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66th IFLA Council and General
Conference

Jerusalem, Israel, 13-18 August

 
 


Code Number: 012-114-F
Division Number: VIII
Professional Group: Africa
Joint Meeting with:
Meeting Number: 114
Simultaneous Interpretation: No

La gestion de l'information pour le développement au 21e siècle : perspectives pour les bibliothèques africaines, défis mondiaux

Kenneth Ivo Ngozi Nwalo
Département de Bibliothéconomie, des Archives et des Sciences de l'Information
Université d'Ibadan - Ibadan, Nigeria


Résume

Cette communication présente le rôle vital que l'information peut jouer dans le développement des pays africains au 21e siècle. Il insiste sur le fait que le développement de l'information ne peut être assuré que lorsque les bibliothèques en Afrique auront informatisé leurs systèmes de gestion, formé des réseaux de partage des ressources et tiré profit des nombreux avantages des technologies de l'information et de la communication (TIC), spécialement des CD-ROM et de l'Internet. Une revue approfondie de l'environnement dans lequel les bibliothèques africaines sont gérées a été faite et celui-ci est apparu très défavorable. Parmi les obstacles qui entravent le développement des NTIC dans les bibliothèques africaines, on peut citer l'indifférence ou le financement inadéquat par les gouvernements et leurs responsables, la faiblesse du développement des infrastructures de l'information et de la communication et le manque de compétences techniques. Malgré ces goulots d'étranglement, les bibliothèques africaines doivent relever le défi de parvenir à une gestion efficiente et efficace de l'information au 21e siècle afin de faciliter le transfert de technologie, d'appuyer l'enseignement, l'éducation et la recherche, et de présenter les réalisations et les potentialités africaines au reste du monde pour que les uns et les autres puissent en tirer des bénéfices mutuels. Considérant l'élargissement de la démocratie en Afrique, les plans de développement de l'économie, la meilleure amélioration de l'infrastructure de l'information, et les progrès déjà accomplis dans la mise en œuvre des TIC et des réseaux en Afrique, il a été établi que les chances des bibliothèques africaines d'automatiser leurs services au 21e siècle sont devenues meilleures. Cette communication conclue sur le fait qu'aussi bien l'Afrique que le reste du monde ont besoin mutuellement de recevoir de l'information pour le bénéfice de tous. Par conséquent, le défi d'une avancée positive dans le sens de promouvoir une gestion moderne de l'information dans le nouveau millenium n'est pas seulement lancé aux bibliothécaires africains mais au monde entier


TEXTE

Introduction

L'euphorie par lequel le monde a salué le nouveau millenium n'est rien d'autre que l'extériorisation de notre désir le plus profond d'un développement positif. Chacun de nous a regardé le 21e siècle comme une période pendant laquelle nos rêves en tant qu'individu, organisation, communautés et nations seront réalisés. Le monde est en réalité assoiffé de développement. Cependant, la perception du développement ne peut être exactement la même aussi bien pour le monde développé que pour les pays en développement de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine. Alors que le premier groupe doit s'efforcer de consolider ses acquis dans le contrôle de l'espace intersidéral et de l'économie mondiale, le second souhaite juste pouvoir régler les besoins essentiels. Le développement est assimilé au progrès et au bien-être matériel des hommes et des nations.

On a besoin du développement pour fournir aux peuples de quoi satisfaire les besoins essentiels de la vie, pour leur bien-être, et pour donner un certain degré de dignité et de liberté aux peuples qui en ont été privés par la pauvreté. Pour tous les pays africains, qui au siècle dernier ont été juste libérés du colonialisme pour se voir ravager par les guerres, la désertification, l'érosion, la dictature militaire, des rêves non réalisés d'existence en tant que nation et toutes sortes de calamités naturelles et humaines, le 21e siècle est porteur de beaucoup d'espoirs (espoir de stabilité politique, espoir de prospérité économique, espoir de développement technologique, espoir de satisfaire les besoins essentiels de la vie comme l'alimentation, le logement, la santé, l'éducation, la liberté et une foule d'autres aspirations déjà considérées comme acquis par les pays développés).

Comme beaucoup d'auteurs l'ont remarqué, l'Afrique et le monde en développement ne peuvent pas se permettre de rater le développement au 21e siècle. Pour que nos plus nobles rêves puissent être réalisés, nous avons besoin de planifier. Nous avons aussi besoin d'investir une part significative de notre richesse nationale dans la production, la gestion et l'utilisation d'une information de qualité pour le développement. Aiyepeku (1991) perçoit l'information comme le savoir accumulé par l'humanité, dans tous les domaines et qui peut aider ceux qui l'utilisent à réduire leur niveau d'incertitude. Depuis les indépendances, les pays africains ont établi un catalogue de plans de développement à court et long terme dont l'échec est largement lié à un manque de gestion et d'utilisation d'une information adéquate.

De nos jours, l'information est considérée comme le cinquième facteur de production qui n'est pas du tout inférieur à la terre, au travail, au capital et à l'entreprenariat. En effet, Brandin et Harrison (1987) ont observé que " la ressource informationnelle est maintenant un nouveau type de capital décrit comme étant le capital du savoir ". Dans le même ordre d'idées, Drucker (1969) nous avertissait que l'acquisition systématique et résolue de l'information plutôt que de la science et de la technologie apparaît comme la nouvelle base du travail, de la productivité et de l'effort à travers le monde. Dans quelque chose qui ressemble à une confirmation de la prédiction de Drucker, Bergdahl (1989) note que l'information est devenue une ressource tellement précieuse que le destin des nations modernes pour l'essentiel est lié à leur capacité de la développer et de l'exploiter. En outre, elle prédit que dans le futur, les pays qui ne développeront pas cette capacité seront laissés derrière dans les domaines culturels, scientifiques et du développement économique. Mis à part le fait qu'ils vont souffrir de la dépendance vis-à-vis des autres, ces pays ne seront ni des partenaires dans la production globale de l'information, ni ne contribueront de manière significative au futur commun de la civilisation. Nous vivons déjà aujourd'hui ce futur que prédisait Bergdahl.

Peut-être que , ce sont des considérations comme le besoin de partager les ressources informationnelles entre ceux qui sont abondamment informés et ceux qui le sont plus faiblement à travers les cultures pour le bénéfice de tous qui sous-tend le thème la Conférence de l'IFLA de cette année : information pour la coopération / création : la bibliothèque globale du futur. Ce thème pose de grands défis pour les bibliothèques et les bibliothécaires en Afrique qui ont la responsabilité de gérer les ressources informationnelles du continent et partant du monde entier. Selon Pejiova et Kavcic-Coiic (1974), "des performances accrues, une meilleur qualité, la compétitivité, la protection de l'environnement, la rationalisation, un meilleur déploiement des ressources et presque tous les autres problèmes de gestion nécessitent un meilleur traitement et une utilisation plus efficiente de l'information".

L'Afrique, peut-être plus que tous les autres continents, est dans un extrême besoin de développement pour tout simplement sauver ses habitants de la faim, des maladies et de l'ignorance entre autres menaces . Cette communication s'insère dans le sous - thème de la conférence de l'IFLA 2000 : La gestion de l'information : la bibliothéconomie du 21e siècle. Pour que l'Afrique puisse devenir un participant actif du nouvel ordre mondial de l'information, il est impératif qu'elle introduise, dans toutes ses bibliothèques, les techniques modernes de gestion de l'information. Les efforts faits dans ce domaine demeurent comme une goutte dans l'océan. Ainsi, il est judicieux d'insister sur la nécessité d'une utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par les bibliothèques africaines et d'attirer l'attention de tous ceux qui y sont impliqués sur le problème difficile de la réalisation de l'innovation tant souhaitée et de ce qui doit être fait pour renverser la tendance.

 

Tendances actuelles dans la gestion de l'information

Dans le passé, les bibliothèques et les centres de documentation géraient manuellement leurs ressources informationnelles. Le caractère laborieux d'une telle pratique, les retards qui en découlent dans le traitement et dans les services de mise à disposition de l'information et l'inéfficience générale des services d'information en ce temps-là ont motivé sans doute de sérieuses recherches pour trouver les meilleurs moyens de gérer l'information. Le point culminant des résultats de la recherche est de nos jours la question favorite des technologies de l'information.

Selon Oketunji (1999) les technologies de l'information que l'on trouve dans les bibliothèques actuellement peuvent être divisées en trois catégories : les ordinateurs, les moyens de stockage et les télécommunications. Ces trois aspects, combinés ensemble ont apporter une grande amélioration dans la quantité et dans la qualité des services aux publics des bibliothèques et une réduction importante des délais de fourniture de l'information. En outre, la jonction de l'ordinateur et des télécommunications, la télématique, dont le point culminant est Internet, a accéléré le développement des réseaux d'informations a travers le monde.

Avec l'émergence d'Internet, le monde a été véritablement réduit en un village global d'informations. Ce réseau mondial, bien que destiné à satisfaire les besoins et les intérêts en information de toutes les couches de la société, a été un grand renforcement pour les services de bibliothèques à travers le monde. C'est un fait bien connu maintenant que la connexion à Internet favorise un niveau incomparable de communication, de collaboration, de partage des ressources et d'accès à l'information. L'édition électronique de certaines revues importantes et autres matériaux sur Internet a rendu caduque la nécessité d'acquérir physiquement de tels matériaux par les bibliothèques. Tandis qu'Internet relance de manière significative les bibliothèques qui en offrent un accès, tous les autres, particulièrement en Afrique et dans le Tiers monde perdent le bénéfice de rendre disponibles à leurs usagers tous ces travaux publiés sur support électronique par le canal habituel de l'abonnement aux revues. Les répercussions de ce développement sur une majorité de bibliothèques africaines peuvent être très graves.

Avec les nombreux avantages des technologies de l'information largement discutés dans la littérature, par exemple par Cochrane (1992) et Henderson (1992), les bibliothèques sont entrain d'informatiser leurs services partout dans le monde. Afin de saisir les immenses avantages qu'offrent les TIC dans la gestion de l'information, une bibliothèque doit informatiser ses services. Malgré cette réalité massive, le rythme de l'automatisation des bibliothèques en Afrique reste très faible et cela est particulièrement préoccupant.

 

Panorama de la gestion de l'information dans les bibliothèques africaines

Dans la gestion des ressources informationnelles de la bibliothèque, le bibliothécaire est confronté aussi bien à des difficultés internes qu'externes. Le niveau de développement des bibliothèques en Afrique rappelle le climat général de sous développement dans la région. Selon la Commission Sud (1990) :

    Trois milliards et demi d'individus, soit les trois quarts de toute l'humanité, vivent dans les pays en développement. En l'an 2000, la proportion va probablement augmenter du quart. Ensemble, les pays en développement - qui comptent plus des 2/3 de la surface de la terre...sont souvent appelés le Tiers Monde. Nous référerons à eux comme le Sud. Largement omis quant aux profits de la prospérité et du progrès, ils vivent à la périphérie des pays développés du Nord. Alors que la plupart des populations du Nord vivent dans l'aisance, la plupart des peuples du Sud sont pauvres ; alors que les économies du Nord sont généralement fortes et résistantes, celles du Sud sont généralement faibles et sans défense ; alors que les pays du Nord sont, pour la majorité, maîtres de leur destinés, ceux du Sud sont très vulnérables aux des facteurs extérieurs et au manque de souveraineté fonctionnelle.

Ironiquement, la description qui précède du Tiers Monde dont l'Afrique est au centre a été faite il y a une décennie lorsque les économies africaines pouvaient encore être considérées comme dynamiques. Dans la précédente décade, les économies africaines étaient tombées en chute libre à des niveaux extrêmement pitoyables du fait de mauvais gouvernements, des dictatures militaires, des conflits armés et de l'instabilité générale de la population et des calamités naturelles comme la désertification, des inondations, de l'inflation endémique et globale.

N'importe qui, ayant suivi attentivement les reportages, les documentaires, et les informations courantes sur l'Afrique et sur l'étranger dans les mass média, sur la pauvreté, la faim et les maladies dans les régions de l'Afrique commencerait par se demander pourquoi des peuples survivent encore dans la Région. Beaucoup de nouvelles démocraties ont été renversées en Afrique parce que les peuples ne sont plus patients avec la classe politique et leurs promesses d'un lendemain meilleur. Les masses réclament ce que le Président Obasanjo du Nigeria appelle les "dividendes de la démocratie".

C'est dans ce climat socio-économique que les bibliothèques africaines doivent se développer. C'est dans ce milieu qu'elles sont sensées être gérées de manière efficiente et efficace. Dans toute société, la bibliothèque est la source d'informations pour le développement la plus sure. Étant donné que le gouvernement constitue le premier moteur du développement dans les pays africains, son soutien ou son indifférence vis-à-vis du développement des bibliothèques fera évoluer positivement ou négativement ces dernières. "Une bonne information", selon Kaye (1995), "améliore la prise de décision, accroît l'efficacité et fournit une marge de compétitivité à l'organisation qui en sait plus que ses concurrents". La situation en Afrique est quelque peu bizarre. Étant donné que les gouvernements et leurs services s'appuient à peine sur une information solide pour leurs activités de développement, souvent l'information disponible reste sur les étagères de ceux qui la produise à se couvrir juste de poussière. Comme on pourrait s'y attendre, les gouvernements des pays africains accordent très peu de priorité à une information sérieuse et ainsi voient à peine la nécessité de soutenir les bibliothèques.

Neill (1991) rapporte que quelques conférences et séminaires patronnés par le NATIS ont été tenues à travers l'Afrique - Ouganda (1990), Kenya (1973) et toute la région Sud, Afrique Centrale et de l'Est incluant le Soudan (1974), la Tanzanie (1974), le Kenya (1975), (1978), le Malawi (1978), le Lesotho (1979), le Swaziland (1979), le Botswana (1980), et le Zimbabwe (1981). Les objectifs de ces séminaires et conférences étaient de créer un dialogue entre les bibliothécaires et les décideurs politiques afin d'augmenter la prise de conscience de ces officiels par rapport à l'utilité et la valeur de l'information dans le processus de planification et de prise de décision.

Après un examen des conclusions du comité chargé de l'évaluation du succès obtenu par le NATIS à travers ces séminaires et conférences, tout le programme a été jugé comme étant un exercice pur et simple de futilité. Commentant ce problème, Neill (1991) regrette que :

    Les représentants gouvernementaux, les planificateurs et les décideurs ont montré un niveau extrêmement faible de prise de conscience et de sensibilisation en ce qui concerne l'utilité de l'information, et demeurent obstinément sceptiques quant à son efficacité comme facteur dans le processus de développement. La conviction nécessaire qui aurait pu faire fonctionner le NATIS n'a pas été manifestée par les échelons les plus élevés des services gouvernementaux par les personnes qui détiennent les cordons de la bourse. L'information n'a pas non plus été prise au sérieux au second niveau par les administrateurs et les professionnels.... En général, ils utilisent rarement l'information dans leurs opérations quotidiennes et plus important encore, ils poussent rarement leurs employés à fournir des services d'information à jour et de qualité. Même sur les documents de planification et de politique, ce n'est rien de plus qu'une déclaration de bonnes intentions qui n'est jamais suivie ou soutenue par une allocation de ressources....

Cela est suffisamment grave que les décideurs politiques africains ne soient pas enthousiastes pour rechercher l'information qui aurait pu améliorer la qualité de leurs décisions. Cependant, et cela est d'une grande importance pour cette communication le fait que la gestion moderne des ressources des bibliothèques nécessitent un engagement ferme de la part des autorités qui financent que les ressources financières nécessaires seront fournies promptement. Si pour quelque raison les fonds ne sont pas mis à la disposition des bibliothèques africaines, il sera alors extrêmement difficile d'implanter les technologies modernes de gestion de l'information dont nous avons déjà parlé. Mis à part le financement, quelques uns des problèmes de la gestion de l'information en Afrique sont :

 

Le faible état de l'infrastructure de l'information

Une gestion moderne de l'information nécessite une infrastructure de l'information assez bien développée notamment en matière d'électricité et de téléphone. Ces infrastructures de base déjà considérées comme acquis dans les pays développés sont malheureusement faiblement développées en Afrique. Mis à part l'Afrique du Sud et quelques pays de l'Afrique Australe comme le Botswana et la Namibie, la fourniture d'électricité est, dans la plupart des zones, irrégulière. Au Nigeria, par exemple, la fourniture d'électricité est si erratique que l'on croit généralement qu'il est normal qu'il y ait des délestages et anormal qu'il ait de l'électricité de manière ininterrompue pendant une heure. Nous ne parlons même pas des zones rurales qui, bien qu'elles abritent environs 80% de la population du pays, dans la majorité des cas, doivent encore à être pourvu en électricité.

La seule société d'électricité, La National Electric Power Authority (NEPA) a détruit l'espoir de plusieurs, non seulement dans le secteur industriel mais dans la gestion efficace des hôpitaux, des stades de sports, les bibliothèques et autres services qui ont besoin d'électricité pour faire fonctionner leurs machines et autres appareils électriques et électroniques. Dans une tentative pour sauver la face, le nouveau ministre de l'énergie et de l'acier, Chief Bola Ige, a publiquement demandé des excuses à tous les nigérians pour les "crimes" de la NEPA et a promis de changer la société dans les six mois. Environ huit mois après cette promesse, la situation s'est davantage détériorée, conduisant à des délestages généralisés sur tout le territoire national durant quelques jours.

Les rapports des participants à la Conférence sur la gestion et la mise en Réseaux des Associations Ouest - Africaines de Bibliothécaires tenue à Ibadan du 11 au 13 Octobre 1999 montrent que l'état peu fiable de la fourniture d'électricité dans les différents pays de la sous - région est l'un des obstacles les plus sérieux à l'automatisation et la mise en réseau des bibliothèques dans la région. Cette assertion a été confirmée par une récente étude de Nwalo qui couvre neuf (9) pays : le Maroc, le Ghana, le Sénégal, le Kenya, le Burkina Faso, la Cote d'Ivoire, la Sierra Leone, la République du Bénin et le Nigeria. Les résultats de l'étude montrent que dans une liste de dix (10) éléments qui constituent des obstacles à l'automatisation des bibliothèques, une fourniture irrégulière d'électricité et des équipements téléphoniques faibles occupent le sommet des trois principaux. Les autres problèmes recensés sont un financement inadéquat et l'indifférence des responsables gouvernementaux. Ainsi, la combinaison de la pénurie d'électricité et la faiblesse des services téléphoniques dans la plupart des pays africains constituent des entraves aux efforts pour introduire des techniques de gestion modernes dans les bibliothèques et les centres de documentation.

 

Problèmes de matériels et de logiciels

L'application de l'ordinateur aux diverses activités humaines en Afrique est relativement nouvelle. Ce facteur, couplé à la faiblesse des monnaies des pays africains sur le marché de change extérieur a rendu le matériel informatique et les logiciels inaccessibles à beaucoup de bibliothèques. Le problème est aggravé par le nombre très élevé d'intermédiaires qui interviennent dans le marché local des ordinateurs et qui tous tentent de maximiser leur profit. Les politiques gouvernementales, dans la plupart des cas favorisent le recours à des soumissions et des contrats dans la fourniture des équipements de bureau plutôt qu'un achat direct chez une grande société. Ainsi, les bibliothèques finissent par payer environ quatre fois ou plus que le prix normal des ordinateurs et des accessoires quand elles doivent acquérir un système. Pour les bibliothèques africaines qui généralement bénéficient d'un faible financement, le coût d'acquisition élevé du matériel et des logiciels informatiques peut être dissuasif pour beaucoup qui pensent à automatiser la gestion de leurs systèmes d'information.

 

Le manque de main d'œuvre technique

Les ingénieurs informaticiens et les techniciens restent peu nombreux par rapport à la demande. Le résultat est que le coût de la maintenance de l'automatisation des systèmes d'information devient prohibitif étant donné que les bibliothèques se disputent les services du personnel de quelques sociétés de maintenance disponibles dans leurs localités. Beaucoup de tentatives d'automatisation des bibliothèques dans les pays africains ont échoué du fait de problèmes de maintenance du système.

 

Défis pour les bibliothèques africaines

Malgré les innombrables problèmes que rencontrent les bibliothèques en Afrique dans l'application des techniques modernes de gestion de l'information, elles risquent d'avoir un choix très limité en ce 21e siècle. Comme les africains réclament le développement et que le monde entier a l'attention fixée sur la situation potentiellement dangereuse de l'Afrique, bien que celle-ci soit due à diverses raisons. Afin de satisfaire les aspirations légitimes des peuples à un développement socio-politique et économique rapide, les bibliothèques, en tant que moteur du développement sont confrontées à des défis sérieux. Ceux-ci incluent :

Le transfert de technologie : Les bibliothèques doivent être à l'avant garde du transfert de technologie des pays développés vers les économies en développement de l'Afrique. Pour satisfaire ces attentes, la bibliothèque africaine doit servir d'interface entre les chercheurs, les enseignants et les étudiants locaux et leurs homologues des autres parties du monde. La possibilité de se connecter à Internet, par exemple, est un des moyens les plus sûrs d'atteindre cet objectif. Tous les usagers d'Internet partagent un ensemble de services comme le courrier électronique, le protocole de transfert de fichiers, l'accès aux bases de données, etc.

Un accès libre aux bases de données du monde entier à travers Internet offre aux scientifiques et aux techniciens africains, une grande opportunité d'acquérir, de leurs collègues d'ailleurs, des connaissances. L'Internet peut aussi fournir aux scientifiques et aux techniciens africains l'opportunité de collaborer avec leurs homologues à travers le monde sur des projets de recherche.

Arunachalam (1999) attire l'attention sur le fait que, de plus en plus, la recherche est conduite par des équipes multinationales. D'après lui, il y a eu, ces dernières années, une augmentation énorme du nombre d'articles scientifiques sur des recherches résultant d'un collaboration internationale. Citant le Science and Engineering Indicators (1998) de la National Science Foundation, Arunachalam regrette que, alors que le nombre d'articles scientifiques écrits par des auteurs ayant collaboré sur le plan international a augmenté de 200% de 1998 à 1995, plus de 80% de ces articles écrits en collaboration ont enregistré la participation d'auteurs originaires des pays développés alors que seulement 1,8% ont vu la participation d'auteurs africains.

Pour que les chercheurs africains puissent être en mesure de collaborer de manière plus significative avec leurs homologues des autres parties du monde, ils ont besoin d'accéder à Internet spécialement à partir de leurs bibliothèques. On doit réitérer qu'une telle collaboration entre les chercheurs de l'Afrique et leurs homologues de l'Ouest et du Nord est hautement désirée parce qu'elle peut promouvoir le transfert la technologie.

Fourniture de services d'enseignement et de recherche : Les économies de la plupart des pays africains ont si sérieusement chuté qu'elles sont incapables de fournir des équipements de base pour l'enseignement et la recherche dans leurs institutions tertiaires et leurs instituts de recherches. Afin de fournir à leurs usagers un accès à ce qu'il y a de meilleur parmi les matériaux d'enseignement et de recherche disponibles dans le monde, à temps, et au meilleur coût, les bibliothèques africaines doivent automatiser leurs services et constituer des réseaux. La plupart des problèmes liés aux acquisitions et à la gestion des collections en général seront résolues par les bibliothèques africaines une fois qu'elles seront sur le Web.

En outre, la technologie du CD-ROM offre aux bibliothèques en Afrique une opportunité unique d'acquérir des matériaux d'information permettant de satisfaire leurs usagers. Ephraim (1991) et Ojo-Igbinobia (1993) ont loué les vertus du CD-ROM et ont souligné ses potentialités pour les chercheurs africains. Mis à part sa grande capacité de stockage, le CD-ROM fournit un accès à l'information contenue dans les grandes bases de données sans avoir besoin de connexion. Cela est très important si l'on considère le manque de services téléphoniques qui est l'un des obstacles majeurs à l'informatisation et à la mise en réseau des bibliothèques en Afrique.

Par ailleurs, Levy (1990) soutient que les compacts disques en texte intégral pourraient aussi s'avérer plus sécurisants que les exemplaires imprimés ; il est impossible de les mutiler en déchirant les pages pour les emporter à la maison. La mutilation et le vol des matériaux d'information sont connus comme étant un des problèmes les plus sérieux que rencontrent les bibliothèques partout à travers le monde (Obikoya, 1999 ; Bello, 1997 ; Olanlokun, 1999).

Soutien à l'abonnement aux revues : Comme l'édition devient de plus en plus électronique, beaucoup de revues primaires et de services secondaires que les bibliothécaires achetaient précédemment par voie d'abonnements normaux à des copies en papier pourront être disponibles uniquement à travers Internet. Arunachalam (1999) pense que certaines publications comme Current Contents Connect, SciFinder (Chemical Abstracts) et les index de citation multidisciplinaires comme Web of Science sont disponibles sur le World Wide Web, mais à des prix que la plupart des bibliothèques universitaires et de recherche ne peuvent se permettre de payer.

Le coût qu'induit pour les bibliothèques des pays en développement, y compris l'Afrique pour accéder aux journaux publiés sur l'Internet est très élevé. Cependant, cela est tout aussi un sujet de plus grande préoccupation pour toute bibliothèque qui n'est pas informatisée, car elle prive automatiquement ses usagers de l'accès aux grandes revues disponibles sur le World Wide Web. Cette évolution pose un grand défi aux bibliothèques africaines qui ont la lourde responsabilité de satisfaire les besoins des usagers spécialement pour la recherche et le développement.

Projection de l'image de l'Afrique dans le monde : L'Afrique est très riche sur le plan culturel et a d'énormes potentialités sur le plan touristique et sur le plan des investissements. Alors que la documentation et les archives sur l'héritage culturel africain et les potentialités d'investissement abondent sur le plan local, on doit faire maintenant suffisamment le marketing ces informations sur le plan international. Avec les opportunités offertes par la gestion moderne de l'information, les bibliothèques africaines ont de grandes chances de montrer au monde entier une image plus positive de l'Afrique et ainsi attirer les investisseurs étrangers et promouvoir le tourisme. Malgré tout, les abondants savoirs indigènes, les fruits des efforts de la recherche locale dans tous les domaines de la vie, y compris dans le domaine de l'agriculture, de la médecine, de la science et de la technologie foisonnent en Afrique. Ces documents sont dispersés sur les étagères des bibliothèques et dans des bureaux privés sous forme de littérature grise et sont largement inutilisés. De même que de tels matériaux peuvent être facilement intégrés dans les collections des bibliothèques en Afrique, de la même manière les connaissances indigènes pourraient être montrées au reste du monde à travers l'Internet. Pour que cela puisse se faire, les bibliothèques africaines doivent se lancer dans une acquisition agressive des publications africana, incluant la littérature grise, informatiser leur gestion de l'information et constituer des réseaux. De tels réseaux de bibliothèques en Afrique relanceront à coup sûr le développement grâce à la fourniture d'une information pour le développement fiable et appropriée à l'environnement africain.

Jusqu'à présent, la majeure partie des informations sur l'Afrique disponible sur les réseaux mondiaux d'information tendent à projeter seulement des tendances et les situations négatives sur l'Afrique et les africains. Il convient de noter que de telles tendances se retrouvent chez tous les peuples et toutes les nations. Alors que les bibliothèques africaines ne devraient pas simplement s'opposer à la diffusion d'une information négative sur l'Afrique, il y a un besoin impérieux de montrer au monde entier les côtés positifs de l'Afrique et les réalisations des africains qui sont souvent enterrées. Beaucoup d'exploits ont été réalisés par les africains dans des domaines variés de la vie mais ces derniers reçoivent à peine de la publicité par la presse occidentale. Par exemple, vers 1978, un certain Damian Anyanwu, un élève sortant juste du collège du Nigeria a réalisé un exploit en transmettant sur Radio Mbaise en utilisant simplement des herbes et des feuilles locales. Si l'Afrique ne sonne pas sa propre trompette pour chanter ses propres louages, jamais personne ne le fera à sa place. En fait sa trompette pourrait même lui être arrachée pour qu'il lui soit impossible de se faire entendre.

 

Perspectives pour une gestion moderne de l'information pour le développement en Afrique

Dans son allocution à la cérémonie d'ouverture de la Conférence Ouest Africaine sur la gestion des associations de bibliothécaires et la coopération tenue récemment à Ibadan sous le patronage de la section Afrique de l'IFLA, le directeur de la Bibliothèque nationale du Nigeria, Madame O. O. Omolayole se plaignait de l'incapacité des bibliothèques africaines à pouvoir disposer d'informations sur l'édition en Afrique sans passer par les catalogues publiés en Europe et en Amérique. Elle déclara en outre :

    Le thème de la conférence est très pertinent. Par la similitude de nos cultures et de nos problèmes en tant que pays en développement, nous avons besoin d'avoir des échanges plus étroits au moyen d'un partage d'informations mutuellement profitables. Nous sommes au fait des nouvelles technologies et des services qu'elles offrent au travail de bibliothèque. Il y a un besoin urgent pour nous de commencer à exploiter ces services autrement nous serons laissés derrière par le reste du monde. C'est un fait qu'elles coûtent cher mais négliger de tirer profit d'elles nous coûterait encore plus cher. Chacune de nos bibliothèques doit commencer à les utiliser pour construire graduellement ses collections, pour améliorer l'efficacité et l'efficience de leur traitement, de leur stockage, de leur dissémination et de leur préservation. En réalité, toute coopération significative dépendra de l'utilisation de ces facilités....

La contribution ci-dessus à la conférence tend à reprendre l'enthousiasme et la détermination exprimés par les participants qu'il est temps pour la bibliothéconomie et les bibliothèques en Afrique "d'aller toujours de l'avant et jamais en arrière". En effet, il y a de bonnes perspectives pour une gestion moderne de l'information dans les bibliothèques africaines au 21e siècle. Ces perspectives sont fondées sur quelques facteurs parmi lesquels :

  • La démocratisation en Afrique : la dictature militaire qui caractérisait la plupart des pays d'Afrique au siècle dernier a débouché sur un gaspillage des ressources nationales dans des activités et des projets qui n'avaient que des motivations personnelles. Excepté le coup de force en Cote d'Ivoire, on peut affirmer avec certitude que l'Afrique a laissé derrière elle l'expérience de la dictature militaire. Avec des gouvernements démocratiques dans la région, il y a plus de chances qu'une approche plus systématique et plus populaire du développement soit prise. Dans cette perspective, on aura besoin de beaucoup d'informations pour la planification et plusieurs bibliothèques recevront probablement une plus grande attention.

  • L'amélioration des économies des pays africains : avec une politique stable, une plus grande croissance de l'économie des pays africains est attendue pour le nouveau millénaire. Déjà il y a des indications solides qui montrent que les nations occidentales sont plus disposées à assister les jeunes démocraties dans une Afrique stabilisée grâce à des aides économiques cohérentes. Les USA, par exemple, ont annoncé récemment un plan cohérent d'assistance économique aux pays africains. Sur le plan intérieur, les gouvernements en Afrique sont plus que jamais déterminés à prendre des dispositions plus audacieuses pour la reconstruction économique. Une fois que les économies s'amélioreront, beaucoup de problèmes d'automatisation des bibliothèques comme le coût élevé d'acquisition des équipements et les financements inadéquats, tout étant égal par ailleurs, seront réduits à leur niveau minimum.

  • L'amélioration de l'infrastructure de l'information et de la communication : l'état déplorable de l'infrastructure de l'information et de la communication dans les pays d'Afrique est connu comme étant le principal goulot d'étranglement de la gestion moderne de l'information. Tandis que l'International Telephone Union (ITU), recommande un téléphone pour toutes les cent personnes, la densité du téléphone au Nigeria en 1996 été seulement aux environs de 0,66 ligne pour 100 habitants. Pour la même période, la densité japonaise était de 64 pour 100, celle des USA de 96 pour 100, celle de Taiwan de 40,5 pour 100 et celle du Brésil de 10 pour 100 personnes respectivement (Adeyinka, 1997). Selon un rapport de mars 1999 de l'Union Internationale des Télécommunications (ITU), la télédensité dans beaucoup de pays africains est de moins de 0,05 pour 100 habitants. Cette situation très inquiétante, cependant, devrait changer positivement dans un futur proche. La Commission Nigériane de la Communication, par exemple, a fait des progrès énormes pour libéraliser l'industrie des télécommunications dans le pays. Ainsi, plus de 35 entreprises ont été autorisées dans les différentes branches du secteur de la communication, dont 11 sont des services de fourniture d'Internet.

Par ailleurs, le gouvernement nigérian poursuit sérieusement un programme de libéralisation et de privatisation de son secteur des télécommunications et de celui de l'énergie. Pendant ce temps, le coût d'acquisition de la ligne téléphonique a été diminuée de manière drastique par le nouveau gouvernement de Obasanjo de 50 000 N (environ 500 Dollars) à 20 000N (environ 200 Dollars). Des comités techniques sur la commercialisation et la privatisation ont été déjà mis sur pied par le gouvernement pour les deux secteurs et c'est maintenant juste une question de temps pour que l'on puisse récolter les bénéfices de ces travaux. Beaucoup d'autres pays africains sont aussi connus pour avoir fait des progrès sérieux pour améliorer leur infrastructure de l'information et de la communication en tant que partie de l'effort global vers un développement national.

  • Le rajeunissement des associations nationales et régionales de bibliothécaires : il a déjà été fait mention dans cette communication a déjà fait référence à la Conférence Ouest Africaine sur la gestion et la coopération des associations de bibliothécaires tenue à Ibadan du 11 au 13 octobre 1999. Les contributions des différents participants à la conférence ont montré que beaucoup d'associations nationales de bibliothécaires de la sous-région ouest africaine ont cessé d'être actives pour une raison ou pour une autre. Cependant, à la fin de la conférence, tous les participants dont la plupart était des leaders de la profession de bibliothécaire dans leurs pays ont exprimé leur détermination à donner aux associations nationales de leurs pays une nouvelle jeunesse à leur retour. Des associations nationales de bibliothécaires fortes sont nécessaires pour promouvoir un haut degré de professionnalisme et pour agir comme groupe de pression sur les gouvernements actuels afin qu'ils soutiennent activement le développement des bibliothèques.

Un autre résultat majeur de cette conférence a été la reconstitution de la défunte Association Ouest Africaine des Bibliothécaires (WALA), avec comme Présidente intérimaire, le Professeur Christine Kisiedu du Ghana. Les missions de la WALA sont de fournir un leadership dans le développement de programmes et l'implantation de bibliothèques et de services d'information dans la sous région ouest africaine en particulier et dans le continent africain en général et de stimuler et renforcer les associations nationales de bibliothécaires dans les pays membres dans le but d'engendrer un accès pour tous à l'information avec comme objectif ultime le développement africain. Il est à souhaiter que WALA soit fidèle à l'énoncé de ses missions et que les associations de bibliothécaires des autres sous régions de l'Afrique soient également prêtes à s'entraider mutuellement pour une meilleure gestion de l'information dans leurs régions dés le tout début du 21e siècle.

  • Les progrès dans l'application des Technologies de l'Information (TI) en Afrique : bien que le rythme d'application des TI dans les bibliothèques en Afrique n'ait pas été encourageant, des efforts concertés sont entrain d'être faits partout en Afrique pour implanter la technologie. Un nombre significatif des plus grandes bibliothèques au Nigeria spécialement la Bibliothèque Nationale du Nigeria et plus de 30 bibliothèques académiques et spécialisées ont implanté les TI à des degrés divers. Beaucoup d'autres projettent d'automatiser leurs services dans un futur proche. Les bibliothèques informatisées sont :

    • La Bibliothèque de l'IITA d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque Kanneth Dike, de l'Université d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque du Nigerian Institute of economic and social research (NISER) d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque du Developement Policy Center d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque de l'IAR&T, Moore Plantation d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque de la Redemptorist Community ;
    • La Bibliothèque de l'IFRA de l'Université d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque du Bristish Council d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque du NCEMA d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque E. Latude Odeku Medical du University College Hospital d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque de la society Mission of Africa (SMA) d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque de Ladoke Ankintola University à Ogbomoso ;
    • La Bibliothèque de l'Université de Lagos ;
    • La Bibliothèque Nationale du Nigeria, Centre National de Documentation (NIDOC) à Abuja ;
    • La Bibliothèque du Nigerian Institute of International affairs (NIIA) de Lagos ;
    • La Bibliothèque du Federal Institute of Industrial Research à Oshodi (FIIRO) ;
    • La Bibliothèque de l'Institute of Chartered Accountants of Nigeria (ICAN) de Lagos ;
    • La Bibliothèque du Centre for Management Development (CMI) de Lagos ;
    • La Bibliothèque du Ikoyi Club de Lagos ;
    • La Bibliothèque du NUC à Abuja ;
    • La Bibliothèque de la CEDEAO à Abuja ;
    • La Bibliothèque du Raw Materials Research and Development Council (RMRDC) d'Abuja
    • La Bibliothèque du Nigerian Educational Research and Development Council d'Abuja ;
    • La Bibliothèque du British Council de Lagos ;
    • La Bibliothèque du United States Information Service (USIS) de Lagos ;
    • La Bibliothèque de la Dominican Community d'Ibadan ;
    • La Bibliothèque du Nigerian Institute for Fresh Water and Marine Research (NIOMR) de New Bussa ;
    • La Bibliothèque de la Federal University of Technology à Owerri (FUTO)
    • La Bibliothèque de l'Université Ahmadou Bello de Zaria ;

Le pourcentage d'automatisation des bibliothèques au Nigeria reste encore relativement faible, si l'on tient compte du fait que le pays compte plus de 1000 bibliothèques. Cependant, les succès enregistrés par le petit nombre de bibliothèques ayant automatisé leurs services pourrait motiver les autres à appliquer les TI dans un futur très proche.

Parmi les pays de l'Afrique australe, le Botswana apparaît comme étant le pionnier en matière d'automatisation des bibliothèques. Adeniran (1997) révèle que, parmi les neuf (9) bibliothèques académiques et de recherches auprès desquelles l'enquête a été menée, six (6) ont été informatisées alors que les autres pensaient vraiment le faire. Chisanga (1996) a étudié l'informatisation au sein des pays de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) de la Zone d'Échanges Préférentiel (PTA), de la région orientale et australe de l'Afrique soit environ 25 pays.
Un questionnaire a été envoyé à 25 bibliothèques universitaires que l'on pensait avoir implanté des systèmes automatisés dans 12 des pays. Les 20 questionnaires remplis et retournés, montrent que 18 bibliothèques ont informatisé tout ou partie de leurs fonctions. L'étude a montré la diffusion de l'usage de la technologie du CD-ROM et des différentes bases de données dans les bibliothèques. Un récente enquête menée par Nwalo montre que parmi les neuf (9) pays africains étudiés, tous ont des bibliothèques ayant implanté les TI. Une plus grande prise de conscience de tous les pays de la nécessité d'une application des TI à la gestion de l'information a été remarquée. Il n'y a aucun doute que le rythme sera plus soutenu au 21e siècle.

  • Le développement de la main d'œuvre : La pénurie de main d'œuvre nécessaire pour l'implantation de programmes axés sur les TI dans les bibliothèques en Afrique a été un grand problème. Plusieurs tentatives d'automatisation de bibliothèques ont échoué à cause du taux élevé de mobilité des analystes qui abandonnent les programmes d'informatisation à mi - parcours à la recherche de salaires plus juteux. Une des découvertes de Adeniran (1997) est que parmi les 18 bibliothèques qui ont informatisé leurs services, trois seulement (16,7%) ont, dans leurs établissements, des analystes qualifiés dans les systèmes de bibliothèques. Le reste utilise les services de consultants extérieurs pour leurs projets d'informatisation.

Conscients des problèmes de main d'œuvre, les bibliothèques, partout en Afrique, ont commencé à soumettre leurs personnels à des programmes de formation en informatique. Certaines ont aussi envoyé des personnels sélectionnés pour qu'ils suivent des formations spécialisées en gestion informatisée de l'information sur le plan local et à l'étranger. La bibliothèque Kenneth Dike de l'Université d'Ibadan a eu à envoyer deux de ses agents clefs chargés de l'automatisation en Grande Bretagne pour une formation très coûteuse.

Une autre évolution positive est que les écoles de bibliothéconomie en Afrique relève le défi en révisant leurs programmes pour domicilier solidement la formation et l'éducation pratique en TI. Le Département de Bibliothéconomie, d'Archivistique et de Sciences de l'Information de l'Université d'Ibadan, par exemple, a récemment acquis huit (8) ordinateurs pour les besoins de l'enseignement et de la pratique des assistants et des étudiants. Des efforts sont aussi faits pour acquérir plus pour satisfaire convenablement la population des étudiants avancés. Les programmes aussi bien du premier et du second cycle que de ceux du troisième cycle ont été aussi révisés pour intégrer massivement l'orientation des TI. En conséquence, la conférence Nationale des Enseignants en Bibliothéconomie et en Sciences de l'information du Nigeria (NALISE) tenue à l'Université d'Ibadan du 4 au 7 Août 1999 a pris une résolution stipulant que les écoles de bibliothéconomie doivent enseigner fortement les TI à leurs étudiants et fournir des services pour les travaux pratiques en informatique. Une fois que ce type de résolution sera appliqué largement par les écoles de bibliothéconomie en Afrique, le problème du manque de main d'œuvre dans les programmes d'automatisation des bibliothèques sera en grande partie résolu.

  • · Le développement des réseaux d'information en Afrique : Sanni (1999) présente un certain nombre d'efforts de constitution de réseaux en Afrique. Parmi ceux-ci on note :

    • PADISNET (Réseau Pan Africain des Centres de Documentation) - Ce projet vise à interconnecter des centres qui font de la recherche sur la planification du développement sur certains pays africains en un réseau d'échanges d'informations et de données ;

    • WEDNET - Un projet visant à relier les chercheurs travaillant sur les projets de femmes sur la gestion des ressources nationales au Sénégal, au Ghana, au Burkina Faso, au Nigeria, au Soudan, au Kenya, au Zimbabwe et au Canada ;

    • CABECA - (Développement des Capacités en Communication Électronique en Afrique) - Ce projet vise à promouvoir les réseaux informatiques en Afrique. Il est sponsorisé par le Système Pan Africain d'Informations pour le Développement (PADIS) de la Communauté Économique des Nations unis pour l'Afrique (UNECA). Le projet CABECA est financé par le CRDI, du Canada pour réaliser des connexions électroniques à bas coûts dans quelques pays africains. Il a déjà établi des nœuds dans certaines parties de la région.

    • RINAF (Réseau Régional d'Informations pour l'Afrique) - Ce projet a été conçu par le Programme Intergouvernemental d'Information (IPP) de l'UNESCO, financé par le Gouvernement Italien avec une contribution de la République de Corée. Le projet vise à doter quelques pays africains de services de base pour l'Internet. Le RINAF a des centres de points focaux au Nigeria, en Algérie, au Sénégal, au Kenya et en Zambie.

    • OAUNet (Le Réseau de l'Université Obafemi Awolowo) - C'est un projet de recherche conjoint entre l'Université Obafemi Awolowo de Ile Ife et le Centre International de Physique théorique Abdus Salaam - Projet OUA/ICTP. Il est destiné à briser l'isolement dont souffrent les chercheurs de la sous - région en les intégrant dans un réseau avec leurs homologues des autres parties du globe et à créer un lien entre les chercheurs eux-mêmes.

Une initiative très louable en matière de mise en réseau et de coopération en Afrique, l'Université Virtuelle Africaine a été discutée par Aguti (1999). L'Université Virtuelle Africaine offre un réseau de formation à distance en Afrique. Les pays participants en Afrique sont : la République du Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, l'Éthiopie, le Ghana, la Mauritanie, la Namibie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et le Zimbabwe.

Abritée par l'Université Kenyatta du Kenya et l'Université Makerere de l'Ouganda, l'UVA offre aux étudiants, aux enseignants et professionnels de l'enseignement à distance, un réseau d'éducation à distance utilisant le satellite. Ainsi l'UVA, les différents pays africains, et les centres d'enseignement à distance ont accès aux ressources éducationnelles et intellectuelles en ligne et partagent l'information multimédia. Le réseau est un projet assisté par la Banque Mondiale, offrant des potentialités pour la promotion d'une acquisition, d'une organisation et d'une diffusion en coopération de l'information dans toute la région africaine pour un développement éducationnel et socio-économique rapide.

Il y a certainement beaucoup d'autres réseaux à travers l'Afrique qui n'ont pas été listés ici. Si l'ont considère les réseaux d'informations existant déjà en Afrique, il n'y a aucun doute que les possibilités de mise en réseaux des bibliothèques africaines seront considérablement améliorées au 21e siècle. Une fois que les bibliothèques pourront mettre en ordre leurs fonds et établir des réseaux locaux, ces derniers pourront sous des dispositions appropriées être interconnectés avec les réseaux déjà existants. Un critique majeur que l'on fait aux réseaux d'information en Afrique est qu'ils ont été initiés et financés entièrement par des organismes étrangers à l'Afrique. En conséquence chaque fois que ces organismes parrains retirent leur soutien les systèmes mis sur pied ont dans la plupart des cas de fortes chances d'échouer. Pour plus de viabilité, il est important pour les pays africains de prendre l'initiative dans la mise sur pied des réseaux d'informations et qu'ils s'engagent à les financer, au moins conjointement avec les agences donatrices et les États. C'est alors seulement que les réseaux, quelque soit l'endroit où ils sont établis, pourront servir au mieux l'intérêt de l'Afrique en terme de priorité et de viabilité.

 

Conclusion

L'information pour le développement d'une nation quelle qu'elle soit peut être une information locale ou internationale. Pour que les pays africains puissent exploiter l'information contenue dans les sources locales et étrangères, l'application des techniques modernes de gestion de l'information constitue une condition sine qua non. La profession de bibliothécaire en Afrique ne manque de connaissances sur les meilleurs voies et moyens pour gérer l'information pour le développement. Ils ont été confrontés à un climat très défavorable à l'acquisition et à la gestion de l'information, un climat qui doit être amélioré pour ouvrir la voie au progrès dans le nouveau Millenium.

L'Afrique a beaucoup à offrir au reste du monde de la même manière que le reste du monde a beaucoup à offrir à l'Afrique. On espère donc que les gouvernements occidentaux et les agences et institutions de développement internationales fassent plus pour développer l'infrastructure et les institutions d'informations, particulièrement en Afrique au 21e siècle. Il est intéressant de noter que les Nations Unies sont fortement préoccupées par la disparité entre pays développés et pays en développement dans l'accès aux services essentiels d'information et de communication. Dans une résolution de 1997, le Comité de Coordination Administrative des Nations Unies s'inquiétait que le fossé en matière de technologie de l'information et autres inégalités en découlant entre les pays industrialisés et les nations en développement se creuse davantage de plus en plus et qu'une nouvelle forme de pauvreté, la pauvreté en information apparaissait. La résolution exhortait alors les organisations du système des Nations Unies à assister les pays en développement dans le redressement la tendance alarmante actuelle. On espère que la résolution des Nations Unies sera mise en œuvre par une action positive pour que les pays africains puissent devenir des participants actifs au nouvel ordre mondial de l'information. Étant donné que les questions de développement, spécialement ceux touchant à la science et à la technologie sont internationales, les pays africains ont besoin d'accéder et d'utiliser l'information pour le développement, quel que soit le format, quelle qu'en soit la source. Le défi pour qu'ils puissent le faire est plus lancé aux bibliothèques en Afrique et bien sûr aux organismes qui les soutiennent, il est aussi lancé aux gouvernements et aux partenaires en dehors de l'Afrique.

 

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Translated by Mr. Bernard DIONE, Librarian at the IFLA Regional Office in Dakar.

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Latest Revision: July 04, 2000 Copyright © 1995-2000
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