalement isolée, ni être justifiée à travailler selon ses propres normes, quel que soit l'héritage historique. Ne serait-ce que sur le catalogage manuel, sur le prêt entre bibliothèques, sur les descriptions des vedettes-matière, il n'est pas de domaine échappant à la normalisation, et c'est une bonne chose. Nous devons parler tous le même langage pour pouvoir échanger des expériences et nous devons désigner les mêmes choses par les mêmes noms. Alors seulement, Babel deviendra-t-elle un bienfait au lieu d'une malédiction...