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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 027-120-F
Division Number: VI
Professional Group: Statistics
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 120
Simultaneous Interpretation:   No

LIBECON2000 et l'avenir des statistiques internationales de bibliothèques

David Fuegi
LIBECON2000
Colchester, Essex, UK
E-mail: david@fuegi.demon.co.uk


Abstract

LIBECON2000 est un projet financé par la DG 13 de la Commission européenne au sein du programme télématique, et qui s'étend sur trois ans jusqu'au début de 2001. Le projet a pour objet la collecte et la publication des statistiques de bibliothèques de 29 pays européens sur son site web (www.libecon2000.org). Cette communication rend compte de l'avancement du projet et s'interroge sur l'avenir de la collecte et de la publication de statistiques de bibliothèques au plan international, et notamment sur les rôles de l'UNESCO et de l'ISO.


Paper

BREVE DESCRIPTION DE LIBECON2000

Le rôle des bibliothèques dans la fourniture des supports de la connaissance ne cesse de se développer, et l'on estime qu'au début de cette décennie les dépenses totales des bibliothèques des principaux pays d'Europe s'élevait à 8,45 billions d'euros par an. Tandis que nous approchons la fin de ce siècle, des progrès rapides sont réalisés dans la diffusion électronique des connaissances, et les bibliothécaires jouent un rôle clé dans cette révolution de l'information. Dans ce contexte, il est important pour nous de vérifier le rôle économique que jouent les bibliothèques, et c'est l'objectif de LIBECON2000 de fournir les témoignages statistiques appropriés pour éclairer le mieux possible les gouvernements internationaux, nationaux, locaux et le secteur privé sur les politiques à conduire et l'évaluation des investissements à réaliser. Un réseau de contacts représentant les 474.000 personnes employées dans le secteur des bibliothèques a été mis en place afin de coordonner le retour des informations statistiques de manière régulière, et ces données ainsi que toutes les références utiles, soient tenues à jour sur le site web de LIBECON2000 1.

Le projet LIBECON2000 est financé par la commission européenne jusqu'en 2001, date à laquelle une source très riche et importante de matériaux de recherche aura été collationnée. Ceci formera la base pour un « Millennium Study » de l'importance économique des bibliothèques. Le travail a été entrepris par la bibliothèque Nationale de la république tchèque, le LISU (Library Information Statistics Unit) et l'Institut de finances publiques qui compile toutes les statistiques pour les services des gouvernements locaux au Royaume Uni.

Le projet collecte les données statistiques sur les bibliothèques européennes, et les publie sur le web et sous forme imprimée. Il n'y a pas d'exclusive. L'UNESCO, qui a joué un rôle pionnier dans la normalisation de ce domaine, a également publié depuis des années des statistiques de bibliothèques de nombreux pays et récemment, s'est donné pour objectif de couvrir six secteurs de bibliothèques de manière normalisée tous les trois ans. Il y a un bon nombre de sites où l'on peut trouver des statistiques de bibliothèques, bien que peu de pays européens y soient représentés. Ce type de données est idéal pour une publication sur le web, car :

  • elle permet de surmonter les barrières linguistiques
  • elle autorise des publications plus rapides que sur papier (bien que LIBECON 2000 s'appuie principalement sur d'autres sources publiées).
  • Elle permet une meilleure diffusion de données auprès d'utilisateurs qui sont dispersés, et qui d'autre part ont davantage besoin de données brutes que de publications d'ensemble.
  • Elle facilite la communication entre les producteurs et les utilisateurs des données.

Ce que fait LIBECON2000 est à la fois plus large et plus limité que ce qu'a fait l'UNESCO. Plus limité car il ne couvre que 29 pays (c'est à dire les membres de l'Union Européenne, les pays signataires de l'Association Européenne de Libre Echange (AELE), et les pays de l'Europe centrale et orientale (PECO) signataires des accords européens) alors que l'UNESCO vise le monde entier. Plus large en ce sens qu'il pose davantage de questions (voir figure 1) et s'intéresse aux données financières, présentées de manière normalisée (en euros et non pas en devise nationale).

Il dispose aussi des ressources nécessaires pour contrôler plus complètement ses sources et, à la différence de l'UNESCO, évalue des compensations pour les données manquantes et fournit une bibliographie des listes de contacts et la traduction des principales rubriques des publications originales. Comme l'UNESCO, LIBECON2000 évalue les pays, et non les bibliothèques. En d'autres termes, il ne réalise pas le travail d'enquête primaire. Il suit également l'UNESCO en publiant des commentaires sur les tendances observées. Les premières publications dans cette série comprennent Library Economics in Europe 2 et Library Economics in Central et Eastern Europe 3. Les données, mais non les textes, de ces deux publications sont sur le site web de LIBECON2000 [www.libecon2000.org]. Le site web est mis à jour en permanence dès que de nouvelles données sont disponibles. Un commentaire sur les évolutions jusqu'en 1998 paraîtra à la fin de 1999 et sera publié sur le web et peut-être sous forme imprimée.

Un objectif majeur de LIBECON2000 est de créer une communauté virtuelle de tous ceux qui créent et utilisent des statistiques de bibliothèques dans les pays d'Europe. La focalisation sur l'Europe du projet résulte des objectifs politiques de l'établissement financeur, la Commission Européenne, et les travaux pourraient utilement être élargis au delà si l'on pouvait trouver le moyen de le faire. La liste de discussion sur le site web est bien entendu ouverte à tous, mais le projet est principalement en contact avec les praticiens en Europe et, bien entendu, avec les organismes internationaux impliqués dans ce domaine. Un des principaux problèmes pour réunir des statistiques significatives est l'accès à des informations qui répondent à des définitions homogènes. L'ISO, qui est la fédération internationale des organismes nationaux de normalisation (organismes membres de l'ISO), est chargée de préparer les normes internationales au sein de ses comités techniques. Les organisations gouvernementales et non gouvernementales internationales, en lien avec l'ISO, prennent part également à ces travaux et LIBECON 2000 cherchera à alimenter le débat sur les normes. Sa capacité à le faire vient de ce que c'est l'une des rares organisations à avoir tenté de collecter et comparer les statistiques de bibliothèques de nombreux pays et qu'elle a une expérience de première main des écueils possibles.

QUELQUES PROBLEMES ET QUELQUES SOLUTIONS

Rassembler des informations significatives sur le rôle que jouent les bibliothèques dans le développement des ressources d'information en Europe est un processus plein de difficultés qui impose de surmonter un certain nombre de problèmes pratiques. Le problème principal, par rapport au thème de cette communication, est qu'on ne peut collecter que des données qui existent - à moins d'avoir un budget pour réaliser de enquêtes primaires, ce qui ne serait pas souhaitable même si on en avait les moyens car cela ajouterait une charge supplémentaire et conduirait à refaire le travail qui est celui des agences nationales ou éventuellement régionales. L'utilisation des données existantes entraîne, selon les pays, les problèmes suivants :

  • Des données manquent, par exemple:
    • des données n'existant pas pour certains domaines 4(Par exemple, il n'y a pas d'enquête sur les bibliothèques scolaires dans de nombreux pays).
    • des domaines sont incomplets (il manque des bibliothèques)
    • des domaines ne permettent pas des comparaisons internationales (les « autres grandes bibliothèques non spécialisées » et les domaines spécialisés sont ceux qui donnent le plus de maux de tête)
    • des données sont indisponibles : les questions n'ont pas été posées ou n'ont pas eu de réponse.
  • Il y a des problèmes de langue.

Pour améliorer la qualité des données, il faut aborder ces différents problèmes.

Le problème des domaines manquants relève sans doute seulement du niveau national, les utilisateurs potentiels de ces données faisant pression sur les autorités compétentes puisqu'elles prennent en charge les travaux nécessaires. LIBECON2000 a obtenu quelques succès dans un certain nombre de pays à la fois en incitant à la couverture de domaines qui ne l'étaient pas jusque là, et en élargissant le champ d'enquêtes préexistantes et en promouvant l'adoption de définitions normalisées. En Europe, les bibliothèques publiques, les bibliothèques nationales et les bibliothèques de l'enseignement supérieur sont habituellement couvertes, mais pas toujours. La couverture des bibliothèques scolaires et des deux autres domaines est beaucoup plus rare.

Les domaines incomplets (c'est à dire ceux pour lesquels on doit faire des estimations) est aussi à traiter de préférence au niveau national, mais cela n'est pas encore couramment réalisé dans les documents qui sont publiés. LIBECON2000 s'efforce d'y parvenir en s'appuyant sur les sources locales bien informées. Il est possible qu'au sein de la norme ISO 2789 révisée, une section recommandant cela et fixant une méthodologie agréée puisse jouer un rôle influent et bénéfique.

Les deux problèmes restant relèvent de l'application des normes, mais ils ne sont pas faciles à résoudre. Le problème des domaines qui ne peuvent faire l'objet de comparaisons au plan international vient en partie seulement de la manière dont les définitions sont appliquées. Par exemple, un pays décide d'inclure dans l'enquête uniquement les bibliothèques au dessus d'une certaine taille, tandis qu'un autre s'efforcera de les couvrir toutes de manière exhaustive, ou encore l'un inclus toutes les bibliothèques spécialisées alors que l'autre exclue celles du secteur privé. Une des plus grandes difficultés survient lorsque la géographie institutionnelle des pays n'est pas identique. Certains pays ont beaucoup « d'autres grandes bibliothèques non spécialisées », ce qui a des effets directs sur d'autres domaines comme les bibliothèques nationales, publiques ou celles de l'enseignement supérieur. C'est le cas des bibliothèques des Académies des sciences dans un certain nombre de pays d'Europe de l'Est. Le fait que le terme « grande » ne soit pas défini dans la norme aggrave le problème. Dans l'idéal, il y aurait besoin d'un forum au sein duquel les pays discutent de ces questions et trouvent les meilleurs compromis possibles. Le forum envisagé n'est pas un TC 46 (lorsque la norme est élaborée) mais une sorte de groupe de mise en œuvre.

Malheureusement, la conférence de l'IFLA n'est pas le bon endroit pour un tel forum dans la mesure où la plupart de ceux qui compilent et implémentent les normes ne sont pas des bibliothécaires. En fait, il devrait s'agir probablement d'un forum virtuel à l'image de ce que propose le site web de LIBECON

Le problème de la non disponibilité des données est un de ceux auxquels ceux qui révisent la norme ISO 2789 devraient être encouragés à s'attaquer. A lire entre les lignes de la préface de la norme, il semble clair que les auteurs ont à l'esprit un objectif limité, autrement dit normaliser les définitions qui sont employées dans le questionnaire de l'UNESCO. Si l'UNESCO n'a pas posé une question, les auteurs n'essaient pas d'en donner la définition. Le questionnaire de l'UNESCO est devenu la norme de facto pour les statistiques de bibliothèques et beaucoup de pays ne vont pas au delà, même si il y a un bien plus grand nombre de données qui pourraient être collectées utilement au niveau national et si certaines paraissent essentielles au niveau international. Cela entraîne des difficultés pour obtenir des réponses à des questions nouvelles qui ne sont pas encore couvertes par le questionnaire de l'UNESCO. L'UNESCO a joué un rôle pionnier en adoptant les recommandations sur la normalisation internationale de statistiques de bibliothèques en 1970, qui conduisirent à la première édition de la norme ISO en 1974. Toute personne qui s'intéresse aux statistiques doit à juste titre être reconnaissant à l'UNESCO, et bien entendu l'UNESCO n'a jamais demandé ni laissé supposer que les questionnaires nationaux devraient se limiter aux champs couverts par ses propres formulaires. Malheureusement, certains pays bornent leur effort, au niveau national, à la réponse au questionnaire de l'UNESCO. Certes, ce problème pourrait être surmonté, comme il l'est de fait dans de nombreux pays, par des bibliothécaires et d'autres utilisateurs potentiels des données se mettant d'accord sur des définitions nationales pour les questions non couvertes par la norme ISO 2789 et garantissant leur adoption, mais cela vaudrait la peine que l'ISO de son côté élargisse l'éventail de ses définitions, pour éviter que l'on ne réinvente complètement la roue.

Il y a aussi, aujourd'hui, besoin d'engager un processus de modernisation et d'élargir l'éventail des définitions pour commencer à prendre en compte les récents développements technologiques. La plupart des bibliothèques européennes, par exemple, ne seraient pas reconnues par leurs usagers comme atteignant un niveau convenable si elles ne faisaient pas une utilisation massive des technologies de l'information et de la communication, y compris l'accès en réseau aux ressources électroniques et à internet. Alors que les définitions dans ces domaines restent encore problématiques, il est à l'évidence essentiel de saisir ces questions à bras le corps. Ne pas le faire donnerait l'impression que les bibliothécaires estiment que les prêts entre bibliothèques ou les microfilms ont plus d'importance dans leur travail que les moyens modernes de transfert de l'information. Il serait également utile que la norme ISO 2789 révisée fasse des recommandations sur la présentation des données. L'utilisation de graphiques, de ratios et de séries temporelles dans les publications nationales les améliorerait de façon considérable, et il existe des exemples de bonnes pratiques sur lesquels s'appuyer. La recommandation par l'ISO que les publications de statistiques de bibliothèques incluent un résumé en anglais et une traduction des différentes rubriques résoudrait les problèmes de langue pour bien des gens. Une traduction des définitions ferait plaisir aux spécialistes ! La recommandation d'une publication parallèle sur le web serait également la bienvenue.

QUELQUES DEFIS POUR L'AVENIR

L'avenir de cette activité (collecter et publier les statistiques de bibliothèque au plan international) est confronté à quelques incertitudes au moment ou j'écris. L'UNESCO, qui a été pionnier pour ces travaux depuis les années 70, est en train de réduire les effectifs de ses équipes statistiques, et on ne voit pas clairement quelles en seront les conséquences pour les statistiques des bibliothèques et des autres institution culturelles. EUROSTAT, qui rassemble les statistiques pour l'Union Européenne et à qui on a demandé récemment de rassembler les statistiques culturelles au niveau de l'Union Européenne, n'a pas inclus les bibliothèques dans son programme. LIBECON2000 s'arrêtera en 2001, sauf s'il réussit à obtenir un nouveau délai d'une manière ou d'une autre à l'intérieur du Cinquième Programme Cadre. Ceci est probablement l'approche la plus pragmatique, cependant il vaudrait mieux que ce projet puisse étendre ses activités au delà de l'Europe, mais cela ne pourra se faire que si l'on réussit à trouver des financements d'autres sources. Il apparaît hautement souhaitable que l'on mette en place une initiative plus large avec une base géographique étendue.

Dans le même temps, les bibliothèques et le monde de l'information se transforment rapidement, à mesure que les technologies évoluent et que les gouvernements accentuent le rôle des bibliothèques dans le soutien à l'éducation, l'intégration sociale et la croissance économique, à égalité avec leur rôle culturel plus traditionnel. La numérisation se développe à grande échelle dans plusieurs pays, prise en charge de manière croissante par les bibliothèques, mais non prise en compte dans les statistiques. Des questionnaires sont utilisés de manière courante pour mesurer la qualité ou la satisfaction des usagers, mais leur utilisation n'est pas encore recommandée par les normes sur les statistiques de bibliothèque. La connectivité et l'accès électronique aux documents sont également des questions essentielles que les statistiques courantes n'abordent pas.

Notes

1. www.libecon2000.org

2. Ramsdale, P. Library Economics in Europe: an Update 1981-1990. Luxembourg, Office for Official Publications of the European Communities, 1995. ISBN 92 826 9197 7

3. Ramsdale, P. and Fuegi, D. Library Economics in Central and Eastern Europe. Luxembourg, Office for Official Publications of the European Communities, 1997. ISBN 92 828 1562 5

4. J'entend par domaine les divers types de bibliothèques qui sont définis dans la norme ISO 2789 : bibliothèques publiques, bibliothèques nationales, etc.

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Latest Revision: July 27, 1999 Copyright © 1995-2000
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